Synthèse de la presse quotidienne
29 novembre 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- Le possible piratage du réseau de la Deutsche Telekom, dont près d’un million de clients ont été privés d’accès internet, téléphone et télévision dimanche et lundi fait les gros titres de la Süddeutsche Zeitung (« attaque cyber sur la Deutsche Telekom »), de Bild et du Tagesspiegel (« attaque de hackers sur Deutsche Telekom »). La Frankfurter Allgemeine Zeitung s’intéresse à la vie politique française (« après le triomphe de Fillon, conflit parmi les socialistes français »). Die Welt regrette « un horrible comeback » de la construction des murs à travers le monde. Le quotidien des affaires Handelsblatt dévoile « l’agenda de la chancelière » pour le G20.
- Allemagne
« Attaque cyber sur la Deutsche Telekom » (Süddeutsche Zeitung)
Les journaux font largement état des pannes et perturbations qui ont affecté depuis dimanche après-midi les services de Deutsche Telekom, privant quelque 900 000 clients d’accès à internet, mais aussi de téléphone ou de télévision en ligne. La presse reprend les déclarations d’un porte-parole de Deutsche Telekom, qui a évoqué la piste d’une attaque cyber, via un logiciel malveillant, et note que ce scénario est également privilégié par l’office fédéral en charge de la sécurité en matière de techniques de l’information. « Les services de sécurité soupçonnent des hackers russes liés au renseignement russe », précise le Tagesspiegel indiquant que le logiciel malveillant Mirai incriminé et qui avait déjà été mis en cause en 2015 lors de l’attaque qui avait pris pour cible le Bundestag, a été développé par le groupe de hackers russes Sofacy. « Il est tout à fait possible que des hackers qui ont l’intention de viser le sommet du G20 qui se tiendra l’été prochain à Hambourg, commencent à s’entraîner », aurait déclaré un responsable des services de sécurité.
Dans un entretien à la Süddeutsche Zeitung, le président des services allemands de renseignement estime lui aussi probable la piste russe et déclare disposer d’indices selon lesquels des attaques cyber sont menées dans le seul but de déstabilisation politique, les auteurs des faits ayant « intérêt à délégitimer le processus démocratique en tant que tel ». Selon lui, l’Europe est directement visés par de telles tentatives, notamment l’Allemagne où des élections ont lieu l’an prochain.
- International
« Massacre d’Alep/Merkel : ‘une véritable tragédie’ » (Bild)
Sous ce titre, le tabloïd Bild reprend la réaction de la chancelière suite au recul de la rébellion syrienne face à l’offensive de l’armée de Bachar el-Assad et cite également la mise en garde du chef de la conférence pour la sécurité à Munich, Wolfgang Ischinger, contre le fait de miser sur les troupes du président syrien dans la lutte contre Daech. « Notre objectif doit être avant tout de protéger la population civile par tous les moyens », a-t-il fait valoir. La FAZ signale de son côté que des responsables de politique étrangère de la CDU et des Verts reprochent au gouvernement fédéral de demeurer inactif face aux souffrances endurées par la population syrienne et évoque un courrier en ce sens rédigé conjointement par Norbert Röttgen (CDU), président de la commission des affaires étrangères du Bundestag, et la députée des Verts Franziska Brantner, présidente de la sous-commission pour la prévention des crises. Accusant non seulement Bachar el-Assad, mais aussi la Russie, ils se prononcent en faveur de sanctions européennes visant « au moins les responsables russes de tels crimes » et réclament la création d’un pont aérien pour Alep.
De plus en plus d’Allemands favorables à davantage d’engagement de leur pays sur la scène internationale
La Süddeutsche Zeitung publie les conclusions d’une enquête réalisée par TNS Infratest auprès d’un millier d’Allemands pour le compte de la fondation Körber. Interrogés sur leur vision de l’Europe et de la politique étrangère allemande, les sondés sont de moins en moins nombreux à considérer que sur la scène internationale l’Allemagne doit « se cantonner à la neutralité sur le modèle suisse ». Ils sont désormais 41% à penser que l’Allemagne n’a d’autre choix que de s’engager davantage (contre 34% en janvier 2015). Si 53% des personnes interrogées continuent de penser que l’Allemagne devrait plutôt faire preuve de réserve, cette majorité est en recul (62% en janvier 2015). L’étude montre également que depuis l’élection de Donald Trump, les priorités ont changé. Si avant la présidentielle américaine, les Allemands désignaient la résolution de la crise migratoire comme la première des priorités, désormais ils considèrent que les relations avec le nouveau président américain sont le plus grand enjeu, la crise des réfugiés intervenant en deuxième position, juste devant la relation avec la Turquie. Alors qu’en octobre, la guerre civile en Syrie et les relations avec la Russie intervenaient en 2ème et 3ème position, la Russie recule à présent d’une place et seul un Allemand sur 10 considère que la résolution du conflit en Syrie revêt une priorité. L’élection de Donald Trump a également pour effet que de plus en plus d’Allemands considèrent que leur pays doit renforcer son leadership en Europe, même si une majorité estime que le poids accru de l’Allemagne qui résulte du Brexit s’accompagne aussi d’un déséquilibre au sein de l’UE. Quasi uni sono les Allemands engagent les 27 à coopérer plus étroitement, quatre cinquièmes se prononcent en faveur d’un rôle accru de l’UE sur la scène internationale et une bonne moitié appelle de ses vœux la constitution d’une armée européenne.
« G20 : l’agenda de la chancelière » (Handelsblatt)
Alors que l’Allemagne prend jeudi 1er décembre la présidence du G20, les priorités de la présidence allemande seront présentées demain en conseil des ministres par le chef de la chancellerie fédérale, Peter Altmaier, avant que le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, et le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, ne recoivent en fin de journée les délégations des pays du G20 pour une table-ronde de lancement, rapportent le Handelsblatt et le Tagesspiegel. Le Handelsblatt détaille les principaux points de la communication de la chancellerie fédérale dont il indique avoir d’ores et déjà connaissance. La chancelière entend ainsi souligner que « la nécessité d’une coopération internationale n’a jamais été aussi grande » face aux doutes des citoyens sur les bienfaits de la mondialisation et du libre-échange, rapporte le journal. En matière économique, l’accent sera mis sur « l’importance non seulement de la croissance, mais de la nature et de la qualité de cette croissance » ainsi que sur la nécessité de « mettre en œuvre des réformes structurelles » afin de « renforcer la résistance des économies nationales » – une priorité qui pourrait se heurter aux scepticismes des partenaires européens, note le Handelsblatt, pour qui la plupart des pays du G20 préconisent plutôt des programmes de relance conjoncturelle. Sous la présidence allemande, le G20 doit également se pencher sur les conséquences économiques des mouvements migratoires et sur l’aide à l’Afrique. « La question est de savoir si Donald Trump jouera le jeu », commente le quotidien des affaires.
- France
« Le Thatcher français va-t-il sauver l’Europe de Le Pen ? » (Bild)
Les médias conservateurs font grand cas, encore aujourd’hui, de la victoire de François Fillon à la primaire des Républicains, tout particulièrement la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui y consacre pas moins de deux articles et deux éditoriaux chantant les louanges du « conservateur révolutionnaire » et de « l’homme des vérités dérangeantes ». A l’instar de Die Welt, le tabloïd Bild juge qu’il représente, face à la menace de Marine Le Pen de faire sortir la France de la zone euro, « l’homme dans lequel l’Allemagne place ses espoirs » pour sauver l’Europe. Le Handelsblatt relève, certes, qu’un président Fillon « ne serait pas un partenaire facile pour la zone euro car il n’a que faire des préceptes de rigueur du pacte de stabilité et veut augmenter encore le déficit public en 2017 », mais n’espère pas moins que ses ambitions de réforme permettraient de renforcer la compétitivité de l’économie française sur le plan international, « ce qui profiterait à la zone euro dans son ensemble ». Les quotidiens de centre-gauche s’inquiètent davantage de la cure d’austérité sociale prévue au programme de F. Fillon. La Berliner Zeitung fait également une analyse très réservée de ses positions sur les questions européennes (Europe des nations) et internationales (Russie et Syrie), matière à conflit avec Berlin. « Le fait qu’il veuille renforcer les relations bilatérales et jure par le tandem franco-allemand n’y change rien : si Fillon devenait président, on peut prédire des tensions dans la relation franco-allemande », conclut la Berliner Zeitung./.