Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

8 décembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. L’adoption par le congrès de la CDU d’une résolution prévoyant la suppression de la double nationalité, contre l’avis d’une chancelière tout juste réélue présidente du parti, fait les gros titres de la presse : « le SPD critique la résolution de la CDU contre la double nationalité » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « la CDU berne Mme Merkel » (Süddeutsche Zeitung) ; « CDU contre Merkel – Merkel contre CDU » (Die Welt et Der Tagesspiegel). Le quotidien des affaires Handelsblatt consacre sa Une à la bonne situation du marché des actions en Allemagne « le Dax sans peur ».
  2. Allemagne

Congrès fédéral de la CDU : « la CDU prend-elle un virage à droite, Mme Merkel ? » (Die Welt)

Tous les quotidiens font état de la surprise créée hier par l’adoption au dernier jour du congrès d’une motion soutenue par les jeunes de la CDU portant sur l’abandon de la double nationalité. En dépit de l’opposition de la chancelière et de plusieurs ténors du parti, dont le secrétaire général, Peter Tauber, et le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, cette motion a été approuvée par 51,5 % des délégués, relève la Süddeutsche Zeitung qui y voit un « désaveu » de Mme Merkel par son parti. La presse fait état des vives critiques exprimées par le SPD et les Verts, mais aussi, dans une moindre mesure, par le FDP et les organisations représentatives de la communauté turque d’Allemagne.

Dans leurs réactions éditoriales, les journaux estiment que ce vote est une manifestation supplémentaire de l’effritement du pouvoir de Mme Merkel, le parti ayant cherché à « se venger de sa politique migratoire » (Süddeutsche Zeitung). Après l’avoir empêchée de franchir la barre symbolique des 90% pour sa réélection à la tête de la CDU, les délégués lui auraient fait subir un nouveau camouflet, signe du « désamour rampant » qui vise, selon le quotidien de Munich, sinon à son « démontage », du moins à son « affaiblissement ». Sur le fond, le journal estime aussi qu’à une chancelière qui prône l’ouverture, le parti oppose une volonté d’« isolement ». Comparant la CDU à un cheval de rodéo que la chancelière n’arriverait plus à dompter, Die Welt considère que par ce vote le parti a affirmé sa volonté d’un retour à ses fondamentaux conservateurs. Ce décalage entre Mme Merkel et la base du parti n’est pas sans inquiéter le quotidien pour qui ce « dialogue de sourds » risque d’être une caractéristique de la campagne que s’apprête à mener le parti pour 2017. « Le fan club de la chancelière se fissure », observe également la FAZ pour qui, de toute évidence, les quelques inflexions consenties par la chancelière à l’aile droite du parti (durcissement de la politique d’asile et interdiction du voile intégral) ont été jugées insuffisantes par les délégués. Critique par rapport à une disposition qui ramène la CDU des années en arrière, le Tagesspiegel juge que les conservateurs « viennent de se rendre un bien mauvais service » car une telle position sur la double nationalité a de quoi faire fuir tous les partenaires potentiels de coalition à la seule exception de l’AfD avec laquelle la CDU exclut toute coopération. Un point de vue partagé par la tageszeitung.

  1. Europe

« Dieselgate : l’UE lance des poursuite contre l’Allemagne » (FAZ)

Selon une information de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la commissaire en charge du marché intérieur devrait déclencher aujourd’hui une procédure de poursuites contre sept Etats membres, au premier plan desquels l’Allemagne, auxquels il est reproché de n’avoir intenté aucune action contre leurs constructeurs automobiles nationaux impliqués dans le scandale de fraude aux émissions de CO2, notamment Volkswagen. Le constructeur allemand est également mis en cause dans une étude de la fédération des automobilistes allemands ADAC qui prouverait que Volkswagen triche également sur la consommation de carburant de ses véhicules diesel, rapporte le tabloïd Bild.

« Malgré les attaques verbales, la Turquie mise à fond sur l’Europe » (FAZ)

La Frankfurter Allgemeine Zeitung publie un compte rendu d’entretien du vice-premier ministre turc Mehmet Şimşek, également ministre de l’Economie et des Finances, avec des journalistes internationaux à Istanbul. Il souligne à nouveau l’importance pour la Turquie du rapprochement avec l’Union européenne, qu’il juge indispensable à la modernisation économique et politique du pays. « La Turquie a besoin de l’Europe comme référence et comme ancrage, quel que soit le vacarme actuel. L’UE est pour nous la meilleure opportunité pour renforcer l’Etat de droit, la démocratie, les libertés fondamentales, accroître la prospérité et améliorer la qualité de nos institutions », insiste-t-il. Au sein du gouvernement Erdogan, Mehmet Şimşek semble actuellement être chargé de ne pas laisser se rompre le dialogue avec l’UE, observe la FAZ.

  1. International

Conseil ministériel de l’OSCE à Hambourg : « un sommet sans consensus » (tageszeitung)

Alors que se tient aujourd’hui et demain la dernière réunion des ministres des affaires étrangères de l’OSCE sous présidence allemande, le bilan s’avère décevant et peu d’avancées ont été réalisées, considère le quotidien alternatif tageszeitung. De source diplomatique allemande, les médias audiovisuels notent ce matin qu’aucune décision notable sur l’Ukraine, la lutte contre le terrorisme ou encore la prévention des conflits n’est attendue, l’OSCE fonctionnant sur le principe du consensus alors que ses Etats membres sont profondément divisés sur les principaux théâtres de conflit.

Sur le dossier ukrainien, la FAZ indique par ailleurs que l’Union européenne devrait la semaine prochaine prolonger de six mois les sanctions économiques prises en 2014 contre la Russie, citant des déclarations en ce sens du ministre allemand des affaires étrangères et du secrétaire général de l’Otan à l’issue d’une réunion ministérielle de l’Otan mardi à Bruxelles.

« Six partenaires de l’OTAN veulent punir les crimes de guerre en Syrie » (Bild)

Le tabloïd Bild et la FAZ font état en Une de la déclaration commune relative à la situation à Alep adoptée par la France, l’Allemagne, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada et l’Italie appelant le secrétaire général de l’ONU à prendre position en faveur d’une punition des auteurs de crimes de guerre en Syrie et menaçant Damas et ses alliés russe et iranien de sanctions.

Pour la Süddeutsche Zeitung, l’Occident enfin « se dévoile » en « exprimant clairement ce qu’il s’est jusqu’ici refusé à dire, à savoir qu’en dépit de leurs assertions, la Russie et l’Iran ne sont pas intéressés à une solution politique du conflit ». Saluant ce « réveil tardif », le Tagesspiegel se félicite qu’enfin les démocraties occidentales sortent de leur « léthargie » face aux présidents Assad et Poutine qui cherchent à « prouver au monde entier que la solution militaire fonctionne ». Le journal note que cette prise de position intervient au moment où la chancelière s’est elle-même interrogée, lors de son intervention devant son parti réuni en congrès, sur le fait que le TTIP faisait descendre des centaines de milliers de manifestants dans la rue, mais que personne ne manifestait contre la guerre en Syrie. Estimant elle aussi qu’il était « plus que temps » que l’Occident réagisse, la FAZ écrit qu’il « ne reste plus qu’à espérer que par égard pour la Russie, le futur président américain ne vienne pas contrecarrer ce plan »./.