Aujourd’hui en Allemagne

 

Synthèse de la presse quotidienne

14 décembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. La situation à Alep fait les gros titres de la presse : « les troupes d’Assad ont presque totalement repris Alep » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « les troupes d’Assad reprennent Alep » (Süddeutsche Zeitung) ; « bataille jusqu’au dernier coin de l’enfer à Alep » (Die Welt) ; « d’après l’ONU, les troupes d’Assad massacrent des civils » (Der Tagesspiegel). Le quotidien des affaires Handelsblatt s’inquiète pour sa part de voir « les grands groupes industriels dans l’ivresse de l’endettement », à la faveur des taux d’intérêt à 0%.
  2. France-Allemagne

2ème conférence numérique franco-allemande

« Pour la deuxième conférence numérique franco-allemande, la rencontre s’est effectuée au plus haut niveau politique des deux pays et à présent les mots doivent être suivis d’actes », met en exergue la Frankfurter Allgemeine Zeitung dans son compte rendu de la rencontre hier au ministère allemand de l’économie. « De sujet marginal réservé à des groupes d’initiés, le numérique est devenu un sujet glamour qui s’est invité sur la scène internationale », écrit le quotidien qui en veut pour preuve la participation non seulement des ministres en charge du dossier, mais également du président de la République et de la chancelière. « Aucun des participants n’a eu peur des grands mots », poursuit le journal qui cite Sigmar Gabriel selon qui en matière de numérique, l’Europe « ne doit pas se contenter de la deuxième place », avant de mettre en garde contre le fait que le « dogmatisme en matière d’endettement vienne contrecarrer les besoins en investissement dans les infrastructures numériques ». « M. Sapin lui aussi a appelé à voir les choses en grand et a plaidé en faveur d’un fonds d’un milliard d’euros pour financer les start-ups européennes », poursuit le quotidien. Retenant des discours de la chancelière et du président de la République que la France et l’Allemagne doivent être « le moteur du développement numérique », la FAZ relève également qu’une certaine « inquiétude » s’est fait jour, notamment dans le propos d’Angela Merkel qui a évoqué la nécessité que tout le monde trouve sa place dans l’ère numérique et s’est interrogée sur les moyens d’y parvenir.

Dans un second article intitulé « Berlin et Paris favorables au prolongement des sanctions », la FAZ rend compte de la déclaration conjointe du président de la République et de la chancelière en amont de la conférence numérique. Le journal relève que Mme Merkel et M. Hollande ont justifié cette nécessité par le fait que, sur la crise ukrainienne, on fait face aux mêmes blocages et à l’absence de progrès dans l’application des accords de Minsk. Relevant lui aussi cette position commune franco-allemande, le Tagesspiegel évoque par ailleurs les propos de la chancelière sur le fait qu’en matière migratoire, « l’UE se trouve toujours dans une situation fragile » et que Mme Merkel a « appelé la Grèce à accélérer le retour en Turquie des réfugiés en situation irrégulière, tel que le prévoit l’accord entre l’UE et la Turquie ». « Ni Merkel ni Hollande n’ont évoqué la situation financière de la Grèce », note le quotidien de Berlin qui signale que la veille de son déplacement à Berlin, « le président de la République avait reçu son homologue grec à l’Elysée et plaidé en faveur d’une réduction du poids de la dette ». Si la crise grecque ne figure pas à l’ordre du jour du Conseil européen qui démarre demain, elle pourrait fournir matière à discussion entre Paris et Berlin pour les mois qui viennent », fait valoir le journal qui conclut sur le fait que la chancelière reçoit ce vendredi Alexis Tsipras à Berlin.

La Berliner Zeitung met de son côté l’accent sur les propos de la chancelière et du président de la République sur la situation à Alep et souligne que la France et l’Allemagne sont à la recherche de moyens pour atténuer les souffrances de la population et lui acheminer de l’aide. Le journal fait valoir que les deux dirigeants ont insisté sur le fait que le Conseil européen va devoir envoyer un signal clair en ce sens, le président de la République ayant avancé la nécessité de « couloirs humanitaires » (Berliner Zeitung) et employé le terme d’« ultimatum humanitaire » (Süddeutsche Zeitung).

  1. Europe

« L’UE freine les pourparlers avec la Turquie » (Süddeutsche Zeitung)

Très attentifs à l’évolution des relations entre l’UE et la Turquie, les quotidiens allemands font tous état de « l’avertissement envoyé par l’UE à Erdogan » (Handelsblatt) sous forme d’une déclaration de la présidence slovaque du conseil Affaires étrangères indiquant que dans le contexte actuel, aucun nouveau chapitre des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE ne peut être ouvert. Une décision en ce sens des Vingt-Huit a été bloquée par l’Autriche, qui exige un gel des négociations, alors que la plupart des ministres européens et des commissaires européens plaidaient pour un maintien du dialogue avec Ankara, souligne l’ensemble des journaux. Pour la Süddeutsche Zeitung, le chef de la diplomatie autrichienne a raison sur le principe de rappeler que l’adhésion de nouveaux Etats membres est directement liée au respect des valeurs européennes et donc de la démocratie, ce qu’oublient ses homologues uniquement soucieux des conséquences géopolitiques d’une rupture avec la Turquie. Sans illusion, le quotidien estime toutefois qu’il ne s’agit que d’une posture pour Sebastian Kurz, soucieux de se forger une réputation d’intransigeance pour des motifs de politique intérieure autrichienne.

« La Russie propose à Bruxelles une intense coopération » (Die Welt)

Sous ce titre, le quotidien conservateur rend compte d’un entretien avec l’ambassadeur russe auprès de l’Union européenne, Vladimir Chizhov, dans lequel celui-ci propose une série de coopérations bilatérales, notamment en matière de politique de sécurité, à la condition que les Européens ne prolongent pas les sanctions contre la Russie lors du Conseil européen des jours prochains. Soulignant que la Russie voit d’un bon œil la volonté des Etats membres de l’UE de renforcer leur coopération en matière de défense, Vladimir Chizhov déclare pouvoir « tout à fait imaginer que l’armée russe participe à des opérations de l’UE comme d’autres pays tiers le font ». Indiquant que l’UE et la Russie avaient déjà coopéré étroitement en Somalie, au Tchad et dans les Balkans, il ajoute que Moscou « serait prêt à poser les bases juridiques d’une telle coopération dans le cadre d’un accord bilatéral ».

  1. International

« Les troupes d’Assad reprennent Alep » (Süddeutsche Zeitung

L’ensemble de la presse décrit dans la chute d’Alep un échec de la communauté internationale et des principes qui ont gouverné le monde depuis 1945. La Süddeutsche Zeitung et la FAZ s’accordent à considérer que la chute d’Alep aux mains des troupes de Bachar al-Assad ne va pas pour autant signifier la fin de la guerre en Syrie, même si elle constitue un « tournant décisif » (FAZ).  « Après l’expulsion des rebelles de toutes les grandes villes du pays, c’est à présent le combat contre Daech qui va figurer au centre du jeu et même si le président Trump entend apporter son aide à la Russie, il ne faut pas s’attendre à une victoire rapide contre Daech », écrit le quotidien de Francfort pour qui « la guerre en Syrie va se poursuivre, à plus faible intensité ». La Süddeutsche Zeitung se pose la question de savoir ce que les Russes et les Iraniens vont réclamer en échange de leur soutien à Bachar al-Assad. « S’ils vont exiger un droit de regard sur ce qui se passe en Syrie et dans sa région, assiste-t-on pour autant à l’émergence d’un nouvel ordre régional pour un Proche-Orient ébranlé dans ses fondements depuis 2011 ? », s’interroge le quotidien de Munich qui se demande si Moscou est appelé à devenir le « nouveau shérif au Proche-Orient ». De l’avis du journal, « la réponse est plutôt non car la Russie ne possède ni la puissance économique des Etats-Unis, ni son rayonnement » et même un Vladimir Poutine est suffisamment réaliste pour savoir que son mode de gouvernement ne fascine que les despotes, sans compter qu’il aspire certes à gagner de l’influence au Proche-Orient, mais sans vouloir endosser les responsabilités qui vont avec ». Cette dernière idée est également partagée par le Tagesspiegel pour qui « Assad ne constitue pour Poutine qu’un moyen pour arriver à ses fins, à savoir la possibilité d’étendre son influence et de rivaliser avec les Etats-Unis ». Egalement pessimiste sur l’avenir de la Syrie, le journal estime que c’est une situation de « guérilla qui menace le pays avec son lot de terrorisme quotidien, y compris au-delà des frontières du pays ».

« Un ami de Poutine nommé ministre des affaires étrangères par Trump » (Bild) – « le nouveau ministres des Affaires étrangères de Poutine » (Die Welt)

La nomination du patron du géant pétrolier ExxonMobil comme futur chef de la diplomatie américaine consterne la presse allemande, qui souligne, à l’instar de la Berliner Zeitung, « le danger d’un copinage » entre Rex Tillerson et Vladimir Poutine, une proximité largement illustrée par des photos prises lors de la décoration du premier par le second à Moscou en 2013. Cette nomination confirme « le faible de Trump pour Moscou » et la perspective d’une nouvelle politique russe à Washington, craint Die Welt pour qui l’UE doit être vigilante à ce que « les mamours de Trump avec Moscou ne portent pas préjudice aux intérêts européens ». « Il faut empêcher que Trump ne scelle une paix séparée avec Poutine et ne revienne à une politique des sphères d’influence en dégradant l’Europe de l’Est au rang d’arrière-cour de la Russie », insiste Die Welt. « Les Etats-unis alliés à la Russie contre la Chine, et l’Europe quelque part au milieu, est-ce à cela qu’il faut s’attendre sous Trump ? », s’interroge également la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Dans Die Welt, Vladimir Chizhov (cf ci-dessus) déclare à ce propos que « si Washington abandonne les mesures prises unilatéralement contre la Russie, j’attends des Européens qu’ils suivent cet exemple »./.