Le niveau des diplômes a baissé, selon l’Insee

À âge et niveau d’études égaux, les générations les plus anciennes obtiennent les meilleures performances.

ÉDUCATION Le niveau des diplômes baisse… vraiment. C’est ce que prouvent Fabrice Murat et Thierry Rocher, statisticiens au ministère de l’Éducation nationale, dans leur étude sur « L’évolution des compétences des adultes » publiée par la revue Économie et Statistique. Ils ont compilé les résultats de deux grandes enquêtes effectuées en 2004 et 2012 sur 18 000 adultes.

Premier constat, ces enquêtes sur les compétences des adultes montrent que les plus âgés ont de moins bons résultats que les plus jeunes, tant en compréhension de l’écrit qu’en calcul. Parmi les 18-29 ans en 2012, 10 % sont en difficulté face à l’écrit et 11 % ont une performance médiocre en calcul contre, respectivement, 24 % et 22 % des 60-65 ans.

Ces moins bonnes performances des plus âgés peuvent s’expliquer par une perte de compétences au fil des ans, notamment du fait d’une moindre ­utilisation dans le cadre professionnel ou dans la vie quotidienne. Elles peuvent aussi signifier une amélioration du niveau moyen des générations les plus récentes. Plus nombreux à obtenir des diplômes, les jeunes seraient plus performants en moyenne que leurs aînés. Ce constat, plutôt optimiste pour l’avenir du pays, n’est pas neuf. En revanche, pour la première fois, les deux auteurs ont parallèlement décortiqué les diplômes des Français, s’interrogeant sur leur valeur et le niveau réel de ses détenteurs : la massification des ­diplômes ne va-t-elle pas de pair avec une baisse des exigences, comme le ressassent les déclinistes ?

De fait, la tendance s’inverse et donne raison à ces derniers : à âge et diplôme égaux, ce sont les générations les plus anciennes qui obtiennent les meilleures performances. Les personnes nées entre 1946 et 1952 apparaissent, en tenant compte de leurs diplômes, plus compétentes que la génération née entre 1981 et 1987 avec 29 % d’écart-type en compréhension de l’écrit. Le constat est similaire pour les compétences en calcul. « Nous ­observons que le niveau de chaque ­diplôme a baissé même si on ne sait pas encore si c’est surtout celui du bac, du bac + 2 ou du bac + 4. Il faut que nous fassions des analyses plus poussées », explique ­Fabrice Murat. Certes, il faut nuancer. Les individus nés dans les années 1980 qui n’ont que le bac général sont moins performants que les individus nés trente ans plus tôt n’ayant décroché que ce diplôme. Mais à l’époque, le bac suffisait pour bien s’insérer professionnellement. Ce n’est plus le cas aujourd’hui où un nombre beaucoup plus important de personnes poursuivent des études ­supérieures.

Autre constat, bien peu glorieux : les chercheurs ont remarqué un ­accroissement des inégalités sociales concernant les compétences en ­compréhension de l’écrit chez la ­génération 1981-1987 par rapport aux générations précédentes. Le constat est similaire en calcul. « Ce décrochage social a débuté avec les ­enfants nés en 1981 », indique Fabrice Murat. Ce ­résultat paraît conforter, sur le moyen terme, « le constat de la ­dégradation des performances du ­système éducatif français en termes d’équité et de sa stagnation en termes de performance moyenne », note ­l’article.

Le Figaro 15/12/2016