Synthèse de la presse américaine

Mercredi 14 décembre 2016

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Benoît Cormier

  1. France/Europe

Terrorisme

« L’habit ne fait pas le moine ». Tel pourrait être le titre d’un article en ligne du New York Times consacré à trois individus suspectés d’entretenir des liens avec des organisations terroristes et arrêtés à Strasbourg fin novembre, qui ne correspondent en rien au profil habituel des membres de ces réseaux, témoignant « du nouveau visage du terrorisme » qui est celui « d’hommes exerçant une activité professionnelle décemment rémunérée et sans signe extérieur de radicalisation ou de prosélytisme ».

Egalement sur son site, BuzzFeed s’étonne qu’un technicien employé sur le site d’une centrale nucléaire n’ait été interdit d’y travailler que trois ans après qu’il a commencé à diffuser des posts pro-djihadistes sur Facebook. « L’individu a pu avoir accès à ce site pendant plusieurs mois d’investigation alors même qu’il était suspecté de liens avec des cellules terroristes », indique le site d’information qui s’interroge sur le processus de vérification des antécédents que Greenpeace juge insuffisants.

  1. International

CIA / Russie 

            En « une », le New York Times publie une très longue enquête sur les cyberattaques russes qui ont « envahi » l’élection américaine alors que les responsables politiques – dont le directeur de campagne d’Hillary Clinton John Podesta – ont tardé à prendre la mesure de la gravité des interférences de Moscou, qui « s’est entraîné à exercer son cyber-pouvoir tout au long de la campagne ». En effet, le quotidien, qui est remonté aux sources des investigations, indique que le FBI avait alerté le Democratic National Committee dès septembre 2015. « Peu couteuse, redoutablement efficace, difficile à anticiper et à tracer », la guerre en ligne a remplacé la guerre des armes, indique le quotidien qui s’alarme de la cyber-puissance de la Russie qui a « une longueur d’avance » sur la capacité des Etats-Unis à la contrer. Dans ce contexte, le journal indique que de « de multiples investigations » seront probablement menées pour faire la lumière sur ces attaques dont l’objectif premier était sans doute de permettre l’élection de Donald Trump. Dans une tribune, du Washington Post, David Ignatius appelle Barack Obama à « utiliser les cinq semaines de son mandat pour dissuader les Russes de telles actions » en menant des enquêtes approfondies. En revanche, Dana Rohrabacher, élu républicain de Californie à la Chambre des représentants, juge « pathétiques » les accusations visant la Russie : « Vladimir Poutine n’a pas volé l’élection américaine », affirme-t-il dans une tribune de USA Today.

Syrie

            La situation à Alep fait la « une » des médias. Le New York Times s’alarme de la « brutalité » des forces syriennes et russes au terme d’une bataille de plus de quatre années, laquelle s’achève par la défaite des rebelles et signifie que Bachar el-Assad, « méprisé par ses opposants mais aussi beaucoup des membres de la majorité sunnite », est « plus dépendant que jamais » de l’Iran et de la Russie. Le Washington Post note que « les efforts diplomatiques de dernière minute » de la communauté internationale visent à permettre l’évacuation des dernières zones de l’enclave contrôlée par les rebelles. « La chute d’Alep pourrait faire passer la Syrie d’une guerre civile à une guerre insurrectionnelle », selon le Christian Science Monitor.

Chine

Reuters rapporte que « le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a accusé Donald Trump d’un manque de respect à l’égard de la Chine après se remise en cause du principe de ‘politique unique’ ».

Selon le Wall Street Journal, le contexte économique de la Chine – moins favorable qu’il ne l’était au début du mandat de Barack Obama, comme le précise un autre article du journallaisse penser à Donald Trump qu’il « a la main » sur les négociations qu’il souhaite engager avec Pékin, notamment en matière commerciale. Toutefois, le quotidien considère que le président élu aura une marge de manœuvre limitée, rappelant le poids de la Chine dans le déficit commercial américain.

Le Washington Post publie un éditorial très critique des « mesures de répression » accrues du président Xi Jinping visant à limiter la liberté d’expression sur les réseaux sociaux et à faire obstacle aux organisations non gouvernementales présentes en Chine, et dont le plus récent exemple concerne le système universitaire où « l’adhésion au parti doit être renforcée par le biais de l’enseignement ».  

Iran

            Selon le Wall Street Journal, la décision du président Hassan Rohani de lancer un projet de propulsion nucléaire marine en réponse à l’extension des sanctions américains contre l’Iran « introduit un nouveau motif de discorde entre Téhéran et Washington alors même que la relation entre les deux pays est susceptible de se détériorer avec l’arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump ».

Israël

Comme le rapporte le Washington Post, les observateurs sont très inquiets des propos tenus par l’entourage de Donald Trump, selon lesquels le président élu souhaiterait déplacer l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem. « Cette décision hautement politique exacerberait les tensions déjà très élevées au Moyen-Orient », commente le quotidien.

Pakistan

L’élection de Donald Trump suscite un mélange ambivalent « de peur et d’espoir » au Pakistan, indique le Washington Post. Mike Pence ayant déclaré que les Etats-Unis joueraient « un rôle central » pour résoudre le conflit au Cachemire, des responsables pakistanais y voient un signe d’engagement positif tandis que d’autres expriment leur méfiance à l’égard du président élu qu’il soupçonne d’être plus proche de l’Inde où il a des intérêts entrepreneuriaux, puisqu’il y possède notamment deux « Trump Towers ».

III. Politique intérieure

Future administration

Les nominations des futurs hauts responsables de l’administration continue de faire polémique. L’équipe éditoriale du New York Times déplore les choix du président élu qui sont de nature à « compliquer le processus de transition » et dénoncent le peu de cas que fait Donald Trump des potentiels conflits d’intérêts pourtant strictement interdits, mais espèrent que le Congrès et les enquêtes que devront menées par le FBI permettront de les empêcher d’accéder au pouvoir. Dans ce contexte, le Washington Post publie un éditorial exhortant le président élu à prendre les trois mesures suivantes pour éviter tout conflit d’intérêt le concernant : (i) divulguer l’ensemble des informations relatives aux avoirs qu’il possède ; (ii) établir des procédures visant à garantir que les personnes qui dirigeront son entreprise ne puissent pas avoir le moindre contact avec lui-même ou sa famille ; (iii) maintenir, et non développer, les activités des entreprises de Donald Trump.

S’agissant du candidat au poste de secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, ses liens étroits avec « des autocrates » (WP) font l’objet de la « une » des médias. « Rex Tillerson a toujours placé les intérêts d’ExxonMobil avant ceux des Etats-Unis », déplore en « une » le New York Times. Dans un éditorial, le Wall Street Journal s’interroge : « Rex Tillerson va-t-il passer son temps à essayer de se départir de son passé dans l’industrie fossile » ? En « une », le Wall Street Journal ajoute que l’ascension professionnelle de Rex Tillerson au sein du groupe ExxonMobil résulte d’ailleurs en partie d’accords qu’il a facilités avec Vladimir Poutine.

Concernant Rick Perry, l’équipe éditoriale du New York Times estime que Donald Trump « a franchi un pas supplémentaire » particulièrement préjudiciable à la lutte contre le changement climatique en nommant ce climato-sceptique et ancien gouverneur du Texas à la tête du ministère de l’Energie.

Les démocrates critiquent « la nomination dans l’équipe de Donald Trump de plusieurs cadres de Goldman Sachs », dont celle de Gary Cohn à la tête du White House National Economic Council, rapporte l’équipe éditoriale du Wall Street Journal pour qui ces futurs membres de l’administration ont « des compétences dans la finance » mais «