Synthèse de la presse américaine 15/12/16

 Jeudi 15 décembre 2016

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Benoît Cormier

  1. France/Europe

Campagne présidentielle française

Dans un long article consacré au « clan dynastique des Le Pen », le Washington Post fait état de « la querelle de famille » résultant de divergences de lignes politiques en Marine Le Pen et sa nièce, Marion Maréchal Le Pen, « dispute à laquelle la dirigeante du Front National doit mettre un terme si elle souhaite l’emporter en 2017 ».

Défense européenne

Dans une tribune du Wall Street Journal, Mark Helprin, expert au Claremont Institute, appelle les Etats-Unis à ne pas se désengager de la défense de l’Europe face à la menace russe et aux incertitudes liées aux élections qui auront lieu l’an prochain dans plusieurs pays européens.

  1. International

Syrie

            « Assad, Poutine, l’Iran : les destructeurs d’Alep ». Tel est le titre d’un éditorial du New York Times selon lequel « Bachar el-Assad n’aurait jamais été en mesure de l’emporter sans l’aide de la Russie et, dans une moindre mesure, de l’Iran par l’intermédiaire du Hezbollah ». Dénonçant les « actions sanglantes, en violation du droit international » de Vladimir Poutine, le quotidien estime que le dirigeant russe a utilisé « la diplomatie comme feinte pour permettre la victoire militaire de Bachar el-Assad », tandis que Barack Obama, « réticent à approuver une intervention militaire américaine, avait une marge de manœuvre réduite qui consistait seulement à soutenir les rebelles ». Loin de mettre un terme aux atrocités, « la chute d’Alep va ouvrir un nouveau chapitre de la violence en Syrie », ajoute Faysal Itani, expert auprès de l’Atlantic Council, qui déplore également « l’impuissance de l’Occident » dans une tribune du New York Times.

« Ce bain de sang, qui hantera l’humanité, entache de manière indélébile l’héritage du président Obama », ajoute l’équipe éditoriale du Washington Post. De cette « débâcle », le journal retient trois éléments : « le mépris des alliés de Bachar el-Assad vis-à-vis des lois de la guerre » ; « l’impossibilité, dans un avenir proche, de mettre un terme à la vague de réfugiés syriens et au terrorisme international qu’a provoqué la guerre en Syrie » ; et « l’effondrement de la volonté politique et morale des pays occidentaux – aux Etats-Unis en particulier ». « La marche arrière » de Washington fait aussi l’objet de la « une » du Wall Street Journal selon lequel « la reconquête d’Alep par Bachar el-Assad constitue un exemple criant du retrait des Etats-Unis au Moyen-Orient au moment où la Russie et ses partenaires y agissent ». La « théorie du chaos » mise en pratique par Moscou a permis « la victoire du dirigeant russe sur la scène internationale », analyse le Washington Post en « une ». Le Christian Science Monitor partage cette analyse, ajoutant que la chute d’Alep implique aussi l’affaiblissement des alliés des Etats-Unis dans la région, notamment l’Arabie Saoudite, au profit de l’Iran.

A cet égard, le Daily Beast souligne que « les incohérences de Donald Trump en matière de politique étrangère » sont de nature à le mener à une impasse sur la crise en Syrie, puisqu’il a à la fois exprimé le souhait d’un rapprochement avec la Russie et sa détermination à s’opposer à l’Iran.

CIA / Russie

            Selon la « une » du New York Times, les cyber attaques russes ont aussi concerné une douzaine de candidats démocrates à la Chambre des représentants. Dans ce contexte, l’équipe éditoriale du quotidien condamne « la réaction de déni » de Donald Trump, qui « l’isole et démontre sa dangereuse méconnaissance du rôle des agences de renseignement américaines en matière de sécurité nationale ». Dans une tribune, Mark Galeotti estime, également dans le New York Times, que c’est « la dissuasion » qui permettra de lutter contre la cyber guerre de Russes, à l’instar des enjeux nucléaires.

Climat

            Le New York Times et le Wall Street Journal relaient les conclusions d’un rapport de la Task Force on Climate-related Financial Disclosure (présidée par Michael Bloomberg et réunissant des investisseurs, des industriels et des experts, avec pour mission de proposer aux entreprises un cadre cohérent pour développer leur stratégie face au risque climatique) publié le 14 décembre. Dans ce rapport, le groupe de travail exhorte les entreprises, notamment celles du secteur pétrolier, à publier toutes les informations relatives aux risques, y compris économiques, que comporte le changement climatique pour leurs activités.

III. Politique intérieure

Future administration

En « une », le Washington Post indique que « les environnementalistes s’alarment de la résurgence de membres de l’industrie pétrolière ou d’élus favorables aux énergies fossiles dans l’entourage de Donald Trump », parmi lesquels : l’ancien PDG d’Exxon Mobil Rex Tillerson comme secrétaire d’Etat ; l’ancien gouverneur du Texas Rick Perry comme secrétaire à l’Energie ; le procureur général de l’Oklahoma Scott Pruitt à la tête de l’EPA (Agence de protection de l’environnement) ; le représentant Ryan Zinke en qualité de ministre de l’Intérieur (en charge du contrôle et de la préservation des terres appartenant à l’Etat fédéral), sans oublier les conseillers actuels de Donald Trump, dont Harold Hamm, un milliardaire qui possède une entreprise de pétrole.

S’agissant de Rick Perry, l’équipe éditoriale du Washington Post juge « alarmants » les propos qu’il tient « depuis longtemps » sur le climat, remettant en cause les fondements scientifiques mêmes du changement climatique. Dans un éditorial, le Wall Street Journal considère que Donald Trump a « le sens de l’ironie », rappelant que Rick Perry avait « promu l’exploitation des vastes ressources pétrolières et gazières du Texas » mais ajoutant que celui-ci a aussi largement « subventionné les énergies vertes, l’Etat du Texas ayant investi plus de 50 millions de dollars dans la biomasse et les panneaux solaires ». Le quotidien appelle Rick Perry à imposer « un moratoire » sur les normes écologiques adoptées par « un département inutile » sous la présidence de Barack Obama.

            Dans un éditorial, le Chicago Tribune nuance les critiques émises contre le candidat au poste de secrétaire d’Etat, Rex Tillerson. Le quotidien rappelle l’ampleur de ses responsabilités, son expérience en matière de négociation ainsi que la connaissance des enjeux géostratégiques qu’il a acquise en qualité de PDG d’ExxonMobil, « qui s’assimile presque à une nation ». Selon le quotidien, il convient d’attendre qu’il soit auditionné devant le Congrès : ce sera l’occasion pour lui de montrer, ou pas, ses aptitudes diplomatiques et de clarifier les préoccupations liées à d’éventuels conflits d’intérêts.

Selon une investigation du Pentagone de 2010 dont le Washington Post se fait l’écho en « une », le futur conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn aurait communiqué des informations classifiées à des militaires étrangers lorsqu’il était en poste en Afghanistan.

Rencontre de Donald Trump avec les acteurs de la Silicon Valley

En « une », le Wall Street Journal souligne le « ton conciliant » de Donald Trump lors de sa rencontre avec treize des principaux acteurs de la Silicon Valley (dont les dirigeants d’Amazon, d’Apple, de Facebook et de Google), le président élu ayant exprimé son désir de collaborer avec eux pour « encourager l’innovation et promouvoir des accords commerciaux plus justes », indique le quotidien.

Collège électoral

            Dans une tribune du Washington Post, E.J. Dionne s’interroge « avec gravité » sur le « vote ardu » que sera celui du Collège électoral pour que Donald Trump accède à la Maison-Blanche, exprimant la crainte que le républicain ne « déstabilise les institutions américaines ». A l’inverse, Charles Lane, dans une tribune du même journal, estime qu’il s’agit maintenant de cesser de se poser cette question et justifie l’existence du Collège électoral.