Synthèse de la presse quotidienne
16 décembre 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- La Syrie fait la Une de deux quotidiens. « Des dizaines de milliers de personnes quittent Alep », titre la Süddeutsche Zeitung. Le Tagesspiegel, qui publie un entretien avec le président fédéral Joachim Gauck, titre : « Gauck : la communauté internationale a échoué ». La Frankfurter Allgemeine Zeitung et Die Welt donnent la priorité à l’actualité de politique intérieure allemande. « L’Etat fédéral à l’avenir responsable du stockage des déchets nucléaires », indique la FAZ tandis que Die Welt fait état du coût en hausse de l’accueil des réfugiés et titre « les Etats fédérés allemands vont devoir débourser trois milliards supplémentaires pour les réfugiés ». Le quotidien économique Handelsblatt se penche sur « le goût du risque des entreprises familiales allemandes ». Le journal en veut pour preuve le fait que de grandes PME allemandes, telles que Siemens ou encore Miele, ont créé un fonds financier destiné à promouvoir l’investissement dans les start-up.
- Allemagne
« L’Etat fédéral à l’avenir responsable du stockage des déchets nucléaires » (FAZ)
Sous ce titre, le quotidien de Francfort fait état du large consensus entre la CDU/CSU, le SPD et les Verts ayant permis le vote hier au Bundestag d’une loi qui redéfinit les responsabilités entre l’Etat et les opérateurs de centrales nucléaires. Si la responsabilité du démantèlement des centrales reste du ressort des énergéticiens, l’Etat prend à sa charge le stockage et l’enfouissement des déchets nucléaires, via un fonds public que les opérateurs de centrales se sont engagés à alimenter et qui devrait s’élever à 23,55 milliards d’euros d’ici à 2022, date à laquelle la dernière centrale en activité sera mise à l’arrêt.
En dehors de la Süddeutsche Zeitung pour qui ce compromis permet aux énergéticiens qui se sont « considérablement enrichis grâce à l’activité nucléaire » de « se défiler face à leurs responsabilités », les quotidiens accueillent favorablement une issue qui « met fin à des années de dispute entre l’Etat et le secteur nucléaire » (Tagesspiegel) et qui répartit équitablement les tâches entre l’Etat et le secteur privé. D’un avis unanimement partagé, il reste toutefois à craindre que le coût final dépasse le montant du fonds mis en place et que le contribuable allemand soit en définitive appelé à la rescousse.
- Europe
Conseil européen : « pas de cadeaux pour Poutine » (FAZ)
La volonté de l’UE d’apparaître unie face à la Russie, alors que « nombre de sujets complexes (Ukraine, Syrie, défense, migration) étaient à l’ordre du jour » à Bruxelles, a été le fil rouge de ce Conseil européen, constate la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Dans ce contexte, les chefs d’Etat et de gouvernement ont notamment prolongé de six mois les sanctions économiques contre la Russie et trouvé un compromis permettant aux Pays-Bas d’approuver l’accord d’association UE-Ukraine, rapporte la presse dans de premiers comptes rendus. La Russie a également été mise en cause pour son rôle dans le conflit syrien par de nombreux dirigeants européens, au premier rang desquels le président de la République et la Première ministre britannique, relève la Süddeutsche Zeitung. L’UE avait voulu faire une démonstration de solidarité envers la population syrienne en conviant le maire d’Alep est à rendre compte de la détresse humanitaire du quartier assiégé et des risques encourus par les habitants après la chute des rebelles, souligne le Handelsblatt. Une intervention « très déprimante et extrêmement bouleversante » selon les mots de Mme Merkel, relève le tabloïd Bild, et qui, ajoute le Handelsblatt, a confronté de plein fouet les dirigeants européens avec les causes de la crise migratoire. « Actuellement, l’UE joue au pire le rôle de l’observateur choqué et au mieux, celui du sauveteur humanitaire bardé de bonnes intentions mais aux possibilités restreintes », déplore la Süddeutsche Zeitung.
Sur la crise migratoire aussi, l’UE a serré les rangs en défendant à nouveau le pacte migratoire avec la Turquie et en misant sur de nouveaux accords avec des pays africains, rapporte la presse. « La situation dramatique dans les régions voisines réclame impérieusement que l’Europe soit davantage présente, qu’elle ait une politique étrangère cohérente, se montre davantage unie et moins divisée par des particularismes nationaux, qu’elle parle enfin d’une seule voix s’agissant de la situation au Proche- et Moyen-Orient et en Turquie », considère la Berliner Zeitung.
Dans ce contexte, le Brexit n’a joué qu’un rôle annexe lors du dîner informel à 27, les discussions sur le fond étant remises à 2017, remarque le quotidien de Berlin, l’un des rares à évoquer ce thème.
Dette grecque/visite à Berlin d’Alexis Tsipras
Le Premier ministre grec est reçu aujourd’hui par la chancelière à Berlin alors que « se poursuit la querelle sur les allègements de la dette grecque », rapportent la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le Tagesspiegel et le Handelsblatt. La FAZ indique que le commissaire européen chargé des questions monétaires, Pierre Moscovici, a critiqué la suspension, suite à une mesure unilatérale d’Athènes en faveur des retraités défavorisés, des mesures d’allègement très limitées de la dette qui venaient d’être décidées la veille par l’Eurogroupe. L’article note également qu’en marge du Conseil européen hier, le président de la République et M. Sapin ont plaidé pour davantage de mansuétude à l’égard de la Grèce. Le Handelsblatt, qui pointe depuis plusieurs mois les contradictions de la position allemande sur la dette grecque, appelle « les Européens » à « davantage de réalisme », notant que « sans concessions, Tsipras ne pourra pas survivre politiquement à l’année 2017, un scénario que ne peut vouloir Mme Merkel dans le contexte de la crise migratoire ».
- International
Syrie/ « Gauck : la communauté internationale a échoué » (Tagesspiegel)
Dans un entretien accordé au quotidien de Berlin, le président fédéral dresse le constat de l’échec de la communauté internationale à faire respecter ses principes, au nombre desquels doit figurer l’obligation pour les auteurs de crimes contre l’humanité, tels qu’ils sont en Syrie le fait de plusieurs parties au conflit, de répondre de leurs actes.
Sous le titre « c’est le droit qui meurt à Alep », Die Welt estime que la Russie et l’Iran ont fourni la preuve que la loi du plus fort est en mesure de l’emporter sur les principes de la communauté internationale. « De l’ONU et de l’universalisme humanitaire qui en émanait, il ne subsiste que des ruines », fait valoir le quotidien pour qui le « triomphe » de Vladimir Poutine va rendre encore plus improbable toute réforme du Conseil de sécurité des Nations unies. Le journal ajoute qu’il est urgent que l’UE s’efforce pour sa part de conserver un reste de dignité en adoptant des sanctions contre les responsables de la destruction d’Alep. Dans son éditorial de Une, le Tagesspiegel insiste lui aussi sur la nécessité de déférer les auteurs de crimes en Syrie devant un tribunal international, comme ce fut le cas pour l’ex-Yougoslavie avec les auteurs du massacre de Srebrenica./.