Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

19 décembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Les unes de la presse sont variées. La Süddeutsche Zeitung titre sur la Syrie : « des milliers de personnes bloquées dans le froid à Alep ». La Frankfurter Allgemeine Zeitung s’intéresse au climat de politique intérieure en Pologne et indique que « face à la lutte de pouvoir que se livre le gouvernement et l’opposition, le président polonais entend jouer les intermédiaires ». Die Welt fait état des réflexions en cours sur la manière de lutter contre les diffamations et les mensonges véhiculés sur les réseaux sociaux et titre sous forme de citation « Facebook doit respecter notre démocratie ». Le quotidien économique Handelsblatt et le Tagesspiegel titrent sur le remplacement du pdg de la compagnie Air Berlin par un ancien cadre dirigeant de Lufthansa, décision interprétée comme ouvrant la voie à une possible reprise d’Air Berlin par son concurrent Lufthansa.
  2. Allemagne

« Gabriel favorable à la réduction des allocations familiales pour les ressortissants européens » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

L’ensemble de la presse évoque les propos du vice-chancelier et président du SPD qui, dans un entretien au groupe de presse Funke Medien, se déclare favorable à une réduction du montant des allocations familiales versées aux ressortissants européens travaillant en Allemagne mais dont les enfants résident à l’étranger. Selon lui, le niveau des allocations familiales devrait être aligné sur celui en vigueur dans le pays d’origine des ressortissants européens. La moitié de ceux-ci, soulignent les journaux, sont des Polonais, suivis des Français, Roumains, Tchèques, Hongrois et Néerlandais.

Les réactions sont unanimement critiques. A l’instar de la Süddeutsche Zeitung qui dénonce la « politique symbole » de Gabriel, les quotidiens font valoir qu’au lieu d’aider le SPD dans sa campagne, ce sujet ne concernant qu’une minorité ne fait que susciter des attentes qu’il sera quasiment impossible de combler et apporter de l’eau au moulin des populistes de l’AfD.

  1. Europe

Pologne

La presse s’inquiète d’une dérive autocratique en Pologne où le président Andrzej Duda s’est proposé de « jouer les médiateurs dans la lutte de pouvoir » (FAZ) entre le gouvernement national-conservateur et l’opposition après les restrictions de l’accès des médias au parlement polonais. Le parti PiS « démantèle la démocratie en Pologne à une allure record », constate la tageszeitung. La Süddeutsche Zeitung craint « l’élimination de l’Etat de droit » en Pologne « où il ne manque au PiS que peu d’éléments pour achever la construction d’un système de pouvoir autoritaire ». Le quotidien juge la réaction européenne trop faible, l’ultimatum posé il y a deux mois par Bruxelles à Varsovie pour se mettre en conformité avec le droit européen n’ayant pas été suivi d’effet et la Pologne ne devant pas craindre de se voir privée de droit de vote par l’UE en raison du veto que ne manquerait pas d’opposer la Hongrie « au gouvernement également autocratique ». « Aussi longtemps que l’UE ne peut couper à ces gouvernants bafouant les règles démocratiques les milliards de leurs subventions ou les menacer d’une exclusion de l’UE, les nouveaux aspirants autocrates pourront continuer à agir comme bon leur semble », déplore la Süddeutsche Zeitung.

Grèce : « la chancelière se montre conciliante avec le Premier ministre Tsipras » (Süddeutsche Zeitung)

La chancelière a évité d’aborder publiquement les sujets qui fâchent lors de la conférence de presse conjointe avec le Premier ministre grec en visite vendredi à Berlin, rapporte la Süddeutsche Zeitung en soulignant qu’Angela Merkel a eu « des mots d’encouragement et de compassion » pour son homologue, relevant que la Grèce traverse une période difficile et que l’Allemagne entend la soutenir autant que possible sur le plan bilatéral face aux « immenses défis », notamment dans la crise migratoire, qu’elle affronte. Angela Merkel et Alexis Tsipras ont mis l’accent sur les objectifs communs des deux pays en la matière, souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung. La chancelière a rappelé la nécessité d’une répartition « équitable » des demandeurs d’asile au sein de l’UE et appelé à ne pas laisser la Grèce seule face à ce défi, relève encore la FAZ. Le Premier ministre grec a pour sa part défendu sa mesure sociale pour les retraités défavorisés sans autre réaction d’Angela Merkel qu’un silence contraint, note la presse.

Dans un commentaire de son spécialiste des affaires européennes, le Tagesspiegel considère qu’Alexis Tsipras doit reprendre le cours des réformes qu’il a laissé stagner ces derniers mois pour permettre à la Grèce de retrouver à terme la confiance des marchés financiers, mais appelle également le ministre allemand des finances, « connu pour son intransigeance en matière budgétaire », à ne pas attiser le ressentiment des pays du sud de la zone euro envers Berlin et son « diktat » de politique d’austérité. Le tabloïd Bild, proche de la position du ministère des finances, juge quant à lui inadmissible que « Tsipras distribue de l’argent qu’il n’a pas en contrevenant aux accords avec la zone euro » et ne voit qu’une conséquence : « couper le robinet de l’aide financière ! ».

  1. International

« Par crainte d’Erdogan ? – Noël frappé d’interdiction dans une école germano-turque » (Bild)

L’ensemble des médias évoquent la polémique suscitée par la décision qu’aurait prise la direction d’un lycée international d’Istanbul (dans lequel enseignent 35 professeurs allemands) de bannir de la salle de classe tout sujet en lien avec Noël et ses traditions. Les journaux font état des vives protestations en Allemagne, toutes tendances politiques confondues, et indiquent que le ministère allemand des affaires étrangères a fait part de son « incompréhension » face à cette « surprenante décision ».

Cette affaire est l’occasion pour les journaux d’évoquer une fois de plus dans leurs commentaires le fossé qui se creuse entre la Turquie d’Erdogan et les démocraties occidentales. Tous soulignent également l’attitude paradoxale des autorités turques qui appellent sans cesse au respect à l’étranger des valeurs et traditions de leur communauté et ne sont pas prêtes à accorder la réciproque aux Européens résidant en Turquie. « C’est pourtant le régime turc qui exige qu’en Allemagne l’enseignement de l’islam soit pratiqué afin de faire reculer les préjugés », s’émeut la FAZ pour qui, si l’affaire est vraie, elle est la manifestation d’un « effrayant rejet de l’autre ».

Syrie : « le vainqueur Poutine » (Süddeutsche Zeitung

La Süddeutsche Zeitung s’indigne du fait que pour les crimes commis en Syrie, la Russie ne soit « même pas menacée de petites sanctions ». « Chez lui, Poutine est au-dessus des lois et il semblerait que cela vaut maintenant aussi sur le plan international », écrit le quotidien pour qui le constat s’impose que depuis l’annexion de la Crimée, « l’influence du président russe en Europe n’a cessé de grandir ». Dans son principal éditorial de première page, la FAZ s’inquiète elle aussi de « l’emprise de Moscou » et fait valoir que l’Europe centrale et orientale ainsi que l’Ukraine sont devenues la « zone de tous les dangers » face à la menace russe. « Que faire si le président russe ne se contente pas de l’Ukraine ? », s’interroge le journal qui redoute que sans les Etats-Unis à ses côtés et dans un contexte d’Europe qui se délite, l’Allemagne se laisse tenter par un « deal » sur le modèle du pacte germano-soviétique de 1939 et en vertu duquel Berlin et Moscou se partageraient l’Europe orientale en zones d’influence./.