Synthèse de la presse quotidienne
20 décembre 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- Le tabloïd Bild, la Frankfurter Allgemeine Zeitung et les quotidiens de Berlin Tagesspiegel et Berliner Zeitung titrent sur le camion qui s’est précipité hier soir sur un marché de Noël à Berlin, faisant, selon le dernier bilan, 12 morts et 48 blessés. La Süddeutsche Zeitung et Die Welt consacrent leurs gros titres à l’assassinat de l’ambassadeur russe en Turquie. Sous le titre « la directrice générale du FMI reconnue coupable », le jugement rendu dans le procès de Christine Lagarde s’invite également en première page de la FAZ. Le quotidien économique Handelsblatt indique pour sa part que le pdg de Deutsche Telekom entend « s’armer » contre les menaces cyber.
- Allemagne
« Un camion fonce dans la foule sur un marché de Noël à Berlin » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)
La stupeur et la tristesse domine les premiers commentaires de presse. « Nous sommes dans le deuil », écrit la rédactrice en chef de Bild qui souligne que c’est l’église du souvenir à Berlin, détruite pendant la guerre et depuis « symbole de réconciliation et de paix », qui a été témoin hier de la tragédie : « après Paris, Istanbul, Bruxelles et Nice, ce sont à nouveau de nombreuses familles qui vont devoir passer Noël privés de ceux qui leur sont les plus chers ». Une certaine résignation se dégage aussi de quelques commentaires. Le journal de Thuringe Thüringer Allgemeine Zeitung fait valoir que l’on pourra mettre autant de policiers que l’on veut dans les rues, rien ne pourra arrêter un individu déterminé à commettre le pire. Au-delà du risque encouru par tout un chacun face à une attaque susceptible de se produire n’importe où, des craintes s’expriment aussi quant aux probables conséquences politiques. Le quotidien du nord de l’Allemagne Nordsee Zeitung redoute ainsi que « les faucons du gouvernement soient désormais les seuls à se faire entendre, avec toute la surenchère que ceci suppose : plus de surveillance, plus de contrôles et davantage encore de limitation des libertés publiques ». Sans oublier, ajoute le journal, que « certains n’hésiteront pas à reporter la faute sur les réfugiés ». « Les opinions mêlant haine et polémique se multiplient sur les réseaux sociaux et l’AfD est en tête du mouvement qui fait mine de connaître le fin mot de l’histoire et d’instrumentaliser sans vergogne les victimes au service de sa propagande », note le journal du sud-ouest de l’Allemagne Schwäbische Zeitung. Sous le titre « l’AfD n’a honte de rien », Bild publie le tweet posté hier soir peu après le drame par le chef du parti en Rhénanie du Nord-Westphalie : « Quand l’Etat de droit va-t-il riposter ? Quand cette maudite hypocrisie prendra-t-elle fin ? Ce sont les morts de Merkel ! ».
Sur les sites d’information (presse écrite et médias audiovisuels), les messages de haine et d’insultes sont contrebalancés par les appels au calme, à la modération et à la solidarité avec les familles endeuillées. Du côté des sites officiels, l’indignation domine les messages postés sur la page Facebook de la chancelière alors que les réactions publiées sur les profils de MM. Steinmeier et Gabriel sont plus pondérés et mettent en garde contre toute condamnation hâtive.
- International
Syrie/résolution de l’ONU
L’adoption par le conseil de sécurité de l’ONU de la résolution devant permettre le déploiement d’observateurs à Alep pour y superviser l’évacuation des civils, l’acheminement de l’aide humanitaire et les soins médicaux d’urgence suscite quelques commentaires.
De l’avis de la FAZ, « il ne faut pas s’attendre à des miracles car cette mission aura pour vocation de dresser le procès-verbal de la tragédie et non d’y mettre un terme ». Pour la tageszeitung, l’adoption de cette résolution était » l’opération de la dernière chance » destinée à permettre à l’ONU de « sauver les meubles » après cinq années d’inaction face au conflit syrien. « L’espoir formulé par l’ambassadeur français à l’ONU que la résolution augmente les chances d’un cessez-le-feu en Syrie est illusoire (…) Il est beaucoup plus probable que la guerre se poursuive dans toute sa brutalité dans la province d’Idlib où sont rassemblés les civils évacués d’Alep ».
Assassinat de l’ambassadeur de Russie en Turquie
La presse rend largement compte de l’assassinat de l’ambassadeur de Russie en Turquie par un policier turc et des premières réactions officielles à Moscou, Ankara et Bruxelles. Pour la Süddeutsche Zeitung, au-delà du motif de la vengeance pour le bombardement d’Alep revendiqué par l’agresseur, cette attaque vise aussi à saboter le rapprochement de la Russie et de la Turquie, dont les relations, souligne le journal, ont connu plusieurs revirements durant ces derniers mois – « une ligne en zigzag qui risque de radicaliser d’anciens alliés et de rendre cette région et le monde encore plus vulnérables ». Le Tagesspiegel souligne, pour s’en féliciter, la réaction pondérée de la Russie, laquelle entend maintenir les pourparlers avec la Turquie et l’Iran sur la Syrie, mais s’inquiète des conséquences de « cette froide exécution » : « il n’en faut plus beaucoup pour que la Syrie fasse s’enflammer un conflit d’une dimension indescriptible ».
- France
« La directrice générale du FMI reconnue coupable » (FAZ)
Le fait que Christine Lagarde soit reconnue coupable de « négligence » mais dispensée de peine dans l’affaire de l’arbitrage en faveur de Bernard Tapie suscite des commentaires négatifs dans les quotidiens qui s’interrogent sur son maintien à la tête du FMI et jugent important le préjudice porté à son image et à celle de l’institution monétaire internationale. Pour la Berliner Zeitung, ce jugement contradictoire « tient d’une part au fait que c’est moins Christine Lagarde que N. Sarkozy qui aurait dû prendre place sur le banc des accusés ». L’autre raison de la mansuétude du tribunal, poursuit le quotidien, est la « dimension de politique étrangère » de ce procès, « sachant que le jugement, même modéré, entache à nouveau l’image du FMI et fournit des arguments à ceux qui ne veulent plus accepter la prédominance des Européens à la tête de l’institution ». La Süddeutsche Zeitung se distingue en appelant les Européens à soutenir Christine Lagarde au motif que « pour eux, elle joue un rôle important à Washington, déjà en ayant été à leurs côtés lors de la crise de l’euro, et encore plus depuis l’élection de Donald Trump : elle est la seule Européenne libérale en charge d’un poste aussi important à pouvoir encore défendre les valeurs occidentales dans l’entourage de Trump et celui-ci ne peut la destituer ». Le quotidien de centre-gauche déplore également que le procès fait à l’ancienne ministre des Finances de Nicolas Sarkozy ait aussi un « arrière-goût de politique intérieure »./.