Aujourd’hui en Allemagne

 

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

28 décembre 2016

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse ce matin. La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre sur le coût élevé du sauvetage de la banque Monte dei Paschi di Siena (« le sauvetage de la banque italienne en crise coûte au moins 8,8 milliards d’euros »). La Süddeutsche Zeitung révèle qu’un nombre record de 55 000 migrants ont volontairement quitté l’Allemagne en 2016 (« le retour volontaire plutôt que la reconduite à la frontière »). Le débat sur la vidéosurveillance continue d’être à la Une de nombreux journaux : Die Welt cite le secrétaire général de l’association de la fédération des villes et communes d’Allemagne(« la protection des données ne doit pas devenir la protection des criminels »), Der Tagesspiegel relève l’attaque de la CSU contre la coalition de gauche à la tête de la ville-Etat de Berlin pour son refus d’étendre la vidéosurveillance dans la capitale allemande (« pour la CSU, le Sénat [gouvernement de la ville] compromet la sécurité de Berlin »). Le quotidien des affaires Handelsblatt indique qu’Angela Merkel veut utiliser la présidence allemande du G20 pour lutter contre le retour du protectionnisme (« les pays du G20 se referment sur eux-mêmes »).

 

  1. Allemagne

Vidéosurveillance / « jouer la sécurité » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

A une semaine de son séminaire parlementaire de début d’année, « la CSU se sent confortée dans sa volonté de renforcer les mesures de sécurité en Allemagne par le ton inhabituellement doux des critiques à l’encontre de ses propositions » détaillées hier dans la presse, relève la Süddeutsche Zeitung. Les responsables du SPD et des Verts se montrent certes réservés sur l’accroissement des possibilités de rétention des jeunes majeurs, mais ils sont ouverts au renforcement de la vidéosurveillance. Le parti bavarois a également reçu sur ce point le soutien de poids de la fédération des villes et des communes, note Die Welt à sa Une. Tout en rappelant que le sujet relève des compétences régionales et locales, la Frankfurter Allgemeine Zeitung souligne que les partisans de la vidéosurveillance bénéficient d’un contexte favorable alors que des faits divers qui défraient la chronique viennent d’être résolus grâce à la vidéosurveillance (tentative d’immolation d’un SDF dans le métro berlinois par un groupe de réfugiés syriens et libyen notamment) et que les conservateurs ne se privent pas d’accabler le nouvel exécutif de la ville de Berlin opposé au développement de la vidéosurveillance dans la capitale. La presse conservatrice soutient cette évolution. Bild juge ainsi que « la vidéosurveillance est aujourd’hui indispensable » et la FAZ, estime que la liberté doit être mise en balance avec « la justice due aux victimes des ennemis de la liberté ». La presse de gauche se montre plus circonspecte : Der Tagesspiegel critique une surenchère et la Berliner Zeitung parle de « populisme » invitant à se méfier des attentes excessives à l’égard d’une technologie « coûteuse en moyens et en personnels » qui « n’aurait pas évité l’attentat de Berlin ». La tageszeitung appelle à un encadrement accru de la publication « anxiogène » des images de la vidéosurveillance dans les médias.

« Le retour volontaire plutôt que la reconduite à la frontière » (Süddeutsche Zeitung)

La Süddeutsche Zeitung consacre sa Une à la montée en puissance du dispositif des retours volontaires des migrants dans leur pays d’origine avec une aide financière. 55 000 migrants y ont eu recours en 2016, soit le nombre le plus élevé depuis 16 ans. Le journal de Munich juge dans un éditorial que ce dispositif devrait être préféré à celui des reconduites à la frontière et des expulsions (25 000 mesures d’éloignement exécutées en 2016) qui s’impose pourtant dans le débat comme « la mesure d’une politique migratoire réussie ». Pour que le dispositif des départs volontaires continue de monter en puissance, il est important de mettre fin aux maquis administratif actuel, de calibrer l’aide financière et de vérifier l’emploi des fonds dans des projets de réintégration, souligne le journal.

Pour sa part, la Neue Osnabrücker Zeitung indique, sur la base de chiffres de la police fédérale, que le nombre de migrants auxquels l’entrée sur le territoire allemand a été refusé en 2016 a plus que doublé par rapport à 2015, avec 20 000 refoulements cette année.

 

  1. Europe

« Le sauvetage plus cher que prévu » (Handelsblatt)

La presse s’inquiète du « quasi-doublement du coût du sauvetage de la banque italienne Monte dei Paschi di Siena par rapport aux estimations initiales » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) à la suite de la réévaluation par la BCE du besoin de refinancement de la banque. Le nouveau plan de sauvetage de 8,8 milliards d’euros « suscite une vive indignation en Allemagne » écrit le tabloïd Bild qui cite des élus de la CDU/CSU, dont le vice-président du groupe parlementaire Michael Fuchs qui affirme « attendre du gouvernement allemand qu’il dise que cela ne va pas » et que la BCE ne doit pas soutenir de telles mesures de sauvetage. Dans un éditorial, la Frankfurter Allgemeine Zeitung juge que ce sauvetage aux frais de l’Etat contient de « nombreuses tentations dangereuses », en particulier celle de conforter les responsables des banques dans l’idée que la garantie de l’Etat leur sera toujours apportée dès lors qu’ils comptent de petits épargnants parmi leurs clients, ou celle de faire penser à l’Etat italien qu’il pourrait, grâce au MES, contracter sans conséquences de nouvelles dettes pour ce sauvetage. Or affirme le journal de Francfort « qui cède à trop de tentations, finit par les payer cher in fine ».

« Les Allemands veulent davantage d’UE dans le monde » (Die Welt)

Die Welt consacre un article à un sondage YouGov montrant que 51% des Allemands souhaitent un plus fort engagement de l’UE dans la gestion des guerres et des conflits à travers le monde, domaine dans lequel la confiance des Allemands en une Europe unie serait le plus élevé. Le journal souligne par ailleurs que la part de la législation d’origine communautaire dans les domaines de la sécurité sociale, de la sécurité intérieure et des finances publiques est généralement surestimée par les sondés.

 

  1. International

Israël / « Quelques jours de colère » (Der Tagesspiegel)

Les médias allemands continuent de rendre abondamment compte des représailles évoquées par Israël contre les pays ayant voté la résolution du CSNU condamnant la colonisation. S’il est vrai qu’Israël est devenu le bouc-émissaire de service aux Nations Unies, juge la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il n’en reste pas moins que cette réaction a des aspects qui relève de « l’hystérie ». Le quotidien de Francfort estime qu’« au-delà même du droit international public, la colonisation compromet la solution à deux Etats à laquelle le Premier ministre Netanyahou prétend être attaché ». La Süddeutsche Zeitung met particulièrement en avant « l’attaque » d’Avigdor Lieberman contre la France et la conférence du 15 janvier à Paris qui accréditerait l’idée qu’Israël craint une initiative de la communauté internationale avant la prise de fonctions de Donald Trump le 20 janvier prochain. Der Tagesspiegel estime pour sa part que le chef du gouvernement israélien serait plus avisé « d’impressionner l’Occident et ses critiques » en arrêtant la construction des colonies et en faisant un élément de négociations avec les Palestiniens. Cela a toutefois peu de chances d’arriver, estime le quotidien de centre-gauche, « car Netanyahou a les coudées franches en politique intérieure et qu’il compte sur le soutien de la future administration Trump ».

 

Tribune de Mikhaïl Gorbatchev et Horst Teltschik

L’ancien président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev cosigne une tribune dans le Handelsblatt avec l’ancien président de la conférence sur la sécurité de Munich Horst Teltschik, dans laquelle les deux hommes plaident pour retrouver « la volonté politique, le courage et la clairvoyance » qui avaient conduit en 1990 Européens et Nord-Américains « à coopérer et se faire mutuellement confiance », rappelant le concept de « maison commune européenne », ainsi que l’ensemble des accords de coopération entre les anciens blocs et leurs efforts de désarmement. Soulignant les espoirs de paix sur le continent qui animaient le président Mitterrand dans son discours sur l’Europe de mai 1991 et Vladimir Poutine en 2001 lors de son intervention devant le Bundestag, M. Gorbatchev et H. Teltschik constatent que les conflits gelés et les crises en Géorgie et en Ukraine n’ont pas pu être évitées pour autant et critiquent la « folie » de ceux qui décrivent une nouvelle Guerre froide. Ils évoquent dès lors des coopérations possibles dans les domaines « du terrorisme international, de la cyberguerre, des dérèglements climatiques, des vagues migratoires et des menaces asymétriques »./.