Synthèse de la presse américaine du 29 Décembre

 

Jeudi 29 décembre 2016

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Emmanuelle Lachaussée

  1. France/Europe

France – Russie

« Vladimir Poutine pourrait avoir un allié en Europe » si François Fillon – opposé aux sanctions contre la Russie – gagnait l’élection présidentielle, titre le Wall Street Journal. « Les bombardements de la Russie à Alep – qualifiés de crime de guerre par le gouvernement actuel – n’ont pas dissuadé François Fillon et Marine Le Pen d’appeler à un rapprochement entre Paris et Moscou », ajoute le quotidien selon lequel l’approche similaire des deux responsables politiques vis-à-vis de la Russie pourrait porter préjudice à la position européenne.

Terrorisme

Le New York Times évoque les efforts déployés par la France dans la lutte contre le terrorisme, citant Jean-Marc Falcone, directeur général de la police nationale, selon lequel l’attentat de Berlin confirme « qu’il faut mettre en place un dispositif de sécurité de haute intensité, à la fois actif et passif, sur les grands rassemblements » puisque « l’état de la menace reste très élevé ».

Autres articles à signaler :

En ligne, le New York Times évoque la grâce présidentielle qu’a accordée le président Hollande à Jacqueline Sauvage. « Les violences conjugales sont plus élevées en France qu’en Europe dans son ensemble » selon un rapport de 2014 de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne, rapporte le quotidien.

A la veille de la nouvelle année, le Christian Science Monitor publie un article de prospective sur les enjeux électoraux européens de 2017 en soulignant la montée des partis d’extrême-droite.

  1. International

Israël – Palestine

            L’intervention du secrétaire d’Etat américain sur le processus de paix israélo-palestinien fait la « une » de nombreux médias (WP, NYT, WSJ), qui soulignent que le ton monte entre Israël et les Etats-Unis. Selon le Washington Post, John Kerry a cherché à défendre la politique étrangère des Etats-Unis vis-à-vis d’Israël en rappelant que « des amis doivent se dire la vérité et se doivent le respect mutuel ». Le quotidien estime qu’il n’a pas pour autant omis de condamner « les incitations à la violence de la Palestine » préjudiciables au processus de paix, jugeant la solution à deux Etats « en grave danger ». Ce discours illustre l’opposition entre « deux visions du monde », indique le New York Times : d’une part, celle de Barack Obama dont John Kerry se fait le porte-voix et, d’autre part, celle de Benjamin Netanyahu, soutenu par Donald Trump. L’intervention de John Kerry est « une mise en garde puissante qui intervient au terme d’années de frustration et de tensions durant desquelles l’administration Obama a rendu publiques ses craintes de voir Israël s’isoler et s’enfermer dans une guerre perpétuelle avec les Palestiniens », affirme le quotidien.

Le Wall Street Journal ajoute que le discours de John Kerry s’adressait aussi à la future administration, l’appelant à respecter les principes de longue date qui structurent la politique étrangère américaine – à savoir l’objectif de l’établissement de deux Etats, l’idée selon laquelle les implantations entravent le processus de paix et la nécessité de faire de Jérusalem la capitale des deux Etats. Sur Twitter, Donald Trump a, pour sa part, fustigé « le dédain total » de Washington à l’égard d’Israël, comme le souligne le quotidien. Le discours de John Kerry a aussi « immédiatement » provoqué « l’ire du Premier ministre israélien » qui évoque « l’obsession » de John Kerry vis-à-vis des implantations au mépris des remises en cause de l’existence même de l’Etat d’Israël par la Palestine, rapporte le Wall Street Journal. Pour le Christian Science Monitor, le discours de John Kerry démontre que « le point de non-retour » est quasiment atteint, doutant de la faisabilité de la solution à deux Etats.

Les éditorialistes et les chroniqueurs livrent des analyses divergentes. Dans un éditorial, le New York Times estime que « la confrontation » entre Israël et les Etats-Unis témoigne de la « dangereuse évolution de la politique israélienne qui, sous l’impulsion de Benjamin Netanyahu, s’écarte de l’objectif de la solution à deux Etats ». Dénonçant « les pratiques lamentables du Premier ministre israélien » qui s’immisce dans le débat public américain « plus qu’aucun autre gouvernement, à l’exception de la Russie », le journal ajoute que la décision des Etats-Unis de s’abstenir lors du vote de la résolution des Nations unies est cohérente par rapport « aux valeurs et principes américains » qui prévalent depuis des décennies, jugeant disproportionnées les réactions de Benjamin Netanyahu. Dans Foreign Policy David Rothkopf estime même que « le dernier acte de Barack Obama dans le drame israélo-palestinien est sans doute le meilleur ». Thomas Friedman, dans une tribune du New York Times, considère d’ailleurs que les Etats-Unis se sont comportés « en amis qui empêcheraient un proche de conduire en état d’ébriété ». Enfin, l’équipe éditoriale du New York Times exprime son inquiétude à l’approche de l’arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump, craignant « un futur tragique » si celui-ci décidait de travailler avec l’extrême-droite israélienne défavorable à l’établissement d’un Etat palestinien, empêchant aussi Israël de jouir « de la paix et de la sécurité que le pays mérite ».

A l’inverse, l’équipe éditoriale du Wall Street Journal évoque « la rage de John Kerry contre Israël » et fustige « son incompréhension » du conflit israélo-palestinien dont le quotidien estime qu’il résulte du « refus de la Palestine de reconnaître à Israël le droit d’exister comme Etat juif quelques soient ses frontières ». Estimant contre-productif le discours du secrétaire d’Etat, le quotidien se félicite du tweet de soutien de Donald Trump à Israël. Dans une tribune du journal, Douglas Feith – expert au sein du Hudson Institute, un think tank conservateur – considère même que « la guerre contre Israël n’en finit pas », partageant l’analyse éditoriale du Wall Street Journal et espérant que Donald Trump « déplacera l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem ». C’est aussi l’avis d’un éditorial publié en ligne par la National Review, selon laquelle « John Kerry a fait sienne la propagande palestinienne ».

Syrie

            En « une », le Washington Post rapporte que la reconquête de Raqqa pourrait encore nécessiter plusieurs mois et ainsi ne pas intervenir avant que le président Obama ne quitte la Maison-Blanche, bien que les forces de la coalition se rapprochent de la ville.

III. Politique intérieure

Future administration

Le New York Times s’intéresse à la position du candidat au poste de secrétaire d’Etat – Rex Tillerson – dans le domaine de l’environnement. Selon le quotidien, celui-ci est à l’origine d’un changement de stratégie d’ExxonMobil, annonçant publiquement et dès 2009 le soutien de l’entreprise à une taxe carbone pour lutter contre le changement climatique. Le journal s’interroge toutefois sur l’engagement écologique de Rex Tillerson, notant un écart entre ses discours et ses actes.

L’équipe éditoriale du Washington Post s’interroge sur les modalités du renforcement du contrôle des immigrés en provenance de pays musulmans que le président élu souhaite mettre en place afin de lutter contre le terrorisme. Le journal doute de cette stratégie, rappelant que « plusieurs actes terroristes dont ceux de Paris et d’Orlando ont été perpétrés par des ressortissants nationaux ».

Autres articles à signaler :

En « une », le New York Times fait le portrait de Chicago : la troisième ville la plus importante des Etats-Unis finit l’année avec « une hausse très importante du taux d’homicides, des forces de police démoralisées et qui suscitent la méfiance de la population ». Dans ce contexte, le Wall Street Journal rapporte que Chicago prévoit de recruter 1000 policiers, notamment issus des « minorités ».

Les médias (WP, NYT, WSJ) soulignent l’héritage de Barack Obama dans le domaine de l’environnement après que le président américain a désigné, le 28 décembre, « monuments nationaux » plusieurs sites américains, dans l’Utah et le désert du Nevada.