Synthèse de la presse quotidienne
30 décembre 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- Divers sujets se partagent les Unes de la presse ce matin. La Süddeutsche Zeitung révèle l’« inquiétude à Berlin face aux projets d’Orban dans le domaine [de l’énergie] nucléaire ». La Frankfurter Allgemeine Zeitung note que « les autorités authentifient la vidéo d’Amri » dans laquelle ce dernier annonce l’attaque de Berlin en prêtant allégeance à Daech. Die Welt titre sur le « cessez-le feu hautement explosif pour la Syrie ». Der Tagesspiegel publie un sondage montrant que « les jeunes croient fortement en l’Europe ». Le Handelsblatt indique que le groupe Volkswagen devrait être le numéro 1 mondial des ventes cette année, devant Toyota, malgré le scandale du logiciel truqueur et les problèmes d’image de l’entreprise (« la surprise Volkswagen »).
- Allemagne
« Martin Schulz se retire de la course » (Der Spiegel)
L’hebdomadaire Der Spiegel affirme que Martin Schulz aurait renoncé à se présenter à la candidature du SPD à la chancellerie fédérale en 2017. Le président du parlement européen craindrait l’affrontement lors d’une primaire avec le président du parti Sigmar Gabriel, qui ne s’est pas encore prononcé mais qui a reçu le soutien de plusieurs ministres-présidents SPD, dont celui récemment d’Hannelore Kraft en Rhénanie-du-Nord-Westphalie et de Torsten Albig dans le Schleswig-Holstein.
Attaque terroriste du 19 décembre et sécurité intérieure
Les journaux indiquent que le Tunisien arrêté avant-hier dans le cadre de l’enquête sur l’attaque terroriste de Berlin a été mis hors de cause et libéré. Dans leurs commentaires, les journaux continuent d’exprimer leur incompréhension face à l’erreur d’évaluation de la dangerosité d’Amri par les services de police.
Alors que la coalition SPD-Die Linke-Verts à la tête de la ville de Berlin est soumise à un feu roulant de critiques pour son opposition de principe à l’extension de la vidéosurveillance depuis plusieurs jours, le tabloïd Bild espère une évolution des autorités de la ville après que le maire SPD de la ville a exprimé une ouverture sur la chaîne RBB hier.
« L’aide aux réfugiés, plus chère que prévue » (Handelsblatt)
Le Handelsblatt indique, sur la base de sources gouvernementales, que l’accueil des réfugiés en Allemagne, évaluée à 22 milliards d’euros, risque de coûter davantage que prévu en 2017. Les Länder qui sont mis à contribution à hauteur de 16 milliards d’euros, auraient en effet « mal calculé leurs dépenses » et souffriraient de « la lenteur des reconduites à la frontière » selon le journal. Les Länder demanderaient donc une aide supplémentaire au gouvernement fédéral. Pour faire pression sur les exécutifs régionaux « trop laxiste », le ministre bavarois de l’intérieur CSU Joachim Herrmann, interrogé par le journal, propose « de lier les transferts financiers de l’Etat fédéral pour l’hébergement des réfugiés au rythme des éloignements des déboutés du droit d’asile » réalisé par les Länder.
- Europe
« Les projets nucléaires d’Orban inquiètent Berlin » (Süddeutsche Zeitung)
La Süddeutsche Zeitung rapporte les critiques de la ministre fédérale de l’Environnement et de la sûreté nucléaire, Barbara Hendricks (SPD), contre la loi récemment adoptée par la Hongrie, qui permettra au gouvernement de ce pays de passer outre les procédures d’agrément de son autorité de sûreté nucléaire nationale pour construire deux nouveaux réacteurs dans la centrale de Paks. Ces constructions sont le fruit d’une coopération avec la Russie qui sera scellée lors d’un déplacement de Vladimir Poutine à Budapest en février, précise le quotidien. Dans son commentaire, le journal de Munich critique une action « sans précédent au sein de l’UE » et déplore l’anachronisme, à ses yeux, de l’interdiction faite à la Commission européenne d’agir dans ce domaine, alors que les réacteurs européens vieillissent et qu’un incident grave ne connaîtrait pas de frontière.
« La politique d’invitation était une erreur » / Interview de Sebastian Kurz (Der Spiegel)
Dans une interview à l’hebdomadaire Der Spiegel, le ministre des Affaires étrangères autrichien Sebastian Kurz plaide pour « un système d’asile complètement refondé » en Europe visant à réduire les flux, traiter les demandes d’asile directement dans les zones de conflit et assurer que les demandeurs d’asile « ne choisissent pas le pays d’accueil de leur choix ». L’immigration illégale « devrait être stoppée aux frontières extérieures de l’Europe » avec des politiques de reconduction comme les pratique l’Australie, ou bien orientée « vers d’autres régions sûres en dehors de l’Europe. » Le ministre autrichien plaide également pour couper l’aide au développement aux pays d’origine refusant de réadmettre leurs ressortissants déboutés du droit d’asile en Europe. Sebastian Kurz se prononce enfin pour une application plus flexible des sanctions à l’égard de la Russie et réitère le refus de son pays de voir la Turquie adhérer à l’UE.
Sauvetage de la banque Monte Dei Paschi de Siena / « Qui sauve une fois… » (Süddeutsche Zeitung)
Sous la plume de son chef du service économique, la Süddeutsche Zeitung rejoint la presse conservatrice pour s’offusquer du fait que les institutions européennes ne feront pas obstacle au sauvetage par l’Etat italien de la banque Monte Dei Paschi de Siena, « banque, dont personne n’a besoin » au motif de vouloir protéger des petits épargnants. Si « on n’accepte pas la banqueroute, même d’une petite banque italienne » pourquoi un gestionnaire de banque « se trouverait-il encore dans l’obligation de réfléchir à une gestion responsable du risque ? » s’interroge l’auteur, dans un éditorial à charge.
- International
Syrie / « les doutes demeurent sur le cessez-le-feu » (tageszeitung)
La presse allemande voit dans l’accord de cessez-le-feu pour la Syrie un « coup historique pour Vladimir Poutine » (Die Welt) et un « triomphe géopolitique pour la Russie » (Frankfurter Allgemeine Zeitung). Moscou confirme son nouveau statut d’acteur important au Moyen-Orient, tandis que l’administration Obama, absente de l’accord « ne joue plus aucun rôle », écrit le quotidien de Francfort. La Russie, la Turquie et l’Iran ont toutefois « beaucoup à gagner et beaucoup à perdre » dans cet accord, souligne la Süddeutsche Zeitung pour qui l’intérêt commun des trois puissances devra se confirmer dans la lutte contre le terrorisme. Die Welt met en avant les ambiguïtés d’un accord commun excluant les extrémistes, compte tenu notamment du rôle joué par les milices kurdes dans la lutte contre Daech. La tageszeitung insiste sur le fait que le soulagement de la population civile ne concernera en outre qu’une partie du pays, les territoires contrôlés par les groupes extrémistes devant s’attendre à une escalade de la violence.
« Un Etat, pas d’Etat » (Süddeutsche Zeitung)
La presse, à l’instar de la Berliner Zeitung, salue le plaidoyer de John Kerry pour une solution à deux Etats tout en s’interrogeant sur le sens d’une intervention aussi tardive après « beaucoup d’occasions ratées » au cours des quatre dernières années. La Süddeutsche Zeitung y lit dès lors « la description d’un héritage inaccompli », voire une « posture morale ». La Frankfurter Allgemeine Zeitung constate à tout le moins que les « leçons » du secrétaire d’Etat américain sont jugées « indésirables » par le gouvernement israélien dans cette période de transition. Le correspondant au Moyen-Orient de la Süddeutsche Zeitung s’inquiète surtout que la mise en cause du « mantra » des deux Etats ne s’accompagne pas de propositions de substitution d’Israël ou de l’équipe de Donald Trump. Pour le quotidien, l’Europe et l’Allemagne ne pourront pas rester en retrait./.