Sondages : « Le Parisien » va « faire une pause » pendant la campagne présidentielle

Le quotidien a annoncé que son titre renonçait à commander des enquêtes d’opinion jusqu’à l’élection présidentielle.

Deux mois après les surprises de l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis et de la victoire de François Fillon à la primaire de la droite française, les médias continuent de se remettre en cause. Dernier avatar de cette vague d’introspection : le directeur des rédactions du Parisien-Aujourd’hui en France, Stéphane Albouy, a annoncé que son titre renonçait à commander des sondages ou à placer ceux-ci au centre de son travail journalistique. « On fait une pause, on va aborder cette élection [présidentielle] de façon différente, c’est une expérience que nous faisons », a-t-il expliqué, mardi 3 janvier, dans l’émission « L’Instant M » sur France Inter.

Journaliste de terrain pendant de nombreuses années dans un titre connu pour donner la parole à ses lecteurs, mais aussi pour son usage régulier des enquêtes d’opinion, M. Albouy a décrit sa volonté de voir sa rédaction « humer l’air du temps », « aller sur le terrain », détecter des « signaux faibles » et des « angles morts ». Un appel au reportage et au journalisme de proximité qui évoque ceux formulés par les grands journaux américains au lendemain de l’élection de M. Trump, mais aussi certains dispositifs mis en place à l’occasion de la campagne française, comme la série « Françaises, Français » dans Le Monde.

Les critiques se sont multipliées contre les sondages en 2016, à la suite des élections de M. Trump ou encore du « Brexit » au Royaume-Uni. M. Albouy, lui, n’endosse pas ce discours critique. Le Parisien continuera à recourir aux sondages dans d’autres domaines que la politique et ne s’interdira pas de commenter des sondages réalisés par d’autres médias. Mais il n’en commandera plus – économisant au passage « quelques dizaines de milliers d’euros » par an, selon M. Albouy. Ni ne fera de « une » ou de gros titres sur des enquêtes d’opinion – une pratique qui rappelle celle de journaux anglo-saxons, par exemple du Guardian, mais qu’aucun journal français n’avait jusqu’ici revendiquée.
Le Monde 03/01/2017