Synthèse de la presse quotidienne
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
5 janvier 2017
- Divers sujets se partagent les Unes de la presse ce matin. La Frankfurter Allgemeine Zeitung note que « Mme Merkel soutient les demandes sécuritaires de T. de Maizière ». La Süddeutsche Zeitung fait état d’un projet de loi de la ministre fédérale du Travail SPD, Andrea Nahles, qui vise à donner « davantage de droits aux employés à temps partiel ». L’enquête sur l’attentat de Berlin est à la Une de Die Welt (« après son crime, Amri a pris la pose devant des caméras de vidéosurveillance ») et du Tagesspiegel (« mandat d’arrêt contre un contact d’Amri »). A la veille de la réunion annuelle du FDP à Stuttgart, le Handelsblatt publie une interview du président du parti libéral Christian Lindner (« année décisive pour le FDP »).
- Allemagne
« Merkel soutient les exigences sécuritaires de T. de Maizière » (FAZ)
Alors que le traditionnel séminaire de nouvelle année réunissant le groupe parlementaire CSU a débuté hier, les journaux notent l’opposition du ministre-président de Bavière et chef de la CSU, Horst Seehofer, au projet du ministre fédéral de l’intérieur visant à transférer au niveau fédéral les compétences régionales en matière de renseignement. Reprenant les déclarations du porte-parole du gouvernement fédéral, la FAZ relève que la chancelière a pour sa part apporté son soutien aux propositions de T. de Maizière.
Si le tabloïd Bild souligne que la CSU ne cède pas d’un pouce sur ses positions (exigence d’un plafond de 200 000 demandeurs d’asile annuels, refus de tout projet d’alliance gouvernementale avec les Verts), le Tagesspiegel brosse un portrait élogieux du ministre fédéral de l’intérieur et estime que par ses propositions sécuritaires en réponse à l’attentat du 19 décembre, il prend de vitesse la CSU qui revendique volontiers le « rôle de shérif » et remet habilement la CDU au centre du jeu, à la veille d’échéances électorales majeures.
- Europe
Retour de l’inflation en Europe : « faites marche arrière, Monsieur Draghi ! » (Süddeutsche Zeitung)
La presse allemande est unanime à réclamer la fin de la politique monétaire expansive de la Banque centrale européenne et le relèvement des taux d’intérêt alors qu’« en Europe aussi, les prix remontent et l’inflation revient » (Süddeutsche Zeitung). « Avec 0% d’intérêt et 1,7% d’inflation, ce sont des milliards d’économies qui vont partir en fumée ! », s’indigne le tabloïd Bild qui apostrophe aussi le président de la BCE : « combien de temps encore, Monsieur Draghi ? » Pour Bild, Mario Draghi devrait s’engager « avec la même véhémence » pour sauver l’épargne qu’il l’a fait pour sauver la monnaie européenne car « l’épargne est maintenant dévaluée alors que les Etats de la zone euro continuent à se refinancer avec des emprunts à taux imbattable ». La Süddeutsche Zeitung, longtemps compréhensive face aux arguments de la BCE pour sa politique monétaire, voit le moment venu pour Mario Draghi de tenir compte de la montée de l’insatisfaction populaire en Allemagne et de réduire progressivement son programme d’achat de titres. « La BCE ne peut se permettre de perdre sa crédibilité justement en Allemagne » où les populistes n’attendent que cela pour faire campagne contre l’Europe, écrit le quotidien de Munich : « si à Francfort la BCE ferme les yeux devant la colère des citoyens de son pays d’accueil, c’est tout le projet européen qui risque d’être in fine menacé », met en garde la Süddeutsche Zeitung.
Démission de l’ambassadeur britannique auprès de l’UE
L’ambassadeur du Royaume-Uni auprès de l’UE, Ivan Rogers, a trouvé « des mots durs pour justifier son Exit » (Tagesspiegel) et infligé à Theresa May « sa première honte de l’année » (Die Welt) en dénonçant dans un courriel à ses collaborateurs – dont Die Welt reproduit la teneur après qu’il a fuité dans la presse britannique – la manière erratique dont le gouvernement britannique gère à son avis le dossier du Brexit. « Qu’un haut fonctionnaire, à plus forte raison un diplomate aguerri, excellent connaisseur de l’UE, appelle pratiquement à la rébellion contre son propre gouvernement, voilà qui est inédit », commente le Handelsblatt. Se rangeant à l’avis du Guardian, le Handelsblatt estime que l’impréparation patente de Londres augure bien mal des chances de négocier « à l’amiable » la sortie du Royaume-Uni de l’UE.
Une commission européenne « populiste contre le populisme » selon la FAZ
Dans un éditorial, le correspondant à Bruxelles de la Frankfurter Allgemeine Zeitung critique de manière récurrente la « Commission politique » revendiquée par Jean-Claude Juncker. Certes, reconnaît-il, le président de la commission européenne a pris acte de la montée des mouvements populistes dans les Etats membres et a voulu s’y opposer par des décisions politiques permettant aux gouvernements en place de garder la main face aux eurosceptiques, mais cela a conduit à ce qu’il néglige systématiquement sa mission de gardien des règles européennes, déplore le journal. La mansuétude de J.-C. Juncker ne s’exerce pas qu’au profit des « pays du sud de l’Europe » puisque même l’Allemagne a bénéficié d’un feu vert inattendu pour son projet de péage routier « juste avant le séminaire parlementaire de la CSU », « parce que c’est la CSU », grince le journal. La perspective que le projet de sauvetage des banques italiennes par Rome soit toléré par une commission soucieuse de la stabilité de l’Italie est pour la FAZ la goutte qui fait déborder le vase européen : « cela signifierait que l’UE n’a rien appris de la crise de l’euro et qu’enfreindre les règles est devenu la règle. Ce n’est pas le bon remède contre le populisme », conclut la FAZ.
- International
« La twitter économie façon Trump » (Süddeutsche Zeitung)
Dans un éditorial, la Süddeutsche Zeitung et le Handelsblatt s’inquiètent de la manière dont le futur président américain aurait conduit le constructeur Ford à renoncer à la construction d’une usine au Mexique. « Aux Etats-Unis, c’est le principe de la peur qui règne. Quiconque a quelque chose à perdre renonce à entrer en conflit avec le nouveau président », écrit le Handelsblatt pour qui Donald Trump est en bonne voie pour affaiblir son pays aussi bien sur le plan économique que politique. La Süddeutsche Zeitung craint que cet exemple fasse école et que les constructeurs allemands Audi et BMW également fortement implantés au Mexique finissent eux aussi par céder aux sirènes du protectionnisme américain./.