Synthèse de la presse américaine du 9 Janvier 2017

Lundi 9 janvier 2017

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline (Ambassade de France aux USA)

Validation : Emmanuelle Lachaussée

  1. France/Europe

Montée des populismes en Europe

            Le Wall Street Journal relativise la montée des populismes en Europe qui, selon lui, ne devrait pas permettre la victoire des partis d’extrême-droite lors des élections à venir en France, en Allemagne et au Danemark. En témoignent, indique le quotidien, les récents sondages selon lesquels ces mouvements politiques ne sont toujours pas en capacité de l’emporter à l’échelle nationale. En outre, « les marchés européens ont un degré élevé de résilience par rapport aux risques politiques ». Tel est « le principal enseignement de l’année 2016 », estime le quotidien, lequel s’inquiète cependant des problèmes de gouvernance européenne qui résultent d’un manque d’unité entre les Etats membres.

Time publie une enquête fournie sur le rapprochement perceptible entre Marine Le Pen et la Russie, ajoutant qu’un renforcement des relations franco-russes s’opèrera aussi si François Fillon remporte l’élection présidentielle.

Affaire Kim Kardashian

            Les médias évoquent l’arrestation de dix-sept personnes suspectées d’être impliquées dans le vol dont la vedette de téléréalité Kim Kardashian avait été victime à Paris. Le New York Times et le Wall Street Journal rappellent que cette affaire avait suscité un très vif écho médiatique ainsi que des interrogations sur l’état de l’insécurité dans la capitale dans un contexte de mobilisation très importante des policiers dans la lutte contre le terrorisme.

  1. International

Iran

            La « une » des principaux titres est consacrée au décès de l’ex-président iranien Akbar Hachémi Rafsandjani. Avec la disparition de cette « voix modérée », l’Iran perd « une formidable source de soutien politique alors même que le pays est à la croisée des chemins concernant ses relations avec le reste du monde », déplore le Wall Street Journal. Le New York Times, qui livre une analyse similaire, ajoute que « les réformistes qui luttent contre les partisans d’une ligne dure ont perdu un des leurs et sont désormais affaiblis ». Le quotidien publie aussi un portait de « ce centriste pragmatique enclin à encourager le libéralisme économique » mais partisan « d’un autoritarisme politique ». En revanche, le journaliste Sohrab Ahmari déplore, dans une tribune du Wall Street Journal, « les fantasmes des Occidentaux » et dénonce l’analyse du New York Times, considérant que l’ayatollah Rafsandjani a joué un rôle clef dans l’établissement « d’une autocratie totalitaire ».

Syrie / Turquie – Russie – Etats-Unis

            Selon la « une » du New York Times, les frappes aériennes russes visant à soutenir l’offensive turque au nord de la Syrie montrent « une évolution importante du partenariat naissant entre Moscou et Ankara ». Le renforcement de la relation entre les deux pays est de nature à « poursuivre la marginalisation » des Etats-Unis par rapport au « sort ultime » de la Syrie que les Etats cherchent à définir. A ce sujet, Stuart Rollo, professeur à l’université de Sydney, signe une tribune du Wall Street Journal dans laquelle il estime que les « Kurdes syriens ont leur place à la table des négociations ». Il invite la prochaine administration à leur apporter un soutien politique – qui dépasse le cadre de la lutte contre Daech – et à leur fournir des armes afin qu’ils puissent « se battre pour l’autonomie de leur région ».

Etats-Unis – Asie

            Dans une tribune du Washington Post, Josh Rogin estime que « Donald Trump est susceptible de faire du ‘pivot vers l’Asie’ – un projet phare de Barack Obama – une réalité ». Selon le chroniqueur, l’équipe de transition du président élu soutient l’approche des « faucons » destinée à consolider la présence américaine en Asie dans une lutte d’influence par rapport à la Chine. A cette fin, l’entourage de Donald Trump souhaite soutenir les alliances régionales, renouveler l’intérêt de Washington pour Taïwan et renforcer la présence navale américaine dans la zone. Cette stratégie vise aussi à justifier le rapprochement que Donald Trump souhaite opérer avec Moscou : la future administration arguera du fait que le rival le plus menaçant pour les intérêts américains est Pékin qui conduit « une politique agressive », précise l’auteur.

III. Politique intérieure

Future administration

A l’approche de l’investiture de Donald Trump, de nombreux articles sont consacrés aux controverses que suscitent certains des membres de sa future administration.

Parmi ceux-ci figurent Jeff Sessions, candidat au poste de ministre de la Justice. En « une », le New York Times publie un portrait  du sénateur républicain de l’Alabama. Le qualifiant « d’antithèse de Donald Trump » – en raison de « sa voix fluette », de ses « bonnes manières », de sa foi méthodiste, de sa rigueur et de la constance de son engagement politique en tant que républicain conservateur –, le journal dévoile les ressorts de son rapprochement improbable avec Donald Trump. Parmi ces ressorts figurent la volonté commune de ces deux responsables politiques de s’opposer à l’establishment. « Cette alliance a payé au-delà même de ce que Jeff Sessions pouvait espérer », juge le quotidien qui rappelle que celui-ci est l’un des rares juges fédéraux dont la confirmation avait été refusée, en 1986, par un Sénat dont la majorité était à l’époque républicaine, en raison des remarques racistes qui lui avaient été prêtées. Celui-ci se présentera à nouveau devant le Sénat le 10 janvier, rappelle l’équipe éditoriale du New York Times qui exhorte les élus à empêcher à sa nomination. Dénonçant l’« approche extrême » de Jeff Sessions qui se traduit notamment par « son hostilité vis-à-vis de l’égalité raciale et des droits des femmes », le journal rapporte qu’il dissimule des documents qui lui avaient été demandés préalablement à son audition et s’interroge : « Que cachez-vous, Jeff Sessions ? ». Dans une tribune du quotidien, les professeurs de droit John Donohue III et Max Schoening publient une tribune elle-aussi très critique, affirmant que Jeff Sessions « s’est battu pour que les personnes souffrant de troubles psychiatriques soient exécutées ».

Le Washington Post évoque à nouveau, en « une », les problèmes de conflit d’intérêts potentiels de l’entourage de Donald Trump, dont Carl Icahn, futur conseiller spécial sur les régulations fédérales. Ce milliardaire « aura l’oreille du président » et pourrait en tirer des bénéfices personnels, notamment dans le domaine de l’énergie. Ivanka Trump, qui joue un rôle important dans le groupe de son père, devrait aussi être présente à la Maison-Blanche – de même que son époux, Jared Kushner, dont l’implication auprès de Donald Trump pourrait servir ses intérêts entrepreneuriaux. L’ancien directeur de campagne du président élu, Corey Lewandowski, ne dissimule pas son souhait de tirer profit de sa proximité avec Donald Trump en montant une agence de lobbying. Alors que les auditions devant le Congrès sont imminentes, les critiques relatives aux enjeux de conflit d’intérêt se multiplient, note le quotidien.

En « une », le Washington Post revient sur « l’approche agressive » du général Mattis lorsqu’il exerçait au pentagone – évoquant notamment sa proposition de contre-attaquer l’Iran après que des frappes facilitées par Téhéran avaient tué des soldats américains en Irak en 2011. Si son positionnement n’a vraisemblablement pas changé sur le fond, il pourrait se montrer plus réservé en qualité de secrétaire à la Défense, indique le quotidien.

Politique économique

            Paul Krugman, dans une tribune du New York Times, dénonce la volte-face des républicains prompts à critiquer les effets des politiques de Barack Obama sur l’augmentation des déficits et qui semblent désormais s’en accommoder puisqu’ils prévoient de diminuer les impôts des Américains les plus aisés plutôt que de consacrer ces investissements publics aux infrastructures du pays.

Dans une tribune du Washington Post, Robert Samuelson dénonce la stratégie du « naming and shaming » des entreprises que Donald Trump exploite notamment via Twitter pour empêcher leurs projets de délocalisation. Selon l’auteur, cette méthode, en apparence efficace, pourrait en réalité avoir des effets particulièrement contre-productifs à moyen et long termes.

Piratage russe

Selon l’équipe éditoriale du Wall Street Journal, Vladimir Poutine est le « gagnant » des divisions des élus républicains – auxquelles le quotidien consacre aussi un article – dans l’affaire des interférences russes. Le journal dénonce à la fois l’attitude des démocrates, les accusant d’exploiter le hacking russe comme prétexte pour justifier leur défaite, et Donald Trump qui refuse de reconnaitre que les Russes « ne sont pas les amis des Américains ».