Synthèse de la presse américaine du 11 janvier 2017

Mercredi 11 janvier 2017

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Emmanuelle Lachaussée

  1. France/Europe

Lutte contre le terrorisme

            Le Wall Street Journal rapporte que l’Allemagne souhaite adopter de nouvelles mesures de lutte contre le terrorisme. Rappelant que les autorités allemandes avaient été amplement critiquées car elles n’avaient pas expulsé l’auteur des attentats de Berlin alors même que sa dangerosité avait été établie, le quotidien indique que la législation allemande actuelle protège tout particulièrement les libertés personnelles et conditionne donc strictement les peines de privation de liberté.

Autres articles à signaler :

            Le ministre de la Défense Jean-Yes Le Drian a indiqué que la France doublerait ses effectifs pour lutter contre les cyberattaques, souligne Foreign Policy.

            Bloomberg rapporte qu’Emmanuel Macron a appelé à un renforcement de la défense européenne et de la souveraineté régionale européenne, notamment en raison de l’élection de Donald Trump et du changement de la stratégie militaire américaine qui pourrait en résulter.

Déjà installé à Rome, le New York Times publie une enquête sur les projets d’expansion du site populiste Breitbart – que le futur chef de la stratégie de la Maison-Blanche, Steven Bannon, dirigeait – qui souhaite exploiter la montée des populismes, notamment en France et en Allemagne.

  1. International

Etats-Unis – Russie

            Les sénateurs américains – républicains comme démocrates – ont proposé, le 10 janvier, que de nouvelles sanctions soient adoptées contre la Russie. Cette initiative bipartisane, qui vise à accroître l’isolement économique de Moscou, est de nature à limiter la marge de manœuvre diplomatique de Donald Trump, lequel souhaite opérer un rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie, analyse le Wall Street Journal.

Dans une tribune publiée par le Los Angeles Times, Doyle McManus ajoute que l’établissement d’ « une bonne relation entre Moscou et Washington » ne devrait d’ailleurs pas être un objectif de politique étrangère en soi, rappelant au président élu que cette politique doit d’abord être sous-tendue par la défense des intérêts américains.

Chine

            Dans le domaine de l’environnement, la Chine a exprimé le souhait de « prendre le leadership » sur la scène internationale à la suite de la signature de l’Accord de Paris, rappelle le New York Times. Cependant, la mise en œuvre efficace de cet accord reposant notamment sur « la transparence et la bonne foi » des parties, le journal craint que Pékin ne soit plus réticent à fournir les informations relatives à ses émissions de gaz à effet de serre avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.

Le ministère des Affaires étrangères chinois a annoncé la participation du président Xi Jinping au sommet de Davos qui se tiendra la semaine prochaine, rapporte le New York Times selon lequel cela illustre la volonté de Pékin de « concurrencer Washington en qualité de puissance dominante ». Le quotidien ajoute qu’il s’agira de la première participation d’un dirigeant chinois à cet événement.

Iran

            Le Wall Street Journal rapporte que Téhéran s’est engagé à réduire considérablement son stock d’uranium enrichi, ce qui pourrait « lever un point de discorde » avec la prochaine administration.

Yémen

            Des armes utilisées dans le conflit au Yémen, dont des photographies ont été communiquées par le gouvernement australien, montrent qu’elles ont été fabriquées en Iran, ce qui tend à confirmer l’implication de Téhéran en faveur des rebelles houthis, indique le New York Times.

Etats-Unis – Cuba

            L’équipe éditoriale du Washington Post appelle Donald Trump à poursuivre le rétablissement des liens entre La Havane et Washington en l’invitant à conditionner toutefois « les concessions économiques européennes à une amélioration de la liberté politique à Cuba ».

III. Politique intérieure

Révélations (non vérifiées) de CNN sur Donald Trump

Les médias américains évoquent en « une » du 11 janvier (WP, NYT, WSJ, Vox, Politico, Boston Globe, Chicago Tribune etc.) les informations selon lesquelles la Russie disposerait de vidéos à caractère sexuel compromettantes pour Donald Trump dans le but de « le faire chanter ». CNN a révélé que les services de renseignement américains avaient communiqué ces informations non vérifiées à Donald Trump, Barack Obama et aux dirigeants du Congrès lors d’un briefing confidentiel la semaine passée. Le rapport des services de renseignement a ensuite été publié par le site BuzzFeed. Il s’appuie sur un mémo préparé par un ancien agent du contre-espionnage britannique, jugé crédible par les services de renseignement américain. BuzzFeed a cependant confirmé ne pas disposer d’éléments tangibles pour vérifier les informations publiées sur son site. Politico, le New York Times, le Washington Post et la plupart des médias indiquent, par ailleurs, que leurs efforts pour confirmer ces informations, qui circulent à Washington depuis plusieurs mois, n’ont pas abouti.

Dans ce contexte, The Atlantic estime que la publication du mémo « soulève des questions », jugeant qu’il n’aurait dû être publié qu’une fois les informations vérifiées. Sur Twitter, le chef du bureau à Washington du magazine progressiste Mother Jones a indiqué que « même Donald Trump mérite un traitement journalistique juste ». Toujours sur Twitter, Donald Trump a formellement démenti ces allégations qu’il qualifie de « fausses informations » (fake news) tout en dénonçant « une chasse aux sorcières politique » et en comparant ces pratiques à celles de l’ère nazie. Donald Trump a également partagé un article du site d’information LifeZette – fondé en 2015 par la journaliste ultra-conservatrice Laura Ingraham – qui accuse « les médias de tendance libérale d’abandonner toute éthique journalistique ». Le Wall Street Journal rapporte que la Russie a également contesté la véracité de ces allégations, indiquant qu’elles relevaient d’ « une fabrication absolue » selon la formule du porte-parole du Kremlin qui s’est exprimé à ce sujet.

Le New York Times rappelle enfin que l’ancien chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, avait évoqué avant l’élection les liens présumés entre Donald Trump et la Russie, exhortant le FBI à mener des enquêtes sur ces relations éventuelles. Le directeur de l’agence, James Comey, s’est d’ailleurs refusé à confirmer ou infirmer, lors d’une audition au Sénat le 10 janvier, si une telle enquête était en cours. En outre, celui-ci a indiqué que les ordinateurs du Comité national républicain avait aussi été l’objet d’actions de piratage russe, précisant cependant qu’elles avaient été « limitées », indique le Wall Street Journal.

Discours d’adieu de Barack Obama

Le discours d’adieu qu’a prononcé le président Obama à Chicago le 10 janvier fait la « une » des médias (WP, NYT, WSJ). Huit ans après son célèbre slogan « Yes, We Can », Barack Obama lance un « Yes, We Did » au terme d’un discours au cours duquel il a défendu son bilan économique – soulignant le retour de la croissance –, sa réforme de l’assurance santé, la diminution des troupes américaines présentes en Afghanistan et en Irak, le rétablissement des relations entre La Havane et Washington et la signature des Etats-Unis à l’Accord de Paris, résume le Wall Street Journal. Selon le quotidien, ce discours d’adieu différait de celui des anciens présidents américains tant sur la forme que sur le fond. Sur la forme, il s’agit du plus long discours prononcé depuis Harry Truman. La décision de Barack Obama de le faire à Chicago marque aussi un changement. Sur le fond, le journal relève la « frustration » du président Obama à l’approche de l’investiture de Donald Trump. Barack Obama a d’ailleurs appelé les Américains à l’unité, ajoutant que « la démocratie est en danger dès lors qu’on la prend pour acquise ».

Processus de confirmation

Dans un climat de suspicion vis-à-vis de la Russie, le Wall Street Journal estime que Rex Tillerson, candidat au poste de secrétaire d’Etat, devra se montrer très précis sur la nature des relations qu’il entretient avec Vladimir Poutine. A ce sujet, l’équipe éditoriale de USA Today s’intéresse au « choix controversé » du président élu, soulignant les intérêts financiers très importants de Rex Tillerson liés au groupe Exxon Mobil, de nature à créer des conflits d’intérêt avec les fonctions auxquelles il se porte candidat. C’est pourquoi sa candidature est examinée « au microscope », indique le Christian Science Monitor. Le Wall Street Journal estime cependant que le réseau de contacts de Rex Tillerson, tant parmi les démocrates que les républicains, devrait faciliter la confirmation de sa nomination.

Jeff Sessions, qui devrait prendre la tête du ministère de la Justice, a rejeté les accusations de racisme dont il est la cible, rapporte le Wall Street Journal. Le Washington Post ajoute que le sénateur d’Alabama a indiqué qu’il saurait mettre de côté « sa rhétorique de campagne » et faire prévaloir le droit sur ses opinions politiques. Il a aussi garanti son indépendance vis-à-vis de Donald Trump à qui il s’opposera si besoin, précise le New York Times. L’équipe éditoriale du journal exprime sons scepticisme, estimant que Jeff Sessions est « un beau parleur » qui feint de ne pas se souvenir des éléments de controverse.

Le Washington Post juge que Michael Flynn, le futur conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, a fourni des explications très superficielles lors de son audition devant le Sénat le 10 janvier.

Compte tenu des critiques émises sur le processus de nomination – organisé, selon de nombreux observateurs, à la hâte –, quatre auditions ont été reportées (celles de Betsy DeVos, d’Andrew Puzder, de Mike Pompeo et de Wilbur Ross), rapporte le New York Times en « une ».