Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

20 janvier 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. L’investiture de Donald Trump aujourd’hui fait les gros titres de la presse : « un président pose ses valises » (Die Welt) ; « du nouveau au Nouveau monde » (Der Tagesspiegel) ; « T-Day » (tageszeitung) ; « fini le grand frère » (Handelsblatt). La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre sa Une à la cérémonie d’hommage, hier, aux victimes de l’attentat terroriste du 19 décembre à Berlin et cite le discours du président du Bundestag (« Lammert : nous ne combattons pas l’islam, mais le fanatisme »). La Süddeutsche Zeitung titre pour sa part sur la légalisation du cannabis à usage thérapeutique, qui est accueillie favorablement par le journal (« le cannabis bientôt sur prescription médicale »).
  2. Allemagne

« L’office fédéral en charge des migrations veut inciter davantage au retour vers le pays d’origine » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Dans un entretien à la FAZ, Jutta Cordt, nouvelle directrice de l’Office fédéral en charge des migrations, qui prendra officiellement ses fonctions en février, indique que ses services ont traité l’an passé 700 000 dossiers de demande d’asile dont 60% dans un sens favorable. Soulignant que sur les 40% qui se sont vu opposer un refus, seules 55 000 personnes ont pris la décision de quitter l’Allemagne, elle fait néanmoins valoir que c’est deux fois plus qu’en 2015. Afin d’augmenter les départs volontaires, elle précise qu’il est prévu au budget fédéral une enveloppe de 40 millions d’euros d’incitations financières dans le cadre d’un programme débutant en février.

Scandale Volkswagen/audition de son ex-pdg Martin Winterkorn : « l’homme qui en savait trop peu » (Tagesspiegel)

Au lendemain de l’audition de l’ex-pdg de Volkswagen par la commission d’enquête du Bundestag chargée de faire la lumière sur le scandale des moteurs truqués, les journaux indiquent qu’au cours des deux heures qu’a duré son audition, Martin Winterkorn, dont c’était la première apparition publique depuis sa démission en septembre 2015, a nié avoir eu connaissance de manipulations avant l’éclatement de l’affaire et s’est présenté comme la « victime des agissements des ingénieurs en charge du développement des moteurs » (FAZ).

Dans des commentaires unanimement critiques vis-à-vis d’une ligne de défense jugée peu convaincante, les journaux estiment que Martin Winterkorn a « laissé passer sa chance » (Süddeutsche Zeitung) et donné de lui-même une « piteuse image » (Tagesspiegel). Si la presse met sérieusement en doute la prétendue « ignorance » (Berliner Zeitung), voire « innocence » (tageszeitung) de l’ex-pdg, certains quotidiens estiment que les responsables  politiques sont eux aussi en partie responsables du scandale si l’on en juge par la manière dont les ministres des transports ont systématiquement fermé les yeux sur les « irrégularités » du constructeur en matière d’émissions de CO2, confirmant les managers dans l’idée qu’ils n’avaient aucune conséquence à craindre (Berliner Zeitung). Pour le quotidien alternatif de gaucher tageszeitung, il ne fait aucun doute que Martin Winterkorn avait été mis au courant du trucage des moteurs, mais sans doute oralement, de manière à ce qu’il n’y ait pas de preuve contre lui car plus qu’une réputation mise à mal, l’Allemagne et son premier constructeur automobile ne peuvent se payer le risque d’un procès qui se conclurait par une condamnation à verser des milliards de dédommagements aux clients, ce qui ruinerait l’entreprise.

  1. Europe

« Draghi se contrefiche de la peur de l’inflation » (Die Welt)

Sans surprise, le maintien par la Banque centrale européenne de la trajectoire de sa politique monétaire est mal reçu par la presse allemande malgré les déclarations de son président Mario Draghi « appelant les épargnants allemands à la patience » (FAZ). Die Welt s’étonne de « l’insouciance démonstrative » avec laquelle le président de la BCE a défendu le bien-fondé de cette politique en conférence de presse, « le contraste n’aurait pas pu être plus grand avec l’opinion publique allemande ». Le tabloïd Bild avait « mis la pression sur la BCE » (Die Welt) hier en ouvrant sa Une par le titre « Inflation : tout ce qui est devenu d’un seul coup plus cher ». Les journaux conservateurs se font l’écho de la désapprobation des opposants notoires à la politique monétaire de Mario Draghi, tels le ministre bavarois des Finances Markus Söder (CSU) ou le président de l’institut économique Ifo Clemens Fuest. Inlassablement, la Frankfurter Allgemeine Zeitung réitère ses critiques envers la politique et la personne du président de la BCE et martèle qu’« il est urgent de désintoxiquer la zone euro de la drogue de l’argent bon marché pour augmenter la pression sur les gouvernements de faire des réformes relançant la croissance ».

UE/ Royaume-Uni : « l’exit avant même le Brexit » (Süddeutsche Zeitung)

Le correspondant à Bruxelles de la Süddeutsche Zeitung revient sur la réunion des ministres européens des affaires étrangères ayant suivi la conférence sur le Proche-Orient à Paris pour relayer l’inquiétude et les critiques du chef de la diplomatie luxembourgeoise devant la position de Londres. « Le Royaume-Uni a déjà fait une croix sur la politique étrangère commune, c’est un fait », s’exaspère Jean Asselborn dans un entretien avec le quotidien publié sous forme de compte rendu. Critiquant le fait que Londres notamment ait fait obstacle à une déclaration commune des ministres des affaires étrangères de l’UE saluant les résultats de la conférence de Paris, Jean Asselborn juge que le Royaume-Uni se désolidarise de l’Europe par souci des réactions de Donald Trump, « or si l’UE se laisse impressionner par lui, elle renonce à jouer un rôle de politique étrangère », met-il en garde.

La Süddeutsche Zeitung se penche par ailleurs, dans un commentaire signé d’un autre correspondant, sur les perspectives s’offrant au Royaume-Uni en matière d’accord avec l’UE (« Theresa May refusant le modèle norvégien ou suisse, ne reste qu’un accord de type Ceta »), et appelle à nouveau l’UE à rester ferme dans les négociations de sorte que « pour Londres, le Brexit ne puisse pas être plus avantageux que l’adhésion à l’UE ».

  1. International

Investiture de Donald Trump

L’inquiétude demeure le sentiment dominant dans la presse au jour de l’investiture de Donald Trump, même si des voix s’élèvent chez les acteurs des relations transatlantiques pour appeler à « davantage de sérénité », tel l’atlantiste Friedrich Merz (CDU) sur les ondes de la radio publique Deutschlandfunk, ou encore Die Welt qui commente « Give Trump a chance! ». Le Handelsblatt met l’accent sur le fait que le gouvernement fédéral n’a toujours pas réussi à nouer des contacts personnels avec le nouveau président américain et sa future administration et que l’entourage d’Angela Mekel se préoccupe tout particulièrement de la politique économique « protectionniste » prônée par Donald Trump. Le Handelsblatt, Die Welt et le quotidien alternatif tageszeitung notent que le conseiller diplomatique de la chancelière fédérale, Christoph Heusgen, a recommandé mercredi, face aux députés conservateurs du Bundestag, de faire preuve de « patience stratégique » face à des interlocuteurs « n’ayant pas encore une très grande connaissance de l’UE et de son mode de fonctionnement »./.