Aujourd’hui en Allemagne

 

Synthèse de la presse quotidienne

26 janvier 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Le vaste coup de filet hier dans des milieux d’extrême-droite soupçonnés de préparer des actions violentes fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« perquisitions contre des extrémistes présumés ») et de Die Welt (« perquisitions contre les ‘citoyens impériaux’ – opérations dans 5 Länder »). La Süddeutsche Zeitung consacre à nouveau sa Une à Martin Schulz, candidat du SPD à la chancellerie fédérale (« Schulz mise sur la victoire »).  Der Tagesspiegel relève que « Trump croit à un complot » en matière de fraude électorale lors de la dernière élection présidentielle américaine. Le quotidien des affaires Handelsblatt relève que « les bourses américaines atteignent des records historiques ».
  2. Allemagne

« Schulz mise sur la victoire » (Süddeutsche Zeitung)

Sous ce titre, le quotidien de Munich se fait l’écho des déclarations du candidat tête de liste du SPD à l’issue d’une réunion du groupe parlementaire. « Le SPD se présente pour diriger ce pays et quelle que soit la constellation, nous voulons entrer à la chancellerie », a déclaré Martin Schulz. Le tabloïd Bild fait état d’un sondage INSA selon lequel 58% des Allemands sont d’avis que Martin Schulz obtiendra un meilleur résultat que Sigmar Gabriel, 23% étant d’avis contraire. Ce sondage indique aussi que dans un duel face à Angela Merkel, créditée de 40.5%, Martin Schulz ne recueillerait que 25,5% d’opinions favorables, alors qu’un sondage ARD, selon lequel 64% des Allemands considèrent M. Schulz comme un bon candidat pour le SPD, le place à égalité avec la chancelière (41%).

La Süddeutsche Zeitung indique aussi qu’en dépit du « mécontentement » dans les rangs du SPD face à la manière dont S. Gabriel a annoncé par voie de presse son retrait de la course, le SPD s’est efforcé d’afficher hier unité et confiance. La FAZ note pour sa part la réaction réservée des Verts et de Die Linke, partenaires de coalition potentiels, qui ont respectivement jugé que les contenus sur lesquels le SPD entendait mener campagne demeurent encore vagues et qu’il convenait d’attendre et de juger sur les faits. Bild et FAZ notent que le FDP a critiqué un « retrait désordonné » de S. Gabriel et que le parti juge amoindries les chances de coalition au sein d’une alliance SPD/Verts/FDP.

En posant la question « que veut Schulz ? », le tabloïd Bild reflète aujourd’hui la tonalité de la presse qui s’interroge sur la ligne que va défendre M. Schulz face à Angela Merkel. Le Handelsblatt, qui s’est livré à une exégèse des discours tenus par M. Schulz au parlement européen, en tire la conclusion qu’en politique économique M. Schulz défend « moins d’austérité et une relance de la croissance ». Qualifiant M. Schulz d’« Européen qui s’entend bien avec la chancelière », le Tagesspiegel relève qu’au plus fort de la crise des réfugiés en 2016, il a clairement soutenu l’idée de la chancelière de répartir les réfugiés en Europe ainsi que l’accord avec la Turquie. « M. Schulz est également d’accord avec la chancelière sur l’idée d’une réforme du règlement de Dublin », ajoute le journal.

Dans leurs éditoriaux, les journaux décrivent tous aujourd’hui un SPD en mauvais état et se demandent ce que peut lui apporter M. Schulz comme futur président. De l’avis de la Süddeutsche Zeitung, la décision de S. Gabriel de se retirer est « peut-être une délivrance non seulement pour lui mais pour le parti. Seulement Schulz est Schulz et pas une planche de salut, tout au plus quelqu’un qui pourrait redonner espoir et un visage à la social-démocratie ». Sévère envers S. Gabriel qui s’est selon lui contenté de « gérer la misère du SPD », le quotidien se montre affirmatif sur le fait que « Martin Schulz ne sera pas élu chancelier, en tout cas pas en 2017 », et que, « si tout va bien, il pourra tout juste faire du SPD un parti fort dans l’opposition ». De l’avis de la FAZ, Martin Schulz apparaît comme l’ultime joker du SPD, mais « rien ne permet de dire que tout va changer ». Rappelant que ses prédécesseurs candidats tête de liste Frank-Walter Steinmeier et Peer Steinbrück étaient eux aussi des candidats populaires, ce qui ne les a toutefois pas empêché d’échouer face à Merkel, le journal parie sur le fait qu’il en sera de même pour M. Schulz. Pour le tabloïd Bild, M. Schulz va sans nul doute constituer un « adversaire difficile » pour la chancelière qui ne pourra cette fois « se contenter d’attendre que les autres commettent des erreurs et miser sur la confiance apathique des électeurs, laquelle a déjà été mise à mal par la crise des réfugiés ». « Non, cette fois Angela Merkel va devoir passer à l’offensive », sachant que M. Schulz est « plus difficilement prévisible que S. Gabriel et qu’il dispose de deux atouts qui font défaut à la chancelière: l’émotion et le franc parler ».

Nomination de Sigmar Gabriel comme ministre des affaires étrangères : « un diplomate en chef peu diplomate » (Tagesspiegel)

Pour le journal de Berlin, ce choix est « décidément la plus grande surprise » et « personne au ministère des affaires étrangères ne l’avait anticipé ». « Même pas les collaborateurs les plus proches de S. Gabriel ne le qualifieraient de diplomate », poursuit le journal qui se plaît à souligner que les moins flatteurs à son égard le décrivent volontiers comme versatile et difficilement prévisible. Précisant que l’intéressé a justifié son choix par le fait qu’hormis M. Schulz, il apparaît comme celui qui a la plus grande expérience internationale, le quotidien fait le compte des voyages qu’il a entrepris dans ses fonctions de ministre de l’économie et souligne notamment qu’il s’est rendu ces deux dernières années à deux reprises en Russie et a été le premier au gouvernement à prendre ses distances avec la politique russe de la chancelière. « A la différence d’un Steinmeier, Gabriel devrait être celui qui tiendra davantage tête à la chancelière sur ce dossier », en conclut le journal.

Dans un commentaire peu élogieux, Die Welt estime que S. Gabriel à l’Auswärtiges Amt peut être comparé à « une pomme de terre dans un champ de tulipes ». Ceci étant, la vraie question c’est de savoir si, dans les quelques mois qui restent, il entend mener sa propre politique étrangère ou simplement gérer les affaires courantes, fait valoir le quotidien qui doute de la moindre impulsion nouvelle au motif que « S. Gabriel n’a pas de véritable vision de politique étrangère ». Pour la FAZ, la motivation de S. Gabriel est simple : « il mise de toute évidence sur une reconduction de la grande coalition et espère bien conserver le portefeuille des affaires étrangères après les élections du 24 septembre.

  1. Europe

« Nouvel essai pour le projet de péage automobile » en Allemagne

Parallèlement à l’adoption, hier en conseil des ministres allemand, de rectifications du projet de loi sur le péage automobile se conformant au compromis trouvé avec Bruxelles, les représentants de dix pays de l’UE se sont retrouvés à Bruxelles à l’initiative de l’Autriche « qui cherche à forger une alliance européenne contre le péage allemand », rapporte la Süddeutsche Zeitung. La presse fait essentiellement état de la « colère » du ministre autrichien des Transports, lequel mène la fronde contre ce que plusieurs pays voisins considèrent comme une mesure discriminatoire contre les étrangers. Les positions des autres pays concernés ne sont pas évoquées, mais ce projet de loi suscite également des réserves croissantes chez les responsables politiques allemands, notamment dans les régions frontalières, notent les journaux. « Cette nouvelle version du péage routier allemand est aussi discriminatoire envers les étrangers que la précédente mouture », considère la Frankfurter Allgemeine Zeitung. La Süddeutsche Zeitung juge que le parti bavarois CSU montre à cette occasion les limites de son action politique : « au moins, quand Angela Merkel a provoqué l’ire du reste de l’Europe sur la question des réfugiés, elle a eu le mérite d’ouvrir les yeux de ses voisins sur un problème existentiel. On ne peut pas en dire autant du thème du péage routier qui crée un conflit totalement superflu. C’est là que l’on voit que la CSU n’est pas un parti européen mais régional », grince le quotidien de Munich.

  1. France

« Enquête préliminaire ouverte contre François Fillon » (FAZ)

Les correspondants de la presse allemande à Paris rendent compte de manière détaillée des « lourds soupçons » d’emploi fictif (Handelsblatt) pesant sur le candidat des Républicains à la présidentielle. La Süddeutsche Zeitung, qui invite les conservateurs français à changer de candidat, considère qu’il serait bon d’interdire à un parlementaire d’employer un parent proche « car ce genre d’emploi prête le flanc aux soupçons de népotisme qui nuisent à l’image de la classe politique ». Cette affaire est « un cadeau pour Le Pen », craint pour sa part la Frankfurter Allgemeine Zeitung, « les historiens qui écriront sur l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite devront consacrer un chapitre aux âneries des partis établis »./.