L’actualité des think tanks américains du 19 au 25 janvier 2017

Synthèse hebdomadaire des publications des think tanks 

 Evénement

Le Center for Strategic and International Studies organise le 30 janvier une conférence intitulée: America’s Place in the World – A Conversation with former Secretary of State Madeleine Albright. Lors de cet évènement, l’ancienne Secrétaire d’État évoquera l’évolution de la place des États-Unis dans le monde. La directrice de l’International Security Program du CSIS participera également à cette conversation.     

PREMIERS JOURS DE LA NOUVELLE ADMINISTRATION AMÉRICAINE

Depuis l’investiture du président Trump, les différents think tanks américains se divisent sur des lignes partisanes traditionnelles dans leur analyse des premières actions du nouveau président. Les think tanks conservateurs saluent pour la plupart les initiatives de Donald Trump alors que les chercheurs progressistes s’alarment notamment aux sujets du climat et de la politique étrangère.

La spécialiste du changement climatique et de l’énergie du think tank progressiste estime que la lutte contre le changement climatique sera grandement affectée par la politique américaine sous Donald Trump. « La vaste majorité des pays du monde s’est engagée à Paris et poursuivra le combat pour la planète avec ou sans les États-Unis », commente G. Taraska. Selon elle, le choix de Rex Tillerson comme Secrétaire d’État démontre que la nouvelle administration focalise sur des objectifs à court terme et démontre « une méconnaissance flagrante » de l’importance du climat. La vision du président Trump au sujet de l’environnement est également « contraire » à sa propre politique – America First – selon l’experte, qui estime que l’économie américaine bénéficie grandement de l’innovation et du virage technologique motivé par l’enjeu climatique. « Il y a quelque chose de profondément anti-américain dans le retrait de l’Accord de Paris » conclut-elle.

« Les Républicains devront trouver un moyen de se réconcilier avec les leaders démocrates s’ils désirent remplacer efficacement la loi Obamacare », tel est le constat du politologue conservateur Jeffrey Anderson qui juge « désastreuse » la loi phare du président Obama. Pour lui, une véritable réforme du système de santé aux États-Unis passe par l’amélioration du système fiscal du pays. Les déductions fiscales « doivent être au cœur » de la proposition républicaine de santé, estime-t-il. Le chercheur indique que la définition même de ce qu’est une assurance est attaquée sous Obamacare. « Le fait que les Américains soient forcés de prendre une assurance santé est contraire au principe même de ce qu’est une assurance – si vous n’en voulez pas vous devriez avoir ce choix », conclut J. Anderson.

Le vice-président du CSIS s’est penché sur la réaction des « élites de Washington » au sujet du discours d’investiture de Donald Trump.  « Ici comme ailleurs, des gouvernements populistes et conservateurs gardent les libéraux à distance autant dans la fonction publique que dans la société », indique l’expert. Pour J. Alterman, il existe une réelle tension entre les fonctionnaires dont les emplois sont potentiellement menacés et la nouvelle administration. Il estime toutefois que cette tension ne doit pas mettre en péril le patriotisme américain. Pour lui, les Américains qui travaillent pour leurs concitoyens doivent le faire en fonction de l’intérêt supérieur de la nation et non pas pour des raisons politiques.

 

Autres Sujets                   

Citant une étude du CSIS, le politologue indique que « la stratégie américaine de lutte contre le terrorisme doit inclure les musulmans et non pas les rendre responsables du problème ». Il émet par ailleurs de grandes réserves face à la promesse de Donald Trump de bannir les musulmans des États-Unis. Il juge cependant que la « corrélation entre une interprétation extrême de l’islam et le terrorisme existe et doit être prise en considération dans l’élaboration de la stratégie américaine ». Au final, la coopération doit être de mise pour la nouvelle administration qui aura à définir de manière plus large le terrorisme. « Le menace iranienne est par exemple bien différente de celle que pose Daech, mais doit tout de même être incorporée dans l’élaboration de la stratégie américaine de lutte contre le terrorisme » conclut l’expert.

« Les récents attentats au Mali démontrent non seulement la fragilité de l’État Malien mais également le risque d’augmentation de l’instabilité dans la région », tel est le constat de l’expert de la Rand Corporation. Selon lui, la France a permis aux Maliens, avec l’aide des Nations Unies, de prendre en main leur pays en repoussant les islamistes. Les récents attentats représentent toutefois « un recul » pour les autorités du pays. « Les lacunes au niveau de la gouvernance » figurent parmi les plus grands défis pour le Mali qui, comme d’autres anciennes colonies, a eu peu de temps et de ressources pour faire une « transition vers l’indépendance », estime l’expert. Les partenaires du Mali doivent promulguer de l’assistance tout en acceptant le fait que ce ne sera « jamais suffisant » pour régler tous les « problèmes structuraux issus du colonialisme », conclut M. Shurkin.

À l’heure où la nouvelle administration américaine remet en cause certains éléments phares de la politique étrangère des États-Unis, L’AEI estime que le président Chinois Xi Jinping « y voit une opportunité pour la Chine ». L’expert du think tank conservateur note d’ailleurs que la rhétorique du président Trump depuis le début de la campagne électorale américaine envers la Chine « galvanise les efforts du pays pour affirmer sa puissance dans la région mais également sur la scène internationale ». La remise en cause de la politique «d’une seule Chine» par le président Trump « n’a pas été prise à la légère par le leadership chinois » qui a l’intention « de défendre ses intérêts face aux Américains » affirme M. Auslin. Pour lui, la Chine pourrait utiliser la Corée du Nord afin de tester la diplomatie américaine dans la région. « Les États-Unis doivent s’attendre à voir la Chine confronter les alliés américains afin de mettre la pression sur l’administration » conclut le politologue.