Deux grands thèmes ont animé les think tankers sur les blogs depuis la pause des fêtes de fin d’année : La nouvelle administration américaine et ses conséquences sur la scène internationale. La Syrie, les sanctions contre la Russie, la coopération transatlantique et le discours d’investiture de Donald Trump sont mis en avant par les chercheurs sur les différents blogs. Une tendance se dégage – incertitude et changement de l’ordre mondial.
- You Can’t Always Get The World Order That You Want – Richard Haass, Ryan Evans – War on the Rocks
Lors d’une entrevue tenue la veille de l’investiture de Donald Trump, Richard Haas a discuté de la réalité d’un nouvel ordre mondial avec le directeur de War on the Rock, Ryan Evans. Selon le président du Council on Foreign Relations, le monde est en perturbation car les grandes puissances « n’occupent plus le même rôle qu’auparavant, ce qui crée un vide sur la scène internationale ». Il estime que les États-Unis n’ont par ailleurs jamais vraiment été en position d’hégémonie et ce « même peu de temps après la Guerre froide ». Pour lui, cette réalité s’illustre par le simple fait que « les Américains n’ont pas été capable de stabiliser le monde ». Bien que la puissance absolue des États-Unis ait augmenté dans les dernières décennies, « sa puissance relative a diminué », analyse-t-il. La nouvelle administration semble vouloir modifier fondamentalement les alliances traditionnelles américaines, « ce qui ne fera qu’accentuer ce bouleversement de l’ordre mondial », conclut Richard Haass.
- Can Trump’s Anti-EU Rhetoric Unite Europe? – Ashish Kumar Sen – New Atlanticist
« Nous avons toujours cru que les États-Unis seraient là pour l’Europe. Ce n’est plus le cas avec Donald Trump ». Tels sont les propos du négociateur en chef du Brexit pour l’Union européenne Guy Verhofstadt, lors d’une entrevue donnée au blog New Atlanticist. Citant les déclarations de D. Trump sur l’OTAN et sur les institutions européennes comme exemples, G. Verhofstadt met en garde la nouvelle administration américaine. Pour lui, « une Europe faible et divisée sera une source d’instabilité pour les États-Unis ». Le contexte politique mondial actuel offre cependant « une occasion économique, politique et sociale à saisir pour l’UE », estime l’expert. « Abasourdi » par le discours inaugural du nouveau président des États-Unis, il s’explique mal les raisons pour lesquelles Donald Trump a été élu sous le slogan «Make America Great Again », alors que « les États-Unis sous Obama sont sortis de la crise économique mondiale plus forts que presque tous les autres pays du monde ».
- Tillerson on Syria – Frederic Hof – SyriaSource
« Sous l’administration Obama, deux objectifs ont motivé les actions des États-Unis : défaire le régime de Bachar el-Assad et détruire Daech. Ces deux objectifs ne sont toutefois pas complémentaires ». Tel est le constat de Rex Tillerson au sujet de la Syrie. Selon lui, la priorité doit être d’éliminer Daech « afin de stabiliser la région ». Frederic Hof, directeur du Rafik Hairi Center, émet toutefois des réserves face à cette vision du conflit. Selon lui, « le régime d’Assad, avec l’appui de la Russie, ne représente pas un partenaire efficace pour combattre le terrorisme et l’instabilité dans la région ». C’est d’ailleurs la conclusion d’un récent rapport du Rafik Hairi Center –Combating al-Qaeda in Syria : A Strategy for the Next Administration. L’analyse de Rex Tillerson est « erronée » et la voie qu’il propose ne permettra pas aux États-Unis d’atteindre ses objectifs en matière de sécurité nationale, estime-t-il. « Assad et les extrémistes représentent les deux côtés d’une même médaille » conclut F. Hof.
- Congress, Russia, and sanctions – Steven Pifer – Order From Chaos
Selon le directeur de la Arms Control and Non-Proliferation Initiative « le Congrès devra s’assurer que les sanctions imposées à la Russie atteindront leurs objectifs ». Le président Trump a suggéré de lever les sanctions contre le Kremlin ce qui aurait pour conséquence de diminuer la marge de manœuvre de l’UE dans l’imposition de ses propres sanctions estime l’expert. La Russie doit faire les gestes nécessaires si elle souhaite une levée des sanctions. S. Pifer appelle le Congrès à « contrecarrer les efforts du président Trump » et à « s’assurer de la mise en place d’un agenda législatif robuste permettant l’atteinte de cet objectif » conclut S. Pifer.
- The struggle for the soul of American Foreign Policy has begun – Hal Brands – War on the Rocks
« Le poste de leader du monde libre est vacant ». Tels étaient les propos du président Jacques Chirac face à l’inaction américaine en Bosnie dans les années 1990. C’est également la conclusion du politologue de l’université John Hopkins, Hal Brands, à la suite du discours d’investiture de Donald Trump. Cette « sonnette d’alarme pour tous les alliés des États-Unis » aura pour conséquence de réunir les défenseurs de l’internationalisme et du libéralisme aux États-Unis comme ailleurs, commente H. Brands. Selon lui, le président Trump ne pourra pas simplement « balayer du revers de la main » trois générations de politique étrangère américaine. Le monde se retrouve avec un président américain « voulant détruire le système d’alliances et de coopération international, tout en espérant y récolter la part du lion » conclut l’expert.