Synthèse de la presse américaine du 1er Février 2017

 Mercredi 1er février 2017

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Emmanuelle Lachaussée

  1. France/Europe

Politique en France

« Pourquoi la France est-elle aussi corrompue ? ». Tel est le titre d’un long article de Foreign Policy consacré au « Penelope-gate ». « Les scandales à répétition que connaît la France – au centre desquels se trouvent des responsables politiques de haut nouveau – contribuent à détourner les citoyens des partis traditionnels au profit du Front national », s’alarme le magazine.

Le Christian Science Monitor estime que la victoire de Benoît Hamon est avant tout l’expression d’un rejet massif de François Hollande par le truchement de Manuel Valls.

Autre article à signaler :

Dans une tribune publiée par le Wall Street Journal, Holman Jenkins dénonce « l’incompétence » d’Angela Merkel, déplorant sa gestion de la crise de la dette européenne, l’accueil d’un million de réfugiés ainsi que sa politique environnementale (fermeture de dix-sept centrales nucléaires, recours au charbon et augmentation des émissions de CO2).

  1. International

Relations diplomatiques des Etats-Unis

« Le caractère imprévisible de Donald Trump suscite la méfiance des dirigeants étrangers », titre le New York Times. Selon le quotidien, la stratégie des « faits alternatifs » de la Maison-Blanche – une « litanie de mensonges » – conduit les partenaires des Etats-Unis à s’interroger sur les engagements de Washington en matière commerciale comme dans le domaine de la défense. En outre, à l’approche des élections, la France et l’Allemagne s’inquiètent de la propagation éventuelle des fausses informations qui pourrait résulter d’une stratégie délibérée des organes d’extrême-droite américains tels que le site Breitbart – dirigé jusqu’en août par Steven Bannon, actuellement chef de la stratégie de la Maison-Blanche –, grâce à ses antennes à Paris et à Berlin.

L’Union européenne s’en alarme, ajoute le New York Times dans un article consacré à la lettre que le président du Conseil européen a adressée aux dirigeants des Etats-membres. Le quotidien souligne que Donald Tusk s’inquiète de l’essor des « anti-européens et des eurosceptiques » sur la scène internationale, dans un contexte de mutation des alliances de longue date.

Ukraine – Russie – Etats-Unis

« La guerre en Ukraine s’intensifie alors que les Etats-Unis se rapprochent de la Russie », s’inquiète le New York Times. « La dernière agression en date de Moscou contre Kiev constitue un test pour Washington », estime l’équipe éditoriale du Washington Post. Le quotidien s’interroge sur l’intérêt des Etats-Unis à renforcer ses liens avec la Russie – hormis le cas de la Syrie – et se demande dans quelle mesure « l’offensive des forces soutenues par la Russie contre l’Ukraine », intervenue le lendemain de la conversation téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine, n’est qu’une « coïncidence ».

Iran – Etats-Unis

Selon l’équipe éditoriale du Wall Street Journal, le tir d’un missile par l’Iran vise à « tester » le président américain. Le quotidien l’appelle à respecter ses promesses de campagne vis-à-vis de l’Iran en apportant une réponse ferme, sans quoi « les Iraniens penseront qu’ils peuvent poursuivre leurs essais et menacer la sécurité des Etats voisins en toute impunité ».

Autres articles à signaler :

En « une », le Washington Post estime que le décès d’un soldat américain lors de la première opération antiterroriste au Yémen autorisée par Donald Trump est « une leçon » pour le président américain.

Le New York Times rapporte que Daech a utilisé plus de 80 drones au cours des deux derniers mois pour lutter contre les Irakiens et les forces armées de la coalition.

III. Politique intérieure

Nomination de Neil Gorsuch à la Cour suprême

La nomination de Neil Gorsuch à la Cour suprême en remplacement du juge Scalia fait la « une » des médias. L’équipe éditoriale du Wall Street Journal se réjouit de ce choix « excellent », indiquant que cet « originaliste » (favorable à une interprétation de la Constitution américaine fidèle aux intentions de ses auteurs par opposition à une adaptation de cette interprétation en fonction de l’époque et du contexte) est reconnu « dans les sphères juridiques », notant qu’il est un défenseur de « la liberté religieuse » et ajoutant qu’il est défavorable aux « doctrines qui visent à accorder trop de pouvoir à l’administration ». The Atlantic considère que Donald Trump a « respecté ses engagements » en nommant un juge qui partage la philosophie juridique de son prédécesseur. C’est d’ailleurs un choix « prévisible et logique » pour Politico. Selon le Daily Beast, cette nomination est aussi « une récompense pour la droite religieuse ». En revanche, Bloomberg déplore que Donald Trump ait « abaissé la dignité de la Cour suprême » en entretenant « un suspense » par le biais d’une mise en scène jugée inopportune. 

Par ailleurs, le New York Times rappelle, en « une », que les démocrates – « aigris depuis le refus des républicains, pendant plus d’un an, d’examiner le choix de Barack Obama » – ont promis « une épreuve de force ». L’éditorial du New York Times juge d’ailleurs qu’il s’agit « d’un siège volé ». Si cette nomination, une fois confirmée, est de nature à faire basculer la cour en faveur des conservateurs, le Washington Post note que le rôle « central » du juge Kennedy demeurera néanmoins car l’équilibre des forces ne devrait pas changer.

Nouvelle administration

La « résistance » des démocrates qui ont « intensifié leur opposition à Donald Trump » le 31 janvier en retardant la confirmation de plusieurs membres de l’administration – provoquant les critiques du camp adverse qui les accuse de « paralyser » la formation de la nouvelle administration – fait la « une » du Washington Post. Pour Carl Hulse, qui s’exprime dans une tribune du New York Times, l’establishment washingtonien est même confronté à « un niveau de confrontation et de conflit déroutant » qu’évoque aussi le Wall Street Journal en « une ».

Selon l’équipe éditoriale du Washington Post, cette situation résulte du mode de gouvernance de Donald Trump qui a « cassé les règles non écrites ». C’est aussi l’avis du New York Times qui publie un éditorial dans lequel le quotidien s’alarme que le gouvernement soit « sur la brèche » et travaille « dans le noir ».

L’influence de Steven Bannon continue de susciter de nombreux commentaires. Le Washington Post s’en inquiète : « la rhétorique de Steven Bannon devient le programme de Donald Trump », titre le quotidien en « une ». Selon le Daily Beast, le chef de la stratégie de la Maison-Blanche « crée discrètement un nouveau centre de pouvoir » avec l’aide du gendre du président, Jared Kushner. Ils auraient établi un « groupe d’initiatives stratégiques » qui servirait de think tank interne. Tandis qu’un officiel a assuré que ce groupe visait à aider le nouveau président à « se familiariser avec les différents leviers du pouvoir à Washington », d’aucuns estiment que l’objectif de cet organe est de marginaliser les recommandations émanant des « centres traditionnels de pouvoir » tels que le Conseil de sécurité nationale. Dans une tribune du New York Times, Frank Bruni considère que Jared Kushner n’est que « le passager arrière » de Steven Bannon pour qui « le jeu ne fait que commencer », estime David Ignatius dans une tribune publiée par le Washington Post