VTC : Uber promet un « effort considérable » pour les chauffeurs

La société américaine veut éviter une intervention du gouvernement dans sa politique tarifaire.

Sommé de prendre des mesures pour améliorer le revenu des véhicules de transport avec chauffeur (VTC), Uber s’efforce de garder la main. La plate-forme américaine s’est engagée mercredi à « un effort considérable » en faveur des chauffeurs en difficulté, sans donner davantage de précisions. Cette annonce a été faite lors de l’ultime réunion avec Jacques Rapoport, le médiateur nommé par le gouvernement, au moment même où ce dernier s’apprêtait à présenter à la presse ses préconisations, défavorables à l’opérateur californien.

Après un mois et demi de consultations, Jacques Rapoport demande en effet à Uber « des mesures financières de redressement du revenu » des chauffeurs, une recommandation qui concerne la seule plate-forme américaine, et pas ses concurrents français. Le médiateur justifie cette distinction du fait de sa position dominante (80 % de part de marché environ), mais aussi parce qu’elle concentre les critiques. « Uber a focalisé du désamour, le sentiment [des chauffeurs, NDLR] d’avoir été abandonné », avance-t-il.

1.700 euros par mois, 60 heures par semaine

Selon ses calculs, un chauffeur VTC « normalement efficace » gagne 1.700 euros mensuels net, mais à condition de travailler 60 heures par semaine, sans congés payés, et avec une protection sociale qui ne compense pas la perte de revenu en cas de maladie. De surcroît, les écarts sont importants : « Certains gagnent plus, d’autres moins, beaucoup moins », estime le médiateur. Et c’est encore pire pour les chauffeurs sous statut Loti, utilisé pour contourner la législation sur les VTC. Du fait de charges plus élevées, ceux-ci gagneraient à peine le SMIC, voire moins.

Ces situations dégradées justifient donc pour Jacques Rapoport un geste financier de la part d’Uber, dont il ne précise pas la nature, mais qui pourrait être un retour du taux de commission prélevée sur chaque course de 25 % à 20 %. Le médiateur appelle aussi l’ensemble des plates-formes à mettre en place un «  accompagnement professionnel » pour les chauffeurs en situation de précarité.

Si les difficultés de ces derniers devaient persister, Jacques Rapoport recommande au gouvernement une «  intervention législative », qui pourrait être la fixation d’un tarif horokilométrique minimum. Une mesure qui viendrait entraver la liberté tarifaire du secteur et ne serait certainement pas du goût d’Uber.

En annonçant, à la dernière minute, « un dispositif financier, technique et humain d’envergure pour accompagner les chauffeurs en difficulté », Uber semble donc devancer la demande du médiateur. Celui-ci a salué « un pas important », tout en reconnaissant que les associations de VTC restaient très critiques. Car la proposition d’Uber reste floue («  les contours exacts restent à définir dans les jours à venir », reconnaît l’entreprise), et surtout l’ « effort considérable » annoncé n’est pas chiffré. La société américaine va devoir rapidement préciser sa proposition. Jacques Rapoport a indiqué qu’il allait s’y employer dans les jours à venir.
Les Echos 02/02/2017