Actualité des Think Tank du 26 Janvier au 1er Février 2017

 

Think Tank Hebdo

Newsletter hebdomadaire des travaux des Think Tanks aux Etats-Unis

Du 26 janvier au 1er février  2017
 

Évènement

 

Le Center for Strategic and International Studies (CSIS) organise le 7 février 2017 un évènement pour le lancement de son rapport annuel intitulé : Reccuring Storms : Food Insecurity, Political Instability, and Conflict. Lors de cette présentation, plusieurs intervenants, dont la directrice du Global Food Security Project, Kimberly Flowers, reviendront sur les conclusions du rapport.  

 

 

IMMIGRATION AUX ÉTATS-UNIS

 

L’’immigration a été au premier plan de la dernière campagne présidentielle américaine. En désignant Donald Trump, les Américains ont choisi une ligne dure envers les immigrants clandestins et les réfugiés. À peine une semaine après son discours d’investiture, le président des États-Unis a donc  pris des décrets pour limiter l’entrée des musulmans aux États-Unis. Bien que dénoncées presque unanimement par la presse américaine, ces mesures ont été en partie salué par certains think tankers conservateurs. La réaction de la majorité des chercheurs est néanmoins demeurée largement négative, toutes tendances confondues.

 

–         The Executive Order on Immigration and Refugees : Playing into the Hands of Fear, Prejudice, ISIS, and al Qaeda – Anthony Cordesman – Center for Strategic and International Studies

Selon le politologue du CSIS, l’enjeu du terrorisme et de la menace de Daech contre la société américaine « mérite l’attention de l’administration américaine et ce, sans équivoque ». Pour lui, les mesures d’admissions des immigrants et des réfugiés « doivent également être renforcées ». Ceci étant, l’expert juge « fondamentalement erronée » la démarche du président Trump de bannir des États-Unis des personnes provenant de sept pays majoritairement musulmans. Le partenariat délicat qu’entretiennent les États-Unis avec les communautés musulmanes du monde est quotidiennement « menacé par une minorité terroriste », selon le politologue. « Toutes les personnes concernées par l’élaboration de cette loi auraient dû être au courant des implications sécuritaires d’une telle mesure », estime l’auteur. Cette réaction « féroce » à une menace « limitée » est la « définition même de la propagation de la peur » conclut A. Cordesman.

 

–         Trump’s Reckless Muslin Ban Makes American Less Safe – Ken Gude – Center for American Progress

Pour le chercheur du think tank progressiste, la loi sur l’immigration clandestine et les réfugiés du président Trump a pour objectif « d’empêcher les musulmans de venir aux États-Unis ». Faisant écho aux propos de chercheurs de d’autres think tanks, K. Gude estime que les actions du président américain « favorisent le recrutement de Daech et mettent en péril la sécurité des Américains». Par ailleurs, ces mesures de l’administration américaine ont été condamnées par les puissances occidentales « ce qui fragilise encore davantage le réseau d’alliances traditionnelles des États-Unis », selon l’expert. Dans une conclusion virulente, le chercheur indique que cette loi « causera des dommages irréparables à de nombreuses familles, mettra en péril la sécurité des États-Unis et ne protégera aucun Américain de quoi que ce soit ».

 

–         On Trump’s ‘extreme vetting’ of immigrants and refugees – Danielle Pletka – American Enterprise Institute

Dans un contexte où les politiciens américains ont « de la difficulté à tenir leurs promesses », la vice-présidente de l’AEI estime que les récentes actions du président Trump sont « rafraichissantes » et « ne devraient étonner personne ». Il semble logique, selon l’experte, qu’un politicien ayant juré s’attaquer à l’immigration clandestine et le terrorisme « agisse en ce sens ». Elle indique par ailleurs que les sept pays touchés par cette loi avaient déjà été ciblés par l’administration précédente. « Il n’y a pas de privilège pour ceux qui ne sont pas Américains », indique-t-elle à ce sujet. Au même titre, elle mentionne que le candidat Trump a promis d’arrêter temporairement le programme américain pour les réfugiés le temps de mettre en place des réformes. C’est toutefois au sujet de l’efficacité de la loi que la politologue émet des réserves. Selon elle, les pays visés devraient inclure la Tunisie, l’Arabie Saoudite et même la Russie. Elle note également que les terroristes qui ont perpétré des actes terroristes aux États-Unis n’étaient pas des réfugiés. « Les Américains exigent que les actions du gouvernement soient menées avec compétence », conclut D. Pletka.

 

–         On Silicon Valley and H-1B Visas – Irwin Stelzer – Hudson Institute

À la suite de la dénonciation de la loi contre l’immigration du président Trump par les entreprises de haute technologie américaines de la Silicon Valley, le chercheur conservateur Irwin Stelzer s’est penché sur le rôle de ces compagnies dans la formation de la main-d’œuvre américaine. Il estime que ces entreprises bénéficient du fait que les États-Unis offrent des visas à des travailleurs qualifiés provenant d’ailleurs car ces derniers demandent des salaires moindres que les américains formés aux États-Unis. Selon lui, « cette conspiration entre Apple, Google et Facebook » a eu pour effet de limiter l’avancement des salaires des travailleurs de ce secteur de l’économie. Le président Obama aurait par ailleurs « favoriser ce genre de pratique » selon I. Stelzer qui indique que le président Trump a « davantage à cœur » le bien-être des travailleurs américains. En réponse aux conservateurs qui ont également critiqué la loi du président Trump, l’expert encourage ses collègues à étudier le principe de la « correction d’une imperfection du marché par le gouvernement » afin de justifier l’interventionnisme du président américain.

 

–         Five Reasons Congress Should Repeal Trump’s Immigration and Refugee Ban – David Bier – CATO Institute

Depuis l’annonce de la loi controversée du président Trump, l’institut CATO, think tank conservateur, s’est positionné contre cette mesure « drastique » en s’appuyant sur cinq constats largement repris par la presse américaine. Selon le politologue, expert des questions d’immigrations, « cette mesure viole d’abord et avant tout la loi sur l’immigration de 1965 ». Selon cette législation, la discrimination, notamment liée au lieu de naissance, est illégale. L’expert s’appuie également sur les données du Département d’État américain pour affirmer que les réfugiés et les migrants provenant des sept pays directement touchés par le président Trump « ne représentent pas un risque important pour la sécurité des Américains ». Les immigrants musulmans aux États-Unis « réforment actuellement cette religion pour le mieux », estime D. Bier tout en indiquant que, « philosophiquement », l’Amérique est « une terre d’accueil pour les réfugiés du monde ». «L’Amérique n’a peut-être pas l’obligation d’éteindre tous les feux du monde, mais elle a l’obligation morale de ne pas bloquer les issues de secours », conclut l’expert.

 

–         Trump Scores a Ruinous ‘Own Goal’ in the Middle East – Paul Salem – Middle East Institute

« Les pays du monde arabe se sont réjouis, dans une large proportion, du départ de Barack Obama de la maison Blanche et ont salué l’arrivée de Donald Trump – Cette nouvelle loi met toutefois en danger la construction d’une nouvelle relation avec ces pays ». Tel est le constat du vice-président de l’institut sur le Moyen-Orient. Selon lui, tous les extrémistes du Moyen-Orient se réjouissent de cette mesure « car elle s’inscrit dans leur rhétorique anti-Amérique et anti-Occident ». L’expert s’explique mal l’ampleur d’une telle mesure « si dévastatrice » aussi rapidement dans le mandat de la nouvelle administration qui a pourtant « besoin de tous ses alliés musulmans pour atteindre ses objectifs de sécurité ».

 

 

  Réalisation : Vincent Talbot / Service de presse et communication – Ambassade de France à Washington
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