Synthèse de la presse américaine du 2 Février 2017

 Jeudi 2 février 2017

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Emmanuelle Lachaussée

  1. France/Europe

Campagne présidentielle française

« Marine Le Pen pourrait être la future présidente de la France : comment la combattre ? », s’interroge l’équipe éditoriale de Bloomberg selon laquelle les partis traditionnels doivent s’adresser aux « modérés » susceptibles de voter pour la candidate du Front national sans tomber dans le piège de la culpabilisation des électeurs potentiels de Marine Le Pen – comme cela a été le cas aux Etats-Unis où les critiques virulentes contre les soutiens de Donald Trump ont été contre-productifs, estime Bloomberg.

Selon Foreign Policy, la victoire de Donald Trump donne de l’espoir aux mouvements d’extrême-droite d’une Europe « secouée en plein cœur ».

« La campagne de François Fillon est en crise », estime le Wall Street Journal qui évoque « la frustration des citoyens vis-à-vis de l’establishment qu’ils considèrent trop privilégié ».

Autre article à signaler :

Le Christian Science Monitor se fait l’écho de la loi française interdisant la consommation à volonté de boissons contenant des sucres ajoutés ou des édulcorants (fontaines à sodas) pour lutter contre l’obésité. Le journal rappelle que le taux d’obésité en France est de 15,3% parmi les adultes contre 36,5% aux Etats-Unis.

  1. International

Politique étrangère américaine

La présidence Trump est celle d’une « nouvelle ère pour la politique étrangère », titre le Washington Post en « une ». Selon le quotidien, Donald Trump promeut en effet « une politique combative et iconoclaste » axée sur un processus décisionnel impliquant un cercle restreint de conseillers qui renoncent à la diplomatie traditionnelle au profit d’un principe clef : « l’Amérique d’abord ». Cette évolution est encouragée par des personnalités influentes telles que Michael Flynn – conseiller à la sécurité nationale – et Steven Bannon – chef de la stratégie de la Maison-Blanche – selon le journal qui s’interroge sur la marge de manœuvre du secrétaire d’Etat Rex Tillerson.

Cette mutation annoncée de la politique étrangère américaine est susceptible d’avoir des conséquences « désastreuses » pour l’Europe, estime Melvyn Krauss dans une tribune du Wall Street Journal. Déplorant « l’attitude moralisatrice » des Européens, qu’il juge stérile, l’expert de la Hoover Institution de Stanford les appelle à « influer sur la politique étrangère de Donald Trump » en augmentant leurs contributions financières en matière de défense dans le cadre de l’OTAN tout en le conditionnant, par exemple, au maintien des sanctions américaines contre la Russie que le président américain envisagerait de lever.

Le Los Angeles Times partage cette analyse dans un article intitulé « Donald Trump déstabilise l’Europe de l’intérieur et de l’extérieur », estimant par exemple que « l’engagement bipartisan des Etats-Unis en faveur d’une Europe libre et en paix est aujourd’hui remis en cause » et évoquant notamment l’impact de l’élection du président américain sur les populismes européens.

Dans ce contexte, l’équipe éditoriale du Wall Street Journal espère que Donald Trump sera plus attentif aux analyses de David Petraeus que ne l’était Barack Obama. L’ancien chef des troupes de l’OTAN estime que « l’ordre international est confronté à des menaces sans précédent » émanant de la Russie, de la Chine et de l’Iran, des puissances qu’il qualifie de « révisionnistes » –  c’est-à-dire souhaitant bouleverser le statu quo qui prévaut depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Etats-Unis – Australie

Les médias (WP, NYT, WSJ) s’étonnent de la tournure de la conversation téléphonique entre le président américain et le Premier ministre australien le 28 janvier. Donald Trump a « incendié » Malcolm Turnbull au sujet de l’accord entre Canberra et Washington qui prévoit l’accueil de migrants aux Etats-Unis et mis brusquement fin à la conversation, rapporte le Washington Post. « Ce comportement suggère que Donald Trump est capable de soumettre les dirigeants du monde, y compris les proches alliés, au vitriol qu’il utilise fréquemment contre ses adversaires politiques et les médias, dans ses discours comme sur Twitter ». Le New York Times n’exclut pas « une rupture » entre les Etats-Unis et l’Australie.

Etats-Unis – Iran

La mise en garde signifiée par Michael Flynn (conseiller à la sécurité nationale) vis-à-vis de Téhéran après le test d’un missile par l’Iran (WSJ) – qui, sur la forme, témoigne d’un « ton direct » mais qui, sur le fond, manque de précisions – suggère que le président Trump « laisse toutes les options ouvertes sur la table, y compris une confrontation militaire », analyse le New York Times. Suzanne Maloney, de la Brookings Institution, estime qu’il y a « un large consensus international sur le caractère indésirable de ces tirs, bien qu’ils ne violent pas explicitement la résolution 2231 des Nations unies, contrairement à ce qui a été indiqué par Michael Flynn », rapporte le Washington Post.

Yémen

Le Washington Post évoque le décès de civils dans une opération antiterroriste américaine au Yémen qui, selon le New York Times en « une », suscite des interrogations sur les modalités de préparation de la mission.

Autre article à signaler :

Les Etats-Unis et le Mexique ont fait « les premiers pas » vers la renégociation de l’ALENA, rapporte le Washington Post.

III. Politique intérieure

Islam aux Etats-Unis

« Une perception sinistre de l’Islam oriente désormais la Maison-Blanche ». Tel est le titre d’un dossier publié en « une » du New York Times selon lequel Donald Trump a fait sienne la méfiance de son entourage – Steven Bannon et Michael Flynn – vis-à-vis de l’Islam. Dans une tribune publiée par le quotidien, Nicholas Kristof présente ses « excuses aux Musulmans », indiquant que « le président Trump, ce n’est pas l’Amérique ».

Décret sur l’immigration

Le décret sur l’immigration de l’administration Trump continue de susciter de nombreux commentaires. En « une », le Wall Street Journal s’inquiète des restrictions envisagées sur le visa H-1B qui permet à des salariés qualifiés d’être recrutés par des entreprises américaines et qui « poseraient notamment de sérieux risques pour la Silicon Valley ».

Selon le Daily Beast, ce décret devrait malgré tout permettre aux salariés étrangers employés par le groupe Trump de poursuivre leurs activités ; le journal indique que « Donald Trump a embauché de nombreux étrangers, en situation légale ou illégale, pour construire ses tours ». Plus généralement, l’équipe éditoriale du New York Times déplore le mélange des genres de Donald Trump qui profiterait de sa présidence pour relancer les activités hôtelières de son groupe ou encore doubler les frais d’admission à son club de Mar-a-Lago.

Donald Trump – presse

Reuters a publié des consignes sur la manière de « couvrir » Donald Trump dans un contexte de relations très dégradées entre le président américain et les médias traditionnels.