Synthèse de la presse américaine du 6 Février 2017

 

Lundi 6 février 2017

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Emmanuelle Lachaussée

  1. France/Europe

Campagne présidentielle française

Le New York Times souligne de fortes similitudes entre le discours « populiste » qu’a prononcé Marine Le Pen à l’occasion du lancement de sa campagne le 5 février et les thèmes que met en avant Donald Trump (immigration, bureaucratie, Islam). Selon le journal, la présidente nationale du Front national aurait dépeint la France, « un pays prospère », comme « un naufrage assiégé » en proie à deux « totalitarismes : l’islamisme et la mondialisation ».

Pologne – Europe – Etats-Unis

L’arrivée au pouvoir de Donald Trump est de nature à conduire la Pologne à améliorer les relations qu’elle entretient avec l’Union européenne depuis que le parti Droit et justice a remporté les élections législatives en 2015, indique le Wall Street Journal. Le rapprochement annoncé entre Washington et Moscou susciterait des inquiétudes à Varsovie, le gouvernement polonais craignant pour sa sécurité nationale et redoutant l’extension du ‘soft power’ de la Russie, estime le quotidien.

Finance

Selon Bloomberg, la décision de Donald Trump de remettre en cause la loi Dodd-Frank adoptée après la crise financière de 2008 (WSJ) vise à accroitre la marge de manœuvre des institutions financières américaines et constitue « une mauvaise nouvelle pour les banques européennes qui peinent encore à élaborer un modèle permettant une rentabilité des capitaux propres suffisante ».

  1. International

Etats-Unis – Iran

En « une », le Washington Post s’alarme de la montée des tensions entre les Etats-Unis et l’Iran après la « mise en garde » qu’a adressée le conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn à Téhéran – en raison d’un tir de missile – la semaine dernière. L’équipe de Donald Trump « dévie » fortement de l’approche de l’administration Obama qui était axée sur le respect de l’accord sur le nucléaire iranien, commente le quotidien qui émet l’hypothèse d’un « retour aux tensions de l’ère Bush » alors que « l’Iran est bien plus fort aujourd’hui, ayant tiré profit de six ans de turbulences au Moyen-Orient pour renforcer ses capacités militaires et son influence dans la région ».

Dans une tribune publiée par le Wall Street Journal, l’ancien représentant américain auprès des Nations unies John Bolton estime pour sa part que le tir de Téhéran « donne une raison de plus » au président Trump d’imposer des sanctions contre l’Iran, de tenir un discours ferme et d’abroger l’accord sur le nucléaire uranien. Foreign Policy rappelle que « la confrontation » entre les Etats-Unis et l’Iran se traduit déjà sur le terrain au Yémen où les soldats américains combattent les rebelles soutenus par Téhéran.

Par ailleurs, les Etats-Unis chercheraient à « rompre l’alliance militaire et diplomatique entre l’Iran et la Russie » afin de lutter contre Daech et mettre un terme au conflit syrien tout en levant la contradiction que posent les souhaits de Washington de se rapprocher de Moscou d’une part et de s’opposer à Téhéran d’autre part, rapporte le Wall Street Journal en « une ».

Etats-Unis – Russie

Bien que Donald Trump défende en public Vladimir Poutine, le Daily Beast indique que les décideurs américains dépensent, « en coulisse », des dizaines de millions de dollars pour contrer la propagande du régime russe – une initiative qui s’est « glissée » dans « les milliers de page du programme de défense annuel des Etats-Unis ».

Etats-Unis – Asie

Le New York Times souligne la modération du secrétaire à la Défense James Mattis  qui a tenté de rassurer ses interlocuteurs à l’occasion de son déplacement en Asie où il a notamment indiqué à son homologue japonais que les Etats-Unis continueraient à honorer le pacte de défense qui lie Tokyo et Washington.

Politique étrangère américaine

            Dans un éditorial, le New York Times rapporte que les représentants démocrates Edward Markey et Ted Lieu ont déposé une proposition de loi empêchant le président américain de déclencher l’arme nucléaire sans qu’une déclaration de guerre n’ait auparavant été décidée par le Congrès.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, appelle Donald Trump à ne pas affaiblir le soutien des Etats-Unis à l’organisation internationale car cela pourrait conduire d’autres pays à faire de même, rapporte le Wall Street Journal.

Fausses informations

La propagation de fausses informations que facilitent les réseaux sociaux fait l’objet d’un article du Washington Post. Le journal évoque la plainte déposée contre Facebook par un syrien qui avait pris un « selfie » avec Angela Merkel après que la chancelière a annoncé que l’Allemagne accueillerait un million de réfugiés et dont l’extrême droite s’était emparé pour faire croire qu’il s’agissait d’un complice des attentats de Bruxelles et de l’attaque de Berlin. Le quotidien rappelle que les Européens déploient des efforts conséquents pour que les réseaux sociaux participent à la lutte contre la dissémination de ces rumeurs.

III. Politique intérieure

Décret sur l’immigration

Le décret sur l’immigration de l’administration Trump continue de faire l’objet d’une très importante couverture médiatique après qu’un juge fédéral de Seattle, James Robart, l’a bloqué. Cette décision a provoqué l’ire du président américain qui livre, sur Twitter, des attaques en continu contre ce juge qu’il accuse de « mettre le pays en péril en l’ouvrant à de potentiels terroristes ». Donald Trump conteste d’ailleurs le sondage de CNN selon lequel les Américains seraient majoritairement opposés à ce décret, accusant les médias de propager des fausses informations. Politico rapporte que la bataille judiciaire devrait se poursuivre compte tenu de la mobilisation des opposants au décret – parmi lesquels trois états américains, une centaine d’entreprises de technologie et des groupes de défense – qu’évoquent aussi le Washington Post et le New York Times en « une ».

Dans un éditorial très critique, le Wall Street Journal estime que l’équipe de Donald Trump est responsable de l’aggravation des tensions provoquées par ce décret, dénonçant le manque de transparence de son équipe et déplorant les attaques du président contre la branche judiciaire – c’est-à-à-dire contre « l’Etat de droit ». « Les méthodes de Breitbart fonctionnent peut-être en ligne mais pas dans le Bureau ovale », lance le quotidien.

Nouvelle administration

Le Washington Post souligne le manque de diversité de l’équipe de Donald Trump. Parmi les vingt et un membres du gouvernement, on compte « seize hommes blancs », « un afro-américain » et « quatre femmes dont deux d’origine asiatique ».

Selon l’équipe éditoriale de USA Today, Steven Bannon – le chef de la stratégie de la Maison Blanche – et Abou Bakr al-Baghdadi – à la tête de Daech – partagent « une vision apocalyptique d’un clash des civilisations entre l’Islam et l’Occident ».