Synthèse hebdomadaire des publications des think tanks
Evénement
Le Center for Strategic and International Studies organise le 16 février un débat intitulé Debate : European Missile Defenses for NATO dans lequel il sera question de l’approche européenne de l’OTAN.
DIPLOMATIE AMÉRICAINE
Alors que la nouvelle administration américaine s’empresse de mettre en œuvre la politique étrangère définie par le président Trump lors de sa campagne, les think tanks tentent de comprendre les nouvelles priorités de politique étrangère que sont la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique, la limitation de l’immigration, la relation américano-israélienne et le conflit en Syrie.
- The U.S.- Mexico relationship is dangerously on the edge – Arturo Sarukhan – Brookings
Faisant état de la tension entre le Mexique et les États-Unis depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, le politologue de la Brookings s’est penché sur les conséquences à long terme d’une « détérioration aussi rapide d’une relation qui a pourtant pris des décennies à construire ». Selon lui, le président Mexicain Peña Nieto « a eu le bon réflexe » en annulant sa visite aux États-Unis. L’expert estime qu’il est à l’avantage de tous les partis de voir le leader du Mexique « ralentir la cadence effrénée à laquelle Donald Trump veut faire passer ses réformes». Par ailleurs, l’argumentaire du président Trump est basé sur le déficit commercial entre les deux pays qui ne représente dans les faits « qu’une minime partie de l’équation bilatérale qui unit les deux nations ». Pour l’expert, le Mexique « n’est pas l’ennemi des États-Unis », mais le président Trump ne doit pas « prendre pour acquis cette relation harmonieuse ». Si elle continue de se détériorer « les États-Unis pourraient rapidement réaliser l’importance qu’avait cette relation pour le bien-être des Américains et des Mexicains », conclut A. Sarukhan.
- The Wrong Presidential Memorandum on Defeating ISIS and an Uncertain Memorandum on Rebuilding the U.S. Military – Anthony Cordesman – Center for Strategic and International Studies
« Le manque de coordination avec les agences gouvernementales et l’imprécision du vocabulaire utilisé par l’administration Trump dans l’élaboration de sa stratégie de contre-terrorisme soulèvent de sérieuses questions ». Tel est le constat du politologue du CSIS qui estime que le mémorandum du président Trump s’attaque à une menace « bien réelle » mais le fait « de façon désordonnée ». Selon lui, le texte en soit est « tellement mal préparé qu’il est presque ridicule ». L’expert, qui se fait notamment l’écho des critiques de certains agents du ministère de la Défense au sujet de la stratégie de l’administration Obama, évoque la nécessité d’une stratégie « beaucoup plus vaste et intégrée » afin de combattre Daech. A. Cordesmans estime par ailleurs que l’administration « devra prendre en considérations les atouts de ses alliés » dans son approche si elle la veut efficace. « La meilleure chose au sujet de ce mémorandum est le fait qu’il ne limite pas la Secrétaire à la Défense dans sa marge de manœuvre pour adopter une meilleure stratégie », conclut le politologue.
- Renewing American strength abroad: A conversation with Senator Tom Cotton – American Enterprise Institute
Lors d’une conférence organisée par l’AEI, le sénateur républicain s’est placé dans la ligne du nouveau président en matière de politique étrangère et de défense. Le sénateur Cotton s’est ainsi fait l’écho de propos tenus par le président Trump sur l’OTAN, « une organisation indispensable pour la paix mondiale à condition que tous les pays membres s’assurent d’octroyer 2 % de leur PIB à la défense ». Il estime que pour assurer la paix et la prospérité dans le monde les pays membres de l’organisation internationale « doivent comprendre que cet argent est nécessaire » et qu’il ne doit pas servir à d’autres programmes comme « les soins de santé ou les pensions de vieillesse ». Pour lui, la seule et unique façon d’assurer la position américaine dans le monde est d’augmenter le budget du ministère de la Défense « de l’ordre de 15% », de mettre à niveau l’armement nucléaire du pays et de créer une économie basée notamment « sur les ressources pétrolières américaine ».
- Six Challenges to U.S.- Israel Relations under Trump – Eran Etzion – Middle East Institute
L’ancien diplomate israélien s’est penché sur la nouvelle politique des États-Unis vis-à-vis d’Israël. Selon lui, l’idée phare du président Trump, « L’Amérique avant tout – America First » est une indication que l’État hébreu n’aura pas une place dominante dans les affaires américaines. Il estime que les États-Unis se concentreront davantage sur la Russie et la Chine que sur l’Égypte et l’Arabie Saoudite, qui sont pourtant « des adversaires d’Israël ». Par ailleurs, les décisions du président Trump dans le secteur de l’énergie auront « des répercussions directes sur la stratégie américaine au Moyen-Orient » indique l’expert, qui croit savoir que le président mettra l’accent sur l’exploitation des énergies fossiles américaines et limitera autant que possible les exportations.
AUTRE SUJET
- Why Tech Companies Are Getting Political – David Boaz – Cato Institute
Le politologue de l’institut Cato s’est intéressé à la relation tendue qui s’est établie entre les entreprises de haute technologie et l’administration Trump. Selon lui, les réserves qu’ont exprimées les compagnies, notamment de la Silicon Valley, au sujet du décret sur l’immigration du président « auront des effets sur le lien qu’ils entretiendront avec la Maison Blanche ». Il estime que ces entreprises sont « plus libérales » que le reste de la population et ont « à cœur les droits des minorités qui constituent une large portion de leurs ressources humaines ». Les corporations de ce secteur de l’économie ont «longtemps ignoré » Washington mais sont maintenant « ouvertement inquiètes par rapport aux politiques du gouvernement » conclut l’expert.