La politique étrangère américaine sous Donald Trump et ses conséquences sur l’ordre mondial ont animé les réflexions des think tanks récemment. Les relations entre les États-Unis et la Chine, le conflit en Syrie, l’accord sur le nucléaire iranien et le dialogue entre l’Union européenne et la nouvelle administration américaine sont mis en avant par les chercheurs.
- Has China Been Practicing Preemptive Missile Strikes Against U.S. Bases?– Thomas Shugart – War on the Rock
Selon le chercheur, qui cite une étude de la Rand Corporation, Pékin aurait maintenant la capacité militaire nécessaire afin de menacer la présence américaine en mer de Chine méridionale. Il estime que la nouvelle administration américaine doit prendre « extrêmement au sérieux » la possibilité d’une attaque préventive chinoise sur les intérêts américains dans la région. Cette menace est d’autant plus réelle à l’heure où le régime de Xi Jinping estime que ses intérêts sont menacés par la rhétorique du président Trump. Selon les experts du département de la défense américain dont les propos sont rapportés par le think tanker, la Chine mettrait en l’avant une « stratégie de frappe préventive » permettant un retrait des forces ennemies au lieu d’une « bataille directe menant à une guerre certaine ». L’expert estime primordiale la mise en place d’une « stratégie de dissuasion » par le Japon et les États-Unis. La nouvelle administration doit s’assurer que la Chine « ne tentera pas de profiter de la conjoncture politique pour attaquer les intérêts américains dans la région », conclut l’expert.
- Trump, Europe, And the Quest to Save NATO– Colin Dueck – War on the Rocks
Bien que la première rencontre entre le président Trump et la haute représentante pour les affaires étrangères de l’Union européene Federica Mogherini « se soit bien déroulée » le politologue de l’université George Mason estime que les tensions entre les pays de l’Union européenne et les États-Unis « ne font que s’accentuer depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump ». Il est « peu probable », selon l’expert, que le président des États-Unis revienne sur ses intentions de mettre sous pression les membres de l’OTAN qui n’octroient pas 2% de leur PIB à la défense. Bien qu’il ait affirmé par la passé que l’organisation de défense était obsolète, le président américain et son administration ont depuis atténué leurs propos ce qui laisse présager que le président Trump « veuille garder toutes les options sur la table au sujet de l’OTAN », selon l’expert. Le chercheur estime que le président Trump sera « de plus en plus convaincu de l’importance de l’OTAN » au cours des prochaines années, alors que de nouveaux défis de coopération militaire feront surface. Les réalisations de l’organisation internationale depuis sa création « sont impressionnantes » et ont permis d’éviter l’escalade de plusieurs conflits, indique le politologue. Il faudra toutefois reconnaître la « vision du président Trump » si l’OTAN se réforme pour le mieux à la suite « de la rhétorique de l’administration américaine », conclut C. Dueck.
- EU Seeks to Preserve Iran Nuclear Deal – Ashish Kumar Sen – New Atlanticist
Selon la haute représentante pour les affaires étrangères de l’Union européenne, Federica Mogherini, dont les propos sont rapportés dans le blog New Atlanticist, l’administration Trump et l’Union européenne « ont tous deux à cœur de s’assurer que l’Iran n’obtienne pas la bombe nucléaire ». Pour elle, « il est clair que les Européens veulent préserver l’accord sur le nucléaire iranien ». Bien que le président Trump ait décrit l’accord comme « un fiasco », F. Mogherini estime que l’UE et les États-Unis partagent à terme les mêmes objectifs par rapport à l’Iran. Elle a d’ailleurs exprimé à ses homologues américains qu’il est important pour l’UE d’entretenir une relation commerciale et politique avec l’Iran « bien que cela ne soit pas la position américaine ». Pour elle, le dialogue entre la nouvelle administration et l’UE est positif et basé sur des « intérêts mutuels indéniables ». F. Mogherini se dit toutefois « inquiète » de la potentielle position américaine face à la Russie qui représente une « menace » pour la souveraineté de certains pays d’Europe de l’Est.
- Rebuilding or redefining Syria? – Omer Karasapan – Future Development
«Le temps est venu de penser à une stratégie post-conflit en Syrie à la suite du cessez-le-feu négocié par l’Iran, la Russie et la Turquie ». Tel est le constat de l’expert de la Banque mondiale qui estime que 20 ans seront nécessaires pour que le pays retrouve un PIB similaire à celui d’avant la guerre civile. Il croit cependant « peu probable » une sortie de crise durable sans un accord de paix « fort et négocié ». Les efforts actuels de la part de l’Iran et du régime Syrien afin de repeupler certaines régions dévastées avec une population majoritairement chiite ne font « qu’augmenter les tensions » selon O. Karasapan qui indique également que tous les efforts de reconstruction « sont loin » d’atteindre le niveau nécessaire à une paix durable. Pour l’heure, toutes les mesures censées favoriser la reconstruction du pays « ne font qu’exacerber les divisions profondes de la Syrie » conclut le think tanker.