Les énergies renouvelables au secours du nucléaire

 

En 2016, elles ont assuré près de 20 % de la consommation de la France.

NERGIE Les années se suivent et ne se ressemblent pas pour le bilan électrique français. C’est le premier message qu’a voulu faire passer mercredi François Brottes, président du directoire de Réseau de transport d’électricité (RTE), filiale d’EDF gestionnaire des lignes haute et très haute tensions, à l’occasion de ce rendez-vous traditionnel. En 2016, la production nucléaire a chuté de près de 8 %, à 384 térawattheures (TWh), introduisant une vraie rupture avec les années précédentes.

Ce repli s’explique par l’arrêt de plusieurs réacteurs d’EDF – jusqu’à une vingtaine en novembre, soit un bon tiers du parc – pour des opérations de maintenance ou des tests de résistance de certains gros composants. « Cette situation a fait que le réseau a disposé de moins de marges de manœuvre pour affronter le cœur de l’hiver, souligne François Brottes. Alors que nous disposons généralement d’un matelas de sécurité de 4 000 mégawatts (MW) pour répondre à la demande, nous sommes tombés certains jours à près de 500 MW. »

Le spectre de la pénurie d’électricité qui a hanté la France fin décembre conduit-il à devoir s’habituer à une production nucléaire plus volatile que par le passé ? « Nous ne sommes pas là pour prévoir le fonctionnement du parc de réacteurs, c’est le rôle d’EDF, enchaîne François Brottes. En revanche, notre mission consiste à parfaitement sécuriser l’équilibre entre offre et demande d’électricité. »

Bond du solaire

Dans cette perspective, l’entreprise a investi plus de 1,5 milliard d’euros l’année dernière pour renforcer ses infrastructures et les doter de nouvelles solutions technologiques. Cet effort se poursuivra en 2017 avec le déploiement en Bretagne des quatre premiers postes électriques numériques. Ils permettront de bien adapter le transport d’électricité au « mix énergétique » de la région.

Un « mix » qui a évolué à l’échelle du territoire : en 2016, la baisse de l’atome a coïncidé avec une forte croissance des énergies renouvelables qui ont progressé de 4,8 %. Production hydraulique comprise, elles ont couvert environ 20 % de la consommation d’électricité du pays. Tandis que le solaire a bondi de 11,3 % à 8,3 TWh, l’éolien a enregistré un léger recul – de 1,8 % à 20,7 TWh. Mais c’est l’hydraulique qui reste, et de loin, le premier pourvoyeur d’énergies vertes, avec une augmentation de 8,2 % à 63,9 TWh. Il a profité en l’occurrence de conditions météorologiques très favorables, caractérisées par une forte pluviométrie.

Cette accélération du renouvelable se retrouve dans la croissance du parc de production, toutes énergies confondues : il a gagné 1 700 MW, « verts » dans leur quasi-totalité. Les experts insistent souvent sur la dichotomie entre la construction de nouvelles capacités dans le renouvelable et le niveau de production effective, celui-ci étant limité en raison de l’intermittence du solaire ou de l’éolien. À l’inverse des sources de production, la consommation d’électricité en France reste ­stable. Corrigée des aléas climatiques, elle est restée l’année ­dernière à 473 TWh, selon les données publiées mercredi par RTE.

Le Figaro 16/02/2017