Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

20 février 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Le discours du vice-président américain à la conférence sur la sécurité à Munich fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung et de la Süddeutsche Zeitung (« Pence garantit aux Européens la fidélité des Etats-Unis à leur alliance »). Le quotidien des affaires Handelsblatt estime néanmoins que « la grande incertitude » domine à l’issue de cette conférence. Pour sa part, Die Welt consacre sa Une à « Donald Trump et son énigme suédoise » après les déclarations du président américain évoquant un événement grave en Suède avant-hier. Der Tagesspiegel estime qu’à quelques jours des nouvelles discussions de Genève, « les espoirs pour la Syrie s’amenuisent ».
  2. Allemagne

« L’effet Schulz : le SPD devant la CDU/CSU » (Süddeutsche Zeitung)

Sous ce titre, le quotidien de Munich évoque le dernier sondage Emnid qui crédite le SPD de 33% des intentions de vote, ce qui, pour la première fois depuis 10 ans, place les sociaux-démocrates d’un point devant les conservateurs. Le journal indique que cette dynamique profite actuellement au SPD en Rhénanie du Nord-Westphalie où le parti (37%) progresse de 5 points et devance de sept points la CDU qui recule de 2 points (30%). Dans leurs éditions de samedi, les journaux reprenaient les chiffres du dernier Politbarometer indiquant que 49% des personnes interrogées donnaient leur préférence à Martin Schulz comme prochain chef de gouvernement, 38% se prononçant en faveur d’Angela Merkel. Ce sondage situait le SPD à 30%, soit une hausse de 6 points par rapport au mois dernier, et la CDU en recul de 2 points (34%).

Sous le titre « Schulz veut-il en finir avec l’Agenda 2010 ? », le tabloïd Bild prête au candidat SPD l’intention de revenir sur certaines dispositions des réformes de l’ère Schröder, en allongeant notamment la durée de prestation des allocations chômage. Le journal indique que la ministre en charge du travail et des affaires sociales, Andrea Nahles (SPD), devrait formaliser prochainement les intentions du SPD.

« Négociations sur Opel – les garanties parisiennes sont pour encore inexistantes » (Tagesspiegel)      

Le Tagesspiegel reprend les informations parues hier dans Bild am Sonntag qui faisait état d’une rencontre la semaine dernière à la chancellerie fédérale entre le secrétaire général de PSA Olivier Bourges et les interlocuteurs en charge du dossier Opel ainsi que des garanties apportées par PSA (pas de suppressions d’emplois d’ici à fin 2018, maintien des investissements dans les sites de production d’Opel jusqu’à 2020). De source DPA, le Tagesspiegel ajoute que si le ministère allemand de l’économie qualifie les discussions avec la partie française de « très constructives » et que le coordinateur du dossier à Berlin M. Machnig dit voir aujourd’hui plus d’avantages que d’inconvénients au rapprochement, Paris n’a pour l’instant donné aucune garantie écrite. Les avantages industriels escomptés sont mieux mis en valeur que la semaine dernière par les médias, mais les interrogations et l’inquiétude continuent de dominer dans les comptes rendus, certains journaux, notamment Die Welt am Sonntag, se faisant l’écho d’une étude menée par le centre de recherche en matière automobile de l’université de Duisbourg-Essen selon lequel 6250 emplois seraient menacés en Allemagne. La presse indique que la ministre allemande de l’économie, Brigitte Zypries (SPD) rencontrera jeudi son homologue français à Paris. Le Handelsblatt ajoute qu’en Grande-Bretagne, où l’avenir de Vauxhall, société-sœur d’Opel au sein de General Motors Europe, est également en jeu, Theresa May doit rencontrer la semaine prochaine Carlos Tavares.             

  1. International

Réforme constitutionnelle turque/meeting de soutien du Premier ministre turc en Allemagne

Les journaux indiquent qu’un meeting  de soutien du Premier ministre turc Binali Yildirim à la réforme constitutionnelle en Turquie a rassemblé quelque 10 000 sympathisants samedi à Oberhausen (Rhénanie du Nord-Westphalie). Dans un article intitulé « le nationalisme turc en exil », Die Welt souligne que Binali Yildirim a appelé le gouvernement fédéral à cesser de soutenir des organisations terroristes hostiles à la Turquie et s’est fait le chantre du nationalisme. Le journal relaie les critiques à l’encontre de ce que le ministère de l’intérieur de Rhénanie du Nord-Westphalie a qualifié d’initiative privée du la part de Premier ministre turc, ajoutant qu’il n’était pas possible de l’interdire. Appelant à interdire de tels meetings, la présidente du groupe parlementaire de Die Linke, Sahra Wagenknecht, fait valoir qu’au lieu de permettre la tenue de rassemblements appelant à la mise en place d’une dictature islamiste, le gouvernement fédéral ferait mieux de s’employer à la libération des opposants turcs emprisonnés et des journalistes, tels Deniz Yücel, le correspondant germano-turc de Die Welt. La Süddeutsche Zeitung indique à ce propos que lors d’un entretien avec le Premier ministre turc dans le cadre de la conférence sur la sécurité à Munich, la chancelière a longuement évoqué le cas de Deniz Yücel, insistant notamment sur la nécessité de lui reconnaître la protection consulaire allemande.

Conférence sur la sécurité à Munich : « l’incertitude transatlantique » (Berliner Zeitung)

La presse se montre visiblement soulagée des garanties apportées par le vice-président américain en matière de partenariat transatlantique, mais s’accorde à considérer que de nombreuses inconnues demeurent quant aux orientations futures de l’administration Trump.

« Même si les représentants américains ont déployé beaucoup d’efforts pour assurer l’Europe et les pays de l’OTAN de leur soutien, la conférence sur la sécurité à Munich nous laisse sur l’impression que c’est l’insécurité qui prévaut », juge ainsi le tabloïd Bild dans son éditorial du jour avant de tirer la conclusion que cette situation « renforce la pression sur l’Allemagne pour qu’elle s’engage davantage sur le plan international ». Estimant que la conférence qui vient de s’achever laisse de nombreuses questions sans réponse, la FAZ juge qu’« au moment où des assurances claires seraient plus nécessaires que jamais, nul ne sait si l’on peut véritablement se fier aux affirmations américaines ». Pour le journal, la conséquence est évidente : si les Etats-Unis font à l’avenir défaut comme partenaire, il ne reste aux Européens d’autre choix que de faire ce dont ils parlent depuis déjà longtemps, à savoir prendre leur destin en main, y compris pour ce qui concerne la défense ». Pour la Berliner Zeitung qui se veut optimiste, la pression américaine pour que les Européens augmentent leur budget de défense pourrait déboucher sur une réorientation complète de la politique européenne de sécurité et donner un coup d’accélérateur au processus de réforme entamé. Considérant que l’Union européenne doit interpréter les engagements américains comme un réveil salutaire, la Süddeutsche Zeitung fait valoir elle aussi qu’il appartient aux Européens de  saisir la chance qui s’offre à eux de prendre en main leur destin. Revenant sur la question des 2% de leur PIB que les Européens devraient consacrer au budget de la défense et sur les réserves émises par le gouvernement fédéral, Die Welt considère qu’il est tout à fait justifié de s’interroger sur le bien-fondé d’une telle décision, mais rappelle que les Européens, au premier rang desquels l’Allemagne, s’y sont engagés. Pour le journal, l’armée allemande, qui fait face à des déficits chroniques en matière de personnels et d’équipement, aurait tout à gagner à une augmentation du budget de défense./.