Think Tank Hebdo
Evénement
La Brookings organise le 26 février une conférence intitulée The Bear Awakens : Russia’s Role in an Era of Uncertainty lors de laquelle les experts analyseront l’évolution de la politique étrangère russe dans le nouvel ordre mondial.
DÉFENSE NATIONALE AMÉRICAINE ET TERRORISME
Les chercheurs s’intéressent à la politique de défense nationale des États-Unis et à la menace terroriste sous l’administration de Donald Trump. Contrairement au discours du président américain, ils estiment que le monde est globalement plus sûr. Le mélange entre lutte contre le terrorisme « islamiste », immigration clandestine et crise des réfugiés dans les interventions de D. Trump surprend notamment les analystes.
- What Trump should do about terrorism (but probably won’t) – Daniel Byman – Brookings
Le chercheur indique que « le monde est statistiquement plus sûr qu’à n’importe quel autre moment dans l’histoire moderne » bien que la rhétorique politique « accentue la perception des risques liés au terrorisme aux États-Unis ». Les décisions de Donald Trump en matière de politique étrangère et de sécurité ont été peu nombreuses mais « extraordinaires » par leur radicalité, ce qui expliquerait la «distorsion » entre la perception de la population américaine face aux risques d’attaques terroristes et la réalité. Cette perception se traduit par une opinion publique qui croit à 40% qu’une attaque terroriste sur le sol américain est plus probable aujourd’hui qu’avant le 11 septembre 2001, indique Daniel Byman. Selon lui, la détérioration des relations entre les États-Unis et le monde musulman représente un danger : « l’administration Trump doit rectifier les erreurs commises par les précédents gouvernements mais ne peut se permettre de délaisser, pour de simples raisons idéologiques, les décisions positives prises par le président Obama, comme l’accord nucléaire et la réouverture des canaux diplomatiques avec l’Iran », conclut l’expert.
- Turning Point: A New Comprehensive Strategy for Countering Violent Extremism – Leon Panetta – Center for Strategic and International Studies (CSIS)
Dans le rapport 2017 du CSIS sur le terrorisme et la défense nationale, Leon Panetta – ancien directeur de la CIA – indique que l’anxiété causée par une possible attaque terroriste « est à l’origine des mouvements populistes que l’on constate actuellement en Occident». Selon lui, les citoyens sont prêts à donner des pouvoirs parfois extraordinaires aux gouvernements en échange d’une plus grande sécurité. L’augmentation de la fréquence des attaques terroristes dans le monde contribue par ailleurs « aux divisions idéologiques que l’on observe aux États-Unis, en France et ailleurs », selon L. Panetta. Dans leur lutte contre le terrorisme, il juge « primordial » que les pays occidentaux continuent de défendre les droits humains sans quoi « les solutions à court terme et peu efficaces l’emportent». Pour lui, les États-Unis doivent entretenir un dialogue constructif avec les autres pays, notamment ceux majoritairement musulmans. À ce titre, une stratégie fondée sur la compréhension de ce qu’est l’extrémisme « devra prendre forme rapidement » sous l’administration Trump, conclut l’expert.
- Trump’s Retreat from Realism Accelerates: The Case of Crimea – Ted Galen Carpenter – Cato Institute
Le discours de candidat Donald Trump était « beaucoup plus réaliste » que les actions du président Trump, selon le politologue de l’institut Cato qui indique sa déception et constate que « sur tous les fronts » le président éloigne les États-Unis d’une politique étrangère réaliste, dont Barack Obama s’était notamment fait l’architecte. À ce titre, les déclarations du porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, demandant à Moscou de réduire son soutien aux séparatistes ukrainiens et de rendre la Crimée de façon inconditionnelle à l’Ukraine « sont aux antipodes d’un rapprochement concret » avec la Russie que le chercheur estime nécessaire. Le président Trump doit accepter le fait que « Moscou ne redonnera pas la Crimée » au même titre que « la Serbie n’annexera pas le Kosovo » explique le politologue. Si l’administration Trump veut entretenir de bonnes relations avec Moscou, elle doit « immédiatement réajuster ses attentes par rapport au Kremlin » conclut T. Galen Carpenter.
AUTRES SUJETS
- How Powerful is France’s President? – Jonathan Masters – Council on Foreign Relations
« Les présidents français ont plus de pouvoir que les dirigeants de l’Allemagne, du Royaume-Uni et même des États-Unis » selon J. Masters qui indique que le système politique français offre «une plus grande latitude » au chef d’État que dans la plupart des autres démocraties occidentales. Il estime que, pour cette raison, l’élection présidentielle française est d’autant plus importante. « Marine Le Pen pourrait mettre fin à l’Union européenne si elle remportait l’élection et enclenchait un processus similaire au Brexit », commente le chercheur. Il indique par ailleurs que les candidats à la présidence française « sont fondamentalement différents » ce qui aura des « conséquences significatives » sur le rôle de la France. Peu importe le vainqueur, le prochain président devra s’attaquer « à la stagnation économique, au taux de chômage élevé, au potentiel retrait des États-Unis de certains accords, à la crise des migrants et au conflit en Syrie » conclut J. Masters.
- Trump won’t permanently change America – Michael Auslin – American Enterprise Institute (AEI)
Le chercheur de l’AEI estime que ceux qui ne comprennent pas pourquoi Donald Trump est devenu président des États-Unis « refusent d’accepter qu’une partie de la société ne partage pas leur vision du monde ». Pour lui, bien que le nouveau président soit différent de Barack Obama ou George W. Bush, « il ne changera pas plus le visage politique des États-Unis que ces derniers ». Selon Michael Auslin, le nouveau président sera notamment confronté aux mêmes « limites du pouvoir présidentiel », comme l’a démontré l’épisode du décret sur l’immigration invalidé par la justice américaine. Selon l’expert, la même logique s’applique en Europe : bien que plusieurs pays soient confrontés une montée du nationalisme, du populisme et même du fascisme sur leur territoire, les marges de manœuvre des dirigeants contraintes par le fonctionnement des systèmes politiques. « Si vous empiétez sur les champs de compétences des autres, vous aurez de la difficulté à faire passer quelque réforme que ce soit », conclut le politologue.