Synthèse de la presse américaine du 1er Mars 2017

 

Mercredi 1er mars 2017

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Emmanuelle Lachaussée

Ambassade de France aux USA

  1. France/Europe

Campagne présidentielle française

« Le culte du mensonge et la campagne présidentielle française ». Tel est le titre d’une virulente tribune de John Vinocur publiée par le Wall Street Journal dans laquelle le chroniqueur s’alarme de « la décomposition profonde de la culture politique » de la France où « la tromperie est la norme », dénonçant notamment l’attitude du parti Les Républicains qui se contente de « hausser les épaules » face aux enquêtes dont François Fillon est l’objet. En ligne, les médias (NYT, ABC, WP, WSJ, CNN) s’étonnent que celui-ci maintienne sa candidature après l’annonce de sa convocation en vue d’une mise en examen.

Selon NBC, « Marine Le Pen est en train de perdre l’élan dont elle bénéficiait au profit d’Emmanuel Macron, ce dont les investisseurs se réjouissent ».

Art

            « Dans une France confrontée à une montée du nationalisme, l’histoire de la spoliation des œuvres d’art durant la Seconde Guerre mondiale rappelle les dangers de cette idéologie », titre le Washington Post qui se félicite de l’exposition « 21 rue La Boétie » organisée au Musée Maillol et consacrée au parcours de Paul Rosenberg dans une perspective artistique, sociale, historique et politique. Le 2 mars, c’est « la célèbre journaliste Anne Sinclair, petite-fille du marchand d’art » qui inaugurera l’exposition, ajoute le quotidien.

Autres articles à signaler :

En « une », le New York Times publie une enquête exhaustive sur « la France des villages qui se meurt » et la perte « d’identité française » que ce phénomène entraîne.

            TIME déplore « l’état des prisons françaises », indiquant que 68 500 individus sont incarcérés alors que les prisons ne comptent que 54 600 places.

  1. International

Syrie

Les médias (NYT, WP, WSJ) se font l’écho de la confrontation entre les Etats-Unis d’une part et la Russie et la Chine d’autre part après que Moscou et Pékin ont opposé leur véto à une proposition de résolution des Nations unies soutenue par la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis visant à imposer de nouvelles sanctions contre la Syrie dont le régime est accusé d’avoir utilisé des armes chimiques contre des rebelles en 2014 et 2015. La position russe démontre « qu’aucun crime n’est suffisamment détestable pour que le Kremlin tourne le dos à Damas », affirme l’équipe éditoriale du New York Times qui dénonce le soutien inébranlable de Vladimir Poutine à Bachar el-Assad.

JO 2024

Alors que l’Agence américaine antidopage se montre ferme vis-à-vis du Comité international olympique (CIO) qu’elle appelle à prendre des mesures fortes pour sanctionner le système de dopage d’Etat mis en place par la Russie, le Comité olympique des Etats-Unis s’efforce pour sa part de séduire le CIO avec la candidature de Los Angeles pour les JO 2024, rapporte le New York Times en « une ». Le quotidien souligne que ces initiatives américaines divergentes sont de nature à affaiblir la candidature de Los Angeles.

Organisation mondiale du commerce

Le Wall Street Journal rapporte que Washington souhaite réduire l’influence de lOrganisation mondiale du commerce dans la résolution des litiges commerciaux.

III. Politique intérieure

Discours de Donald Trump devant le Congrès

Le premier discours du président américain devant le Congrès, le 28 février, fait la « une » des médias (WP, NYT, WSJ).

Sur le fond, certains médias traditionnels estiment que Donald Trump a modéré ses annonces programmatiques. Ils déplorent cependant le caractère imprécis du discours de Donald Trump (NYT) et notent que des contradictions demeurent. A titre d’exemple, le prochain décret sur l’immigration devrait être plus équilibré, Donald Trump appelant à un mécanisme fondé sur « le mérite ». Cependant, le président américain n’a pas évoqué l’hypothèse de la régularisation de millions d’immigrés sans papiers qu’il avait pourtant émise quelques heures auparavant lors d’un déjeuner organisé avec des journalistes. Ceux-ci soulignent la rupture que cette orientation constituerait par rapport à la position défendue jusqu’à présent par l’administration (WP). De même, le New York Times relève que le principe de « l’Amérique d’abord » n’a pas été mis en avant par Donald Trump de façon aussi agressive que par le passé. Le président américain a ainsi a défini des principes de politique étrangère (coopération avec les alliés, importance de l’OTAN, recherche de stabilité) qui contrastent avec un début de mandat caractérisé par de fortes « turbulences ». Ce discours confirme le retour de l’équipe de Donald Trump à des positions diplomatiques davantage en phase avec celles des précédentes administrations (soutien aux alliés en Asie et en Europe, opposition aux implantations israéliennes en Cisjordanie et respect de la politique de « la Chine unique »). Toutefois, le projet d’augmentation significative du budget consacré à la défense américaine semble être en contradiction avec le fait que Donald Trump a déploré « les folies militaires américaines » lors de son discours, note Frank Bruni dans une tribune publiée par le New York Times.

D’autres médias estiment, au contraire, que Donald Trump ne dévie pas de sa ligne de campagne. Foreign Policy indique ainsi que le président américain « s’en tient à un programme protectionniste et isolationniste ». Le Christian Science Monitor ajoute que le discours du président confirme une nouvelle politique étrangère américaine éloignée du ‘soft power’ au profit de la puissance militaire. Dans ce contexte, la National Review comme le Los Angeles Times jugent « irréalistes » les orientations budgétaires de Donald Trump qui « feraient exploser le déficit », ajoute USA Today. Dans un éditorial, le New York Times évoque pour sa part « une Trumptopie ».

Sur la forme, les médias estiment que Donald Trump a adopté une tonalité différente de celle qui caractérisait traditionnellement ses interventions. Le président américain a notamment lancé un « appel à l’unité », relèvent les quotidiens (WP, NYT, WSJ). Ainsi Donald Trump s’est-il « essayé à la normalité », analyse Politico. « Un Donald Trump présidentiel a émergé. Du moins pour une soirée », ajoute le Christian Science Monitor qui livre une analyse analogue à celle de TIME.

Donald Trump s’est donc livré à « un numéro d’équilibriste », selon la « une » du Washington Post.

Enquête sur les liens présumés avec la Russie

En « une », le Washington Post rapporte que le FBI a envisagé de rémunérer l’agent britannique à l’origine des informations sur les liens entre l’équipe de Donald Trump et la Russie. Cela montre que l’agence l’a considéré comme une source crédible, analyse le quotidien.