Synthèse hebdomadaire des publications des think tanks. Du 23 février au 1er mars 2017

Think Tank Hebdo- Ambassade de France aux USA

Synthèse hebdomadaire des publications des think tanks 

CONFERENCE

L’Atlantic Council organise le 7 mars une conférence intitulée The Putin Exodus : The New Russian Brain Drain sur la fuite des cerveaux qui résulte de l’autoritarisme du régime de Vladimir Poutine.

CHANGEMENT CLIMATIQUE ET PROTECTION DE L’ENVIRONEMENT

Les chercheurs s’intéressent au changement climatique, alors que de nombreux climato-sceptiques ont rejoint l’administration Trump. Ce sujet préoccupe particulièrement les think tanks progressistes, il est en revanche absent des travaux des centres de recherche conservateurs.

La Brookings rappelle que Donald Trump a indiqué en campagne électorale que les Etats-Unis « ne pouvaient se permettre » de mettre en oeuvre des normes ambitieuses en matière d’émission de gaz à effet de serre car cela «limite le potentiel de développement économique ». Pourtant les chercheurs estiment que Washington ne peut se permettre « de revenir sur ses engagements » car « l’instabilité géopolitique causée par le changement climatique affecte » directement les États-Unis. Un retrait de l’Accord de Paris « mettrait en danger les Etats-Unis » et limiterait les marges de manœuvres des diplomates américains « à tous les niveaux et sur tous les enjeux » selon les chercheurs. De nombreux pays asiatiques et européens, mettent en place des mécanismes « favorisants l’innovation en matière de protection de l’environnement », et pourraient rapidement « dépasser les États-Unis en terme de savoir-faire » rapportent les politologues. «Toutes les agences américaines comprennent l’importance de lutter contre le changement climatique afin de maintenant la place des États-Unis sur la scène internationale », concluent les chercheurs.

La chercheuse du think tank progressiste s’inquiète du manque de considération pour la science de la part de l’administration Trump. Plus particulièrement, elle s’alarme de l’arrivée de Scott Pruitt comme ministre de l’Environnement. Selon elle, le gouvernement américain, adossé à un Congrès à majorité républicaine, risque de mener une politique « rétrograde en matière de normes environnementales » et de remettre en cause une décennie de progrès en matière de protection de l’environnement est en péril. L’experte estime que les récents décrets du président Trump concernant l’exploitation du charbon et la construction de pipelines, ainsi que l’affaiblissement de la règle SCC (Social Cost of Carbon – Coûts liés à l’émission de carbone), auront des « conséquences graves sur la santé et la sécurité des Américains ». « D’une simple signature » le président Trump a le pouvoir d’annuler par décret des régulations pourtant jugées « essentielles » par Alison Cassady. Avec cette vision de « court terme » du développement économique et « ce refus d’accepter la science », la nouvelle administration « hypothèque l’avenir des États-Unis et de ses citoyens ».

« Depuis l’élection de Donald Trump, le leadership dans le domaine des énergies renouvelables se déplace des États-Unis vers la Chine » selon la politologue de l’Atlantic Council, qui note que président américain préfère les énergies fossiles. L’experte indique que la Chine est récemment devenue la plus grande productrice d’énergie solaire au monde, dépassant les États-Unis, et qu’elle investira plus de 361 milliards de dollars dans la production et le développement d’énergies propres d’ici 2020, un objectif « aux antipodes » de ceux de l’administration Trump, estime la chercheuse. Il sera toutefois « difficile » pour le président américain d’ignorer la « tendance lourde » qui veut que la « vaste majorité » des nouveaux investissements et emplois aux États-Unis dans le secteur de l’énergie se trouvent dans l’exploitation et le développement d’énergies renouvelables. Néanmoins, sans l’appui et le soutien de l’administration américaine, le secteur privé trouvera « probablement plus avantageux » d’investir dans les pays qui offrent des conditions favorables à l’innovation « comme la Chine, notamment », conclut Madison Freeman.

AUTRES SUJETS

La rhétorique reprise par les membres de l’administration Trump au sujet d’une Europe qui « profiterait de la protection des États-Unis sans payer sa juste part » n’est pas nouvelle et n’a pas d’affiliation politique selon le chercheur. Les appels à plus d’investissements de défense de la part des pays membres de l’OTAN ne sont cependant pas « déraisonnables », estime l’expert. Selon lui, « l’Europe peut difficilement se justifier » car « elle profite en effet largement de la protection américaine ». Ce manque d’investissement militaire a jusqu’ici permis « d’éviter une potentielle escalade des tensions » entre les membres de l’UE, suggère Dalibor Rohac, qui fait un lien avec les politiques d’austérités imposées par l’Allemagne à certains pays de l’UE et même avec son « attitude cavalière » au sujet de l’accueil de réfugiés, qui « pourrait créer des conflits à l’intérieur même de l’Union si l’Europe s’armait d’avantage ».

Le politologue de la Carnegie estime que les États-Unis doivent « entretenir une relation prudente avec la Russie plutôt que de simplement souhaiter une amélioration drastique de celle-ci». Cette stratégie permettrait selon lui à l’administration Trump de respecter « son engagement » de restaurer un ton cordial entre les deux pays tout en « restant ferme » au niveau de la défense des valeurs américaines en termes de démocratie et de droits humains. Les deux pays peuvent « coopérer davantage » au niveau de la lutte contre le terrorisme estime l’expert, qui juge cependant primordial que les États-Unis « rassurent les pays membres de l’OTAN au sujet des ambitions du Kremlin en Europe ». À ce titre, le chercheur croit que le concept du « Middle Path » (stratégie de rapprochement prudente) sera la clé des relations entre la Russie et l’administration Trump.

Iskander Rehman mène une charge violente contre Donald Trump : « Le 45e président des États-Unis est un menteur pathologique incapable de compassion et qui révèle son ignorance à chaque phrase incohérente ». Le bloggeur indique que les Républicains du Congrès continuent de faire « comme si de rien n’était » car ils ont la conviction d’être capable « d’instrumentaliser le président » sans que le public ne les accuse d’avoir « trahi leurs propres valeurs ». Par conséquent, tant que l’administration promettra de réduire les impôts et d’abolir la loi d’assurance santé Obamacare, le président aura l’appui des « modérés » du parti. Le parti républicain devrait cependant « se méfier des proches du président », notamment de Steve Bannon qui veut en finir avec ceux qui « s’accrochent au pouvoir » depuis des années. L’expert revient sur le concept du service public et fait référence au mouvement de résistance « Resist ! » et à ce qu’il appelle « la tradition américaine » du courage de se « battre contre l’oppresseur ». « Il est temps pour le parti de Lincoln de reconnaître que le ‘’Bannonisme’’ met en danger les fondements même de la démocratie américaine », conclut le chercheur.