Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

28 mars 2017

  1. Les réactions des chefs des partis politiques à la nette victoire des chrétiens-démocrates en Sarre font les gros titres de la presse allemande ce matin. La Frankfurter Allgemeine Zeitung cite la chancelière Angela Merkel, présidente de la CDU : « bien gouverner est payant ». Die Welt note avec ironie que « la CDU est heureuse du nouvel effet Schulz ». Pour sa part, la Süddeutsche Zeitung retient que le président du SPD Martin « Schulz met en garde la CDU : ne vous réjouissez pas trop tôt ! ». Der Tagesspiegel met à sa Une que « Martin Schulz refuse de changer de cap ». Le quotidien des affaires Handelsblatt révèle que le ministère allemand des Finances s’alarme, dans un document interne, du scénario d’un Brexit brutal en cas d’absence d’accord négocié qui pourrait faire peser un risque systémique sur les marchés. Le ministère souhaiterait des mesures de transition et l’adoption par l’UE d’une ligne ferme vis-à-vis de Londres sur les questions liées au budget de l’UE.
  2. Allemagne

Elections régionales en Sarre : le SPD s’interroge sur sa stratégie de coalition

Tandis que le soulagement est patent dans les rangs conservateurs après la nette victoire de la ministre-présidente sortante de Sarre Annegret Kramp-Karrenbauer (« Angela Merkel se sent confortée dans sa manière de mener campagne et savoure tranquillement ce succès », FAZ), « Schulz continue à loucher vers sa gauche » (Bild) et « refuse de changer de cap » (Tagesspiegel), rapportent les quotidiens. La question de savoir si les sociaux-démocrates doivent – ou non  – miser ouvertement sur une coalition dite « rouge-rouge-verte » (SPD-Die Linke-Verts) est discutée au sein du parti et dans les médias, dont les éditorialistes se demandent « à quel point la perspective d’une alliance du SPD avec la gauche radicale effraie les électeurs » (Süddeutsche Zeitung). « En Sarre, ce n’est pas Martin Schulz qui a échoué mais ‘rouge-rouge-vert’, c’est la peur de Die Linke qui a poussé les électeurs dans les bras de la CDU », fait valoir Die Welt. « La stratégie du SPD de succéder à A. Merkel en s’appuyant sur une coalition avec les Verts et Die Linke vient de subir l’épreuve de la réalité et l’oblige à se poser des questions sur son opportunité », considère le Tagesspiegel.

Pour le tabloïd Bild – qui le constate sans ironie aucune – ce scrutin a en tout cas véritablement bénéficié d’un « effet Schulz » en ce sens que l’arrivée de Martin Schulz à la tête du SPD et comme challenger d’Angela Merkel a non seulement tiré de sa léthargie son propre parti, mais surtout boosté la participation électorale de 10 points, « la plupart de ces voix supplémentaires allant non aux populistes de droite ou de gauche mais aux deux grands partis populaires », ce dans quoi le tabloïd voit une bonne nouvelle pour la stabilité de la démocratie allemande.

  1. International

« Les Turcs en Allemagne espionnés systématiquement » (Süddeutsche Zeitung)

Selon une enquête menée conjointement par la Süddeutsche Zeitung et les chaînes de télévision régionales NDR et WDR, les services de renseignement turcs auraient espionné à grande échelle des partisans du mouvement Gülen en Allemagne. Le journal révèle à la Une qu’en marge de la conférence de sécurité de Munich en février dernier, le patron des services secrets turcs MIT aurait remis à son homologue du BND allemand une liste comportant plusieurs centaines de noms, adresses mail, numéros de téléphone et souvent photos de ressortissants turcs en Allemagne supposés pro-Gülen. Le président du BND Bruno Kahl a alerté l’ensemble des autorités allemandes et les services de contre-espionnage des Länder ont commencé à mettre en garde les personnes visées par les renseignements turcs, « c’est-à-dire l’exact contraire de ce qu’espérait le chef du MIT », rapporte encore la Süddeutsche Zeitung qui note que lorsqu’il s’agit véritablement de lutte anti-terroriste, le BND collabore avec tous les régimes et tolère les activités d’espionnage de services de renseignement étrangers contre leurs propres ressortissants. Le journal rappelle la position du gouvernement fédéral selon laquelle le prédicateur Gülen n’est pas l’instigateur du putsch de juillet dernier.

« La génération Poutine descend dans la rue » (Die Welt)

Les manifestations de dizaines de milliers de Russes, souvent très jeunes, bravant les interdictions pour s’élever contre la corruption à l’appel de l’opposant Alexeï Navalny sont pour Die Welt le signe que toute une génération, grandie sous Poutine et s’informant sur les réseaux sociaux hors des médias officiels, laisse éclater sa frustration et sa colère contre le régime. « Les statistiques qui montraient une majorité écrasante de la population en faveur de Poutine, surtout après l’annexion de la Crimée, n’avaient pas enregistré l’opinion des mineurs, ce sont eux qui se soulèvent, c’est la jeunesse contre Poutine », commente la Süddeutsche Zeitung. Pour la FAZ, ce mouvement de protestation peut être menaçant pour le régime russe non pas par le nombre des manifestants mais par le fait qu’il est représenté dans l’ensemble du pays et pas seulement à Moscou et Saint-Pétersbourg, et qu’il concerne une jeunesse qui n’a pas subi elle-même de répression mais rejette un quotidien marqué par l’arbitraire, la corruption et le déclin.

Négociations à l’ONU sur une interdiction des armes nucléaires

Les pays disposant d’un arsenal nucléaire ainsi que la plupart de ceux bénéficiant de garanties nucléaires ne participent pas aux négociations qui se sont ouvertes hier à New York à l’initiative notamment de l’Autriche pour bannir l’usage des armes nucléaires, relève la presse. Les Etats-Unis ont rappelé à leurs partenaires au sein de l’OTAN que toute résolution sur une interdiction des armes nucléaires mettrait en péril la dissuasion nucléaire américaine à leur profit, entraînant le boycott des négociations par la quasi-totalité des pays de l’Alliance atlantique, dont l’Allemagne qui a refusé de participer en invoquant le fait qu’une interdiction prise sans les puissances nucléaires n’aurait aucun effet, note le Tagesspiegel./.