Des Français intéressés, mais encore éloignés des problématiques start-up

Une enquête Ifop-Fiducial montre un intérêt grandissant pour venir travailler dans les pépites de la French Tech. Pour ceux qui ne le souhaitent pas, un problème de compétence est le plus souvent avancé.

Voilà du grain à moudre pour le prochain président de la République. Pour la moitié d’entre eux, les Français se montrent intéressés par la possibilité de travailler dans les start-up, selon un sondage réalisé par Ifop-Fiducial pour France Digitale. Un océan franchi en cinq ans si l’on compare la place de cette thématique dans la précédente campagne, « à savoir le niveau zéro », comme le rappelle Jean-David Chamboredon, coprésident de France Digitale et PDG d’Isai. Mais le plus important sur cette question demeure les raisons invoquées par ceux qui déclarent ne pas vouloir rejoindre ces jeunes entreprises innovantes. « Cela valide le potentiel d’intérêt de ces entreprises, explique Frédéric Dabi, directeur général d’Ifop, mais aussi les complexes de certains salariés. » Chez les plus 50 ans, 58 % des Français se déclarent « pas intéressés », un rapport quasi inverse avec les moins de 35 ans, dont 60 % manifestent un intérêt pour aller travailler dans ces entreprises.

Très faible notoriété

Des entreprises encore très mal connues, comme le révèle sèchement ce sondage. Seuls 30 % des interrogés sont en capacité de citer une start-up spontanément, sans leur suggérer de nom. Et dans ce panel de jeunes pousses présentes à l’esprit, seul BlaBlaCar se distingue en étant présenté en tant qu’exemple dans 14 % des cas. Les autres (Deezer, Parrot, Uber…) ne recueillent qu’un, voire deux pour-cent des voix.

« C’est un problème de marque avant tout, suggère Olivier Mathiot, coprésident de France Digitale et PDG de PriceMinister. Nous n’avons pas les moyens du soft power d’Hollywood ! » Pour y remédier, il faudrait que le capital-risque soit plus dynamique et que les investisseurs poussent davantage dans ce sens, avance Jean-David Chamboredon : « Nos levées de fonds ne sont pas aussi importantes qu’aux Etats-Unis et en tant qu’investisseurs, nous sommes très prudents sur les dépenses liées à la construction de la marque. »

Droit du travail en suspens

Autre item abordé dans ce sondage, le droit du travail. Seuls 30 % des Français estiment qu’il est adapté aux réalités auxquelles sont confrontées les entreprises, mais seul un sur cinq se dit favorable au développement du travail indépendant, 36 % sont contre, 38 % indécis. « Nous sommes à la croisée des chemins, analyse Frédéric Dabi. Les actifs n’ont pas encore tranché sur cette question centrale du droit du travail, et ils restent prudents. Lorsqu’on les interroge sur la nécessité de faire évoluer ce droit, ils sont plutôt d’accord, mais lorsque l’on veut rentrer dans les questions concrètes sur la manière de le faire, ils retrouvent leurs clivages. »

Macron, proche des start-up

C’est en revanche sans surprise que les Français identifient les candidats à la présidentielle les plus proches des start-up. 55 % d’entre eux citent Emmanuel Macron en premier, très loin devant François Fillon (11 %), Marine Le Pen (10 %), Jean-Luc Mélenchon (8 %) et Benoît Hamon (7 %). Un duo de tête que l’on retrouve aussi chez les favoris de France Digitale et des représentants français du numérique : « Macron et Fillon sont ceux qui présentent des éléments cohérents dans leurs programmes », conclut Olivier Mathiot.
Les Echos 28/03/2017