L’actualité des think tanks du 23 au 29 Mars 2017

Think Tank Hebdo – Ambassade de France aux USA

Synthèse hebdomadaire des publications des think tanks 

CONFERENCE A SUIVRE

Le Middle East Institute organise le 5 avril une conférence intitulée Containing the Civil War Contagion sur la situation en Syrie, en Libye, au Yémen et en Irak à la suite de guerres civiles dévastatrices et dans un contexte de lutte contre le terrorisme.

TERRORISME ET LUTTE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

La lutte contre Daech et le terrorisme en général ainsi que les décisions de l’administration Trump sur l’environnement ont animé les débats des think tankers.

L’experte du centre de recherche conservateur revient sur les promesses du candidat Donald Trump lors de la campagne présidentielle pour « l’élimination rapide » de Daech et une « augmentation substantielle » du budget du ministère de la Défense. L’experte estime que depuis son élection, le président Trump « a malheureusement adopté des positions et des politiques conduisant à l’escalade des tensions dans plusieurs régions du monde ». À ce titre, la politologue s’inquiète des « ambitions guerrières » du commandant en chef de « la plus grande puissance militaire du monde » alors que les propositions budgétaires du président renforcent les moyens du Pentagone En outre, l’administration américaine veut non seulement détruire Daech, mais également s’attaquer à la Corée du Nord, vaincre les forces d’Al Qaeda au Yémen et en Afghanistan et intervenir au Koweït. Depuis l’investiture du président Trump, une de ses déclarations « inquiète particulièrement » la chercheuse : « I love war ».

L’expert du think tank conservateur exprime son « optimisme » par rapport à la stratégie de l’administration Trump dans la lutte contre Daech. Selon lui, l’administration Obama ne s’est jamais attaquée aux « éléments sectaires » de l’organisation terroriste, laissant la « racine du problème intacte ». Il souligne que l’administration Bush avait développé une bonne compréhension du terrorisme au Moyen-Orient, mais qu’elle n’a jamais accordé « l’importance nécessaire » à l’Iran et à son influence dans la région.Le chercheur estime donc que les premières déclarations de l’administration Trump hostiles à l’Iran vont dans le bon sens. Le chercheur juge cependant que celle-ci est prompte à « s’engouffrer » dans les problèmes de l’administration précédente en soutenant des groupes locaux « souvent alliés de terroristes ». Si l’administration veut élaborer une stratégie anti-terrorisme efficace elle doit « absolument cibler l’Iran » et empêcher Téhéran de soutenir indirectement les ennemis des États-Unis, conclut l’expert.

L’ancien directeur de campagne d’Hillary Clinton et actuel président du CAP, John Podesta, s’insurge contre les décisions de Donald Trump au sujet de la lutte contre le changement climatique. Selon lui, « toutes les propositions du président vont à l’encontre du bon sens économique, social et politique ». La majorité des entreprises américaines « accepte les constats scientifiques » et adapte ses activités en fonction de cette réalité « depuis plusieurs années déjà », estime l’expert. En outre, il indique que l’électorat s’est prononcé « en faveur » des politiques environnementales démocrates lors de la dernière élection, accordant 3 millions de votes supplémentaires à Hillary Clinton. « Le président doit prendre en considération ce fait » estime J. Podesta qui souligne que l’administration ne peut ignorer l’importance des sources d’énergie propres et renouvelables dans l’élaboration de ses politiques. Il se fait également l’écho de la « vaste majorité des économistes » qui estiment que les pays qui refusent de moderniser leur approvisionnement énergétique « sont condamnés à être à la traîne des pays proactifs » dans ce secteur. En conclusion, il invite les Américains à « s’opposer » aux politiques du président Trump et à joindre le mouvement « Resist » contre un « retour en arrière » des États-Unis.

AUTRES SUJETS

Le Royaume-Uni et la Turquie doivent « reconstruire » leur relation avec l’Europe pour des « raisons différentes » mais avec des « objectifs similaires ». Tel est le constat du chercheur de la Brookings qui estime qu’Ankara et Londres «ont soudainement intérêt » à entretenir des relations bilatérales importantes. Pour S. Ulgen, l’enjeu prioritaire du Royaume-Uni est d’assurer une sortie « politique » de l’Union européenne tout en négociant pour le « maintien des avantages économiques » dont bénéficient les pays membres. Une « lourde tâche » qui est intrinsèquement liée à plusieurs facteurs dont les prochaines élections en France et en Allemagne, indique l’expert. Par ailleurs, les dirigeants britanniques qui « souhaitent secrètement » un affaiblissement des appuis à l’UE « pourraient le regretter », selon le politologue. Pour lui, tout comme Ankara, Londres a tout intérêt à négocier une « entente solide avec un partenaire solide ». En outre, l’objectif du Royaume-Uni sera d’en arriver à un « accord à la carte, taillé sur mesure » en fonction des intérêts britanniques, conclut le think tanker.

  • Islam in FrancePhilippe Le Corre, Shadi Hamid, Hakim El Karoui – Brookings

Phillipe Le Corre- chercheur invité de la Brookings – a animé une discussion sur le sujet de l’islam en France et des défis liés à l’intégration des immigrants provenant notamment des pays d’Afrique du Nord. Lors de cet évènement, il s’est entretenu avec Hakim El Karoui, principal auteur du rapport Islam in France ; et Shadi Hamid, Senior Fellow au Center for Middle East Policy. Le débat s’est concentré sur la perception des Français de la place de l’Islam dans le pays. Selon Hakim El Karoui, les Français « estiment à près de 30% » la proportion qu’occupent les musulmans dans la population, alors que le chiffre réel est est plutôt « de 5% à 6% ». Parmi les musulmans de France, une forte majorité le fait de « manière plutôt libérale », selon l’expert. La perception de la population est cependant toute autre, indique H. El Karoui qui estime que la montée du populisme en France est «sans aucun doute liée » à cette « distorsion sociale ». Pour sa part, Shadi Hamid, expert américain, a critiqué le système français d’immigration et la « rigidité du concept de laïcité » dans le pays. Pour lui, le modèle d’intégration « anglo-saxon » n’est pas parfait, mais permet « sans doute une meilleure inclusion » des musulmans et des immigrants en général, « surtout de deuxième et troisième générations ».