L’actualité des think tanks américains au 5 Avril 2017

 

Think Tank Hebdo

 

Synthèse hebdomadaire des publications des think tanks 

 Ambassade de France à Washington

CONFERENCE A SUIVRE

La Brookings organise, le 10 avril, une conférence intitulée Fueling populism : Globalization’s discontents in the U.S. and Europe, sur les phénomènes sociaux-économiques derrière la montée des populismes des deux côtés de l’Atlantique.

POLITIQUE ETRANGERE, CLIMATIQUE ET ECONOMIQUE DES ETATS-UNIS

« La personnalité de Donald Trump est au cœur de l’analyse de ses actions par les médias jusqu’à maintenant ». Tel est le constat du politologue de la Brookings qui revient sur le « cafouillage » diplomatique qu’a été le premier contact entre le président et la dirigeante de Taiwan, Tsai Ing-wen. Selon l’expert, plusieurs observateurs taiwanais « sont inquiets » d’un possible « changement radical » de position de la part des Américains. L’expert estime qu’il existe « une méfiance » dans les sphères diplomatiques taiwanaises face à l’administration Trump qui pourrait « vouloir utiliser Taiwan comme moyen de pression dans sa relation avec Pékin ». De plus, bien que le président Trump ait depuis affirmé qu’il honorerait la « politique d’une seule Chine », R. Bush demeure sceptique quant aux intentions de l’administration américaine et juge que ce recul de D. Trump est « faible » et ne « satisfait certainement pas Pékin ». En outre, « l’inconsistance » avec laquelle la nouvelle administration entame le dialogue avec la Chine est « dommageable pour Taiwan » qui a « beaucoup plus à perdre » dans une éventuelle dégradation sérieuse de la relation sino-américaine, souligne l’expert. À titre de conclusion, R. Bush recommande à l’administration Trump « d’étudier sérieusement » les fondements derrière la « politique d’une seule Chine » avant tout changement de ligne.

En théorie, les coupes proposées par l’administration Trump dans le budget consacré aux Nations Unies « peuvent sembler être une bonne idée » estime la politologue, qui indique que les États-Unis investissent massivement dans la paix mondiale depuis 1945, plus que n’importe quel autre pays. Elle demeure toutefois sceptique quant à la redistribution de ces fonds au profit du budget de défense américain. H. Peterson analyse que les forces de maintien de la paix de l’ONU sont plus efficaces que l’armée américaine lorsqu’elles sont mobilisées pour des missions hors combat. La Maison Blanche devrait reconsidérer ces coupes « si elle souhaite limiter les conflits mondiaux » conclut l’experte.

Le CSIS revient sur les conséquences des décisions de l’administration Trump en matière d’environnement et de lutte contre le changement climatique. L’experte Sarah Ladislaw s’inquiète notamment des réformes qui touchent directement « la recherche, l’évaluation et la mitigation des effets du changement climatique aux États-Unis et dans le monde ». Pour elle, «un musellement » des scientifiques américains « n’est bénéfique pour personne » et ce, « peu importe l’allégeance politique ». Elle souligne notamment l’importance d’avoir accès à des données mises à jour sur une base régulière. En outre, la politologue avance que les ambitions du président pour l’industrie du charbon, pourtant « en perte de vitesse face aux énergies renouvelables », ne produiront que des effets limités. L’experte termine son intervention en soulignant les « forces qui s’affrontent actuellement » à l’intérieur de l’équipe Trump au sujet de l’Accord de Paris. Elle estime que la pression provenant des États, des entreprises américaines et de la société civile pourrait forcer la Maison Blanche à respecter ses engagements internationaux. « Un retour en arrière des investissements privés en matière de lutte contre le changement climatique est peu probable » conclut S. Ladislaw.

« De l’aveu du président Trump lui-même, celui-ci aurait dû commencer par réformer le système fiscal au lieu de s’attaquer à la loi d’assurance santé Obamacare », indique d’entrée de jeu le chercheur de l’AEI. Il estime que l’administration « pourrait facilement » augmenter la croissance de l’économie américaine « de 3% à 4% » avec un plan « fondé sur des baisses d’impôts pour les entreprises créatrices d’emplois ». De plus, le président « espère sans aucun doute » que son plan d’investissement massif dans les infrastructures pourra être « financé en partie par le secteur privé », souligne R. Barro. L’expert est toutefois plus prudent dans son analyse des répercussions potentielles d’un ajustement des tarifs douaniers afin de « favoriser les entreprises américaines ». Selon lui, d’autres moyens de pressions sur les entreprises étrangères comme une taxe sur la valeur ajoutée seraient plus efficaces, bien qu’il soit également d’accord avec un ajustement des barrières tarifaires. R. Barro estime que l’Amérique ne « s’est pas relevée » de la dernière crise économique, et que sans les réformes proposées par Donald Trump, « elle ne se relèvera peut-être jamais ».

BREXIT

Les négociations sur le Brexit, récemment enclenché par le Royaume-Uni, « concentrent l’attention » des dirigeants européens, estime la politologue britannique Michelle Egan. À la suite de leurs élections respectives, l’Allemagne et la France devront « se mettre d’accord » sur la stratégie à adopter par rapport à Londres. Cette stratégie sera « fondamentalement différente » si ces pays élisent les candidats populistes, souligne la chercheuse. Le Royaume-Uni a par ailleurs « tout intérêt » à attendre le résultat de ces élections avant d’entamer les négociations note M. Egan, qui mentionne la possibilité qu’aucun accord ne soit conclu après les deux années prévues pour négocier. Si les pourparlers échouent, les conséquences pourraient « se faire sentir partout en Europe mais également ailleurs dans le monde », indique l’experte, qui souligne l’importance de l’économie britannique sur les marchés mondiaux. Elle ajoute que les autres partenaires économiques du Royaume-Uni à l’extérieur de l’UE « voudront attendre de connaître les détails du potentiel accord avant d’entamer, même officieusement, un dialogue avec Londres ».