Synthèse de la presse quotidienne
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
18 avril 2017
- Le résultat du référendum turc, contesté par l’opposition, fait les gros titres de la presse ce matin : « Erdogan rejette les critiques sur le référendum » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « la victoire d’Erdogan divise la Turquie » (Süddeutsche Zeitung), « victoire après un ‘combat inégal’ » (Die Welt), « Erdogan triche-t-il sur sa victoire ? » (Der Tagesspiegel), « la Turquie prend congé de l’Europe » (Handelsblatt). « Les Turcs d’Allemagne ont contribué à victoire d’Erdogan » relève pour sa part le tabloïd Bild.
- International
Référendum constitutionnel en Turquie : la Turquie « prend congé de l’Europe » (Handelsblatt)
La courte victoire du oui au référendum constitutionnel turc domine largement l’actualité. A l’instar de la FAZ qui titre « Erdogan rejette les critiques à l’encontre du référendum », les journaux se font l’écho des critiques des observateurs de l’OSCE qui ont déploré la partialité de la campagne et un scrutin « en deçà des standards du Conseil de l’Europe ». Le tabloïd Bild s’interroge sur les 440 000 électeurs germano-turcs qui se sont prononcés en faveur du « pouvoir absolu » souhaité par le président Erdogan. « 1,4 million d’électeurs turcs vivent dans la démocratie qu’est l’Allemagne. Pourtant, à 63% ils se sont prononcés en faveur de la suppression de la démocratie dans leur pays d’origine », souligne le journal qui établit le palmarès des villes allemandes les plus favorables à Erdogan, Essen en tête avec plus de 75% des voix en faveur du référendum. Relativisant ce résultat, le quotidien alternatif de gauche tageszeitung insiste sur le fait que seulement 48,7% des électeurs turcs d’Allemagne se sont déplacés.
Dans leurs commentaires, les journaux soulignent que l’issue du scrutin « ne s’apparente pas à une victoire triomphale pour le président Erdogan » (FAZ), « l’engagement de toutes les forces de l’Etat et le musellement massif de l’opposition ne lui ayant assuré qu’une très courte avance ». Relevant que les trois plus importantes villes de Turquie ont voté contre la réforme constitutionnelle, plusieurs quotidiens font le constat d’une société turque « profondément divisée, à la manière de l’Amérique de Trump », selon la Süddeutsche Zeitung. De l’avis de Die Welt, le scrutin vient d’illustrer ce que l’on a déjà pu observer au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, à savoir un fort clivage entre la ville et la campagne et le rejet par le peuple de ses élites.
La question de l’avenir des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE revient également comme un leitmotiv dans les éditoriaux. Majoritairement, les journaux interprètent le résultat du référendum comme un « adieu » (Die Welt) de la Turquie au modèle occidental, au profit d’un système de pouvoir « de type moyen-oriental ou caucasien » (Süddeutsche Zeitung) et appellent à en tirer les conséquences. « Une Turquie qui plébiscite un président tel qu’Erdogan, qui opte pour la voie vers l’autocratie et s’apprête probablement à réintroduire la peine de mort, n’a rien à chercher au sein de l’Union européenne », assène Die Welt pour qui les négociations post-Brexit avec la Grande-Bretagne ouvriront peut-être une voie possible en matière d’association du pays à l’UE. « La limite est franchie », fait valoir le Handelsblatt pour qui l’UE n’a guère besoin d’attendre la consultation annoncée sur la réintroduction de la peine de mort, le moment étant venu de mettre un terme aux négociations d’adhésion. Les Européens n’ont que trop attendu, laissant les négociations d’adhésion virer à la « farce », (terme qu’emploie également la Süddeutsche Zeitung), et si l’UE s’abstient à présent de réagir, poursuivant comme si de rien n’était, elle va perdre tout crédit et envoyer aux forces démocratiques turques le signal que leur combat et la répression dont elles sont victimes importent peu. « La démocratie turque n’est pas morte, elle est diverse et protéiforme », convient également la Süddeutsche Zeitung. Pour le tabloïd Bild, « les courageux citoyens turcs qui ont voté en faveur de la démocratie sont les alliés de l’Europe et nous devons tout faire pour les renforcer ». « Tourner le dos n’est pas la solution », met en garde le Tagesspiegel pour qui les forces démocratiques en Turquie ont aujourd’hui plus que jamais besoin de notre soutien. En outre couper les ponts avec Ankara ne ferait qu’attiser confrontation et repli sur soi, « des réactions qui ne sont dans l’intérêt ni de l’Europe, ni de l’Allemagne ».
- France
Campagne présidentielle
Toute la presse relève que, dans une interview accordée aux quotidiens régionaux du groupe Funke-Medien et à Ouest-France, Emmanuel Macron considère que la situation économique de l’Allemagne au sein de la zone euro « n’est pas durablement tenable » et qu’il pointe dans ce contexte les excédents commerciaux allemands. La traduction allemande des propos du candidat (« la puissance économique de l’Allemagne n’est pas tenable ») est citée en titre de plusieurs articles au demeurant factuels. Seule la Süddeutsche Zeitung commente – sur le ton de l’indulgence – ces déclarations que le journal considère comme une tentative du « chouchou de Berlin » de rectifier son image auprès de l’électorat français, surtout après le soutien exprimé par le ministre allemand des finances à sa candidature. Sur le fond, le journal rappelle que cette analyse est partagée par « de nombreux économistes et le gouvernement américain », tandis que le reste de la presse s’abstient de tout commentaire.
A une semaine du premier tour des présidentielles, les quotidiens publient par ailleurs de nombreux avant-papiers, reportages et portraits des principaux candidats et de leurs équipes./.