Aujourd’hui en Allemagne. 3 Mai 2017

French Economy Minister Emmanuel Macron attends a press conference on September 11, 2015 after the 4th CoSpace meeting. AFP PHOTO / FLORIAN DAVID

Synthèse de la presse quotidienne

3 mai 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. La rencontre de la chancelière avec le président russe hier à Sotchi fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« Merkel reproche à Poutine les agissements russes en Ukraine ») et de la Süddeutsche Zeitung (« Merkel se distancie de Poutine »). Die Welt, dont le correspondant en Turquie Deniz Yücel est toujours emprisonné, consacre sa Une à la journée mondiale de la liberté de la presse (« libre et intrépide »). Der Tagesspiegel titre sur l’enquête visant l’officier de la Bundeswehr soupçonné de préparer un attentat terroriste et relève de possibles « indices sur un réseau terroriste dans les armées ». Le quotidien des affaires Handelsblatt révèle le projet de partenariat de l’énergéticien Eon et de Google pour la production de toitures photovoltaïques (« le deal de Teyssen avec Google »).
  2. Allemagne

« De nouvelles preuves d’activités d’extrême droite au sein de la Bundeswehr » (Süddeutsche Zeitung)

La presse signale que le parquet général s’est saisi du dossier du lieutenant xénophobe soupçonné de préparer un attentat et ayant cherché à se faire passer pour un réfugié syrien. La ministre de la défense a annulé un déplacement prévu aux Etats-Unis pour se rendre sur la base franco-allemande d’Illkirch-Graffenstaden, près de Strasbourg, puis réunir à Berlin une centaine d’officiers supérieurs, relèvent les journaux. Les premiers éléments de l’enquête font apparaître que le lieutenant incriminé tenait à jour une liste de victimes potentielles d’attentats parmi lesquelles figureraient l’ex-président fédéral Joachim Gauck ou encore le ministre de la justice Heiko Maas (SPD).

Sous le feu des critiques pour avoir dénoncé les « faiblesses de commandement à différents échelons » et « un esprit de corps mal compris », dans un entretien à Bild, Ursula von der Leyen (CDU) se défend d’avoir voulu généraliser et justifie ses critiques par le fait qu’il est de sa responsabilité de mettre fin aux dysfonctionnements.

A l’exception de la Süddeutsche Zeitung qui prend la défense d’Ursula von der Leyen en saluant son courage, les quotidiens se montrent unanimement critiques, estimant à l’instar de Bild et de la FAZ qu’elle est allée trop loin dans ses critiques publiques. Plusieurs journaux s’étonnent du diagnostic qu’établit maintenant U. von der Leyen alors qu’elle se trouve aux commandes de l’armée allemande depuis plus de trois ans. De l’avis de la Berliner Zeitung, U. von der Leyen qui cherche avant tout à éviter que son action ne devienne un sujet de campagne, a « préféré la fuite en avant ».

  1. Europe

« Une fois de plus, la Grèce est sauvée » (Tagesspiegel)

Prudents et sceptiques, les quotidiens relaient l’annonce d’un déblocage des négociations entre la Grèce et ses créanciers sur les réformes attendues d’Athènes en contrepartie du versement de la prochaine tranche du troisième plan d’aide, et décrivent les mesures d’économie que doit encore adopter le parlement grec avant que les ministres des finances de la zone euro ne donnent leur feu vert fin mai. Toutefois, la question d’un allègement de la dette grecque, exigé par le Fonds monétaire international comme condition à sa participation au troisième plan d’aide, n’est toujours pas réglée, souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « La crise n’est pas encore finie, il n’y a pas lieu d’être euphorique », met aussi en garde Die Welt. Lassés de pointer de manière récurrente l’insoluble dilemme dans lequel s’enlise le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble – lequel a promis aux députés allemands une participation du FMI mais rejette l’analyse du Fonds sur la dette grecque – les journaux adoptent une tonalité attentiste et factuelle.

Fonds monétaire européen : « une idée à creuser avec Paris » (Süddeutsche Zeitung)

Revenant, à l’occasion des avancées des négociations avec la Grèce, sur l’idée avancée notamment par Wolfgang Schäuble de transformer le Mécanisme européen de stabilité en un Fonds monétaire européen qui permettrait aux Européens, à terme, de se passer du FMI en cas de renflouement d’un Etat de la zone euro, la Süddeutsche Zeitung estime qu’en l’état, le projet « est trop allemand, il lui manque l’essentiel : une approche européenne ». Pour l’éditorialiste, spécialiste des questions économiques et financières européennes, l’idée défendue par Berlin de confier à un futur FME la supervision des budgets nationaux de la zone euro, actuellement exercée par la Commission européenne, « reviendrait pour les gouvernements et parlements nationaux à céder à un Fonds dominé par l’Allemagne des prérogatives budgétaires centrales, et les Etats endettés devraient financer leurs dettes à un taux encore plus fort – ce qui reviendrait à un programme destiné à aider les partis extrémistes des pays voisins ». La Süddeutsche Zeitung appelle Berlin à rectifier le tir en recherchant un compromis « réconciliant le respect allemand des règles avec l’approche française privilégiant davantage de flexibilité ». Sous réserve que soit élu le candidat pro-européen comme prochain président français, le gouvernement allemand doit s’astreindre à la réserve pour permettre à Paris de présenter ses propres idées en la matière, enjoint le quotidien de Munich, en espérant que le verdict des urnes, à Paris comme à Berlin, permettra de faire émerger une nouvelle approche de ce projet.

« Ankara menace de rompre les négociations d’adhésion à l’UE » (Bild)

L’« ultimatum » (Tagesspiegel) posé par le président Erdogan à l’Union européenne, sommée d’ouvrir de nouveaux chapitres de négociations faute de quoi la Turquie renoncerait à briguer l’adhésion à l’UE, suscite peu de réactions dans la presse. Tout en relativisant la portée de menaces « qui font partie de l’arsenal quotidien du président turc », le Tagesspiegel juge néanmoins que R.T. Erdogan veut peut-être précipiter une rupture avec l’UE qui se profile désormais. Interrogée à ce sujet dans le cadre d’une interview à la Berliner Zeitung et au Kölner-Stadt-Anzeiger, la chancelière Merkel souligne que l’UE doit certes formuler clairement ses critiques vis-à-vis de la Turquie, mais que « de bonnes relations avec Ankara sont dans l’intérêt commun des Européens, la Turquie étant un partenaire dans la lutte contre le terrorisme islamiste et dans la recherche d’une solution en Syrie et en Irak ». « On ne doit pas couper les ponts avec un tel partenaire, même compte tenu des évolutions négatives dont nous devons parler franchement », déclare la chancelière fédérale.

  1. International

Déplacement de la chancelière à Sotchi : « Merkel se distancie de Poutine » (Süddeutsche Zeitung)

D’un avis unanime, les journaux font le constat de fortes divergences entre la chancelière et le président russe sur tous les sujets abordés lors de leur conférence de presse commune (Ukraine, Syrie, droits des minorités). « Si Poutine a cherché à minimiser les conflits avec l’Allemagne, en louant notamment la coopération économique bilatérale, passant ostensiblement sous silence le terme de sanctions, aucun des sujets abordés n’a permis d’entrevoir une quelconque avancée vers une résolution des conflits, le dossier ukrainien étant celui qui pèse le plus sur la relation germano-russe » relève la Süddeutsche Zeitung pour qui « tout en faisant le constat de profondes divergences, la chancelière n’a cessé de son côté d’insister sur l’importance du dialogue ». « Sur les conflits majeurs, il n’y a ni accord, ni progrès », constate également la FAZ, tandis que le Handelsblatt met l’accent sur de « laborieuses tentatives de rapprochement » et conclut sur le fait que les crises ukrainienne et syrienne ont fortement éloigné l’Allemagne et la Russie l’une de l’autre. « Au début de son mandat, la chancelière s’est régulièrement déplacée à Moscou, souligne le quotidien des affaires, mais cette fois, cela faisait plus de deux ans qu’elle ne s’était pas rendue en Russie. « La normalité des relations c’est depuis des années des relations dégradées », commente la Süddeutsche Zeitung pour qui aucune amélioration n’est en vue compte tenu du fait que l’Allemagne et la Russie se trouvent toutes deux en campagne électorale. Ceci a pour effet que V. Poutine sera encore moins enclin à lâcher du lest et qu’A. Merkel va se concentrer sur la défense de l’Europe et de ses valeurs. Constatant également l’absence de disposition du président russe au moindre compromis, le Tagesspiegel estime que c’est une nouvelle forme de réalisme qui guide à présent la relation bilatérale, à savoir que « le dialogue se poursuit en dépit d’opinions qui s’affrontent ». On est donc loin de tout nouveau départ dans la relation. Quelque peu isolée, Die Welt reproche à Mme Merkel la faiblesse et le caractère quasi inaudible de ses critiques envers la politique russe et redoute qu’elle ne soit pas en mesure de résister longtemps aux pressions de ceux qui en Allemagne appellent à la levée des sanctions contre la Russie. Pour la presse du groupe Funke au contraire, la chancelière a parlé un langage clair en critiquant l’attitude des autorités russes envers les manifestants ou encore la guerre hybride que mène Moscou, sans pour autant se faire donneuse de leçons. Estimant que Merkel et Poutine ont besoin l’un de l’autre, Funke sait gré à la chancelière d’avoir utilisé les ingrédients suivants : la clarté du langage, une certaine prise de distance et l’implication qui vise à ramener sans cesse son interlocuteur à la table des négociations.

  1. France

Interview de la chancelière

Dans une interview à la Berliner Zeitung et au Kölner-Stadt-Anzeiger centrée sur les prochaines échéances électorales en Allemagne (Schleswig-Holstein et Rhénanie-du-Nord-Westphalie), Angela Merkel estime, en réponse à une question, qu’elle ne veut pas « interférer avec la décision des électeurs français, mais qu’elle serait contente de voir Emmanuel Macron gagner, parce qu’il incarne une politique pro-européenne cohérente ». Son succès, précise-t-elle, « serait un signal positif pour le centre, que nous voulons maintenir fort, y compris en Allemagne. ». La campagne pro-européenne de M. Macron est « un signal en direction de bonnes relations franco-allemandes », estime encore la chancelière./.