Synthèse de la presse américaine du 5 Mai 2017

Vendredi 5 mai 2017

Ambassade de France à Washington

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Emmanuelle Lachaussée

  1. France/Europe

Election présidentielle française

« La France est divisée ». Tel est le principal enseignement que tire l’équipe éditoriale du New York Times après le débat qui a opposé Emmanuel Macron à Marine Le Pen. Celle-ci a fait de « la féminisation de l’extrême droite » une stratégie nouvelle visant à la fois à attirer les électrices et à diffuser « un message islamophobe », analyse le journal. Dans un éditorial, Bloomberg appelle les Français à dire « non » à « cette grande prêtresse de la peur, vaincue par son adversaire lors du débat », selon The Daily Beast.

Paul Krugman estime, dans une tribune du New York Times, qu’une victoire de l’élue frontiste serait « un désastre pour l’Europe et le monde ». Pour autant, le chroniqueur craint qu’une défaite de la candidate ne soit « qu’un soulagement temporaire alors que l’Europe est en crise ». A ce sujet, le Washington Post s’interroge, en « une », sur la responsabilité d’Angela Merkel vis-à-vis de l’Europe : « en est-elle la sauveuse ou, au contraire, celle qui la défait ? ». Le quotidien rappelle que la chancelière allemande est la cible privilégiée des populistes européens, comme l’a encore montré Marine Le Pen lors du débat du second tour, ajoute le journal.

Dans une tribune publiée par le Wall Street Journal, la chroniqueuse Sohrab Ahmari déplore que « les illusions des Français aient la vie dure » et affirme que « c’est la classe politique française qui est responsable de la destruction de l’économie de leur pays, et non le marché ou la mondialisation ». La jeunesse française en est une des premières victimes collatérales, estime le quotidien qui rappelle que les 18-24 ans ont majoritairement voté pour des candidats de partis non traditionnels au premier tour de l’élection – Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron. La National Review évoque pour sa part le soutien d’une partie des homosexuels à Marine Le Pen, un constat qui s’expliquerait en partie par la crainte d’une diffusion de l’Islam radical, explique la revue conservatrice.

Outre-mer

Le New York Times consacre un long article à Saint-Pierre-et-Miquelon pour illustrer le sentiment d’abandon des territoires et départements d’Outre-mer.

Accord de Paris

Politico rapporte que les Européens (la Commission européenne, la France et l’Allemagne, notamment) tentent, « en coulisses », de convaincre Washington de ne pas sortir de l’Accord de Paris.

Sécurité

Bloomberg souligne que, malgré les attentats perpétrés en Europe, il n’est pas plus dangereux d’y voyager, et juge « inutiles » les avertissements répétés du département d’Etat dans ses conseils aux voyageurs qui leur recommandent de prendre des précautions.

  1. International

Syrie

Les principaux titres (NYT, WSJ) soulignent l’effort diplomatique de la Russie, de l’Iran et de la Turquie qui ont convenu, le 4 mai à Astana, de mettre en place quatre « zones de désescalade » en Syrie où les citoyens non armés devront pouvoir circuler librement.

Le Wall Street Journal s’alarme de la stratégie américaine en Syrie, qui a consisté à axer tous les efforts sur la lutte contre Daech au détriment de la consolidation de la relation entre Washington et Ankara.

Foreign Policy indique Vladimir Poutine « dispose d’une nouvelle arme secrète en Syrie : des commandos tchétchènes », dont le rôle et le nombre demeure « incertain », note le magazine.

Politique étrangère américaine

La presse (WP, NYT, WSJ) rapporte que le président américain se rendra en Arabie saoudite, en Israël et au Vatican (ainsi qu’en Belgique et en Italie) à l’occasion de son premier déplacement à l’étranger prévu ce mois. La Maison-Blanche a indiqué que ce voyage s’inscrivait dans le cadre d’un effort visant à « unir l’Islam, le Judaïsme et le Christianisme » dans une perspective commune : la lutte contre l’intolérance et l’extrémisme radical, précise le Washington Post.

L’équipe éditoriale du Los Angeles Times fustige « les promesses arrogantes » de Donald Trump qui a estimé, à l’occasion de la visite du président Mahmoud Abbas, que la résolution du conflit israélo-palestinien « n’était peut-être pas aussi difficile que les gens le pensent ».

Selon le chroniqueur du Washington Post Fareed Zakaria, la politique étrangère imprévisible de Donald Trump est de nature à « transformer les alliés des Etats-Unis tels que le Mexique en adversaires » et à nourrir l’anti-américanisme au risque même d’influencer la politique intérieure de pays étrangers, comme c’est le cas en Iran où les partisans d’une ligne dure semblent reprendre la main, selon l’observateur.

« La promotion de la liberté n’entrave pas la sécurité économique et nationale ». Tel est le rappel adressé par l’équipe éditoriale du Washington Post au secrétaire d’Etat Rex Tillerson après qu’il a annoncé que les enjeux de sécurité nationale et les intérêts économiques constitueraient l’axe prioritaire de la politique étrangère des Etats-Unis, et non les droits de l’homme.

Irak

La presse (WP, NYT, WSJ) évoque l’ouverture d’un nouveau front contre Daech à l’ouest de Mossoul alors que « les militants semblent déterminés à se battre jusqu’au bout ».

III. Politique intérieure          

Réforme de l’assurance santé

En « une », tous les grands titres (WP, NYT, WSJ, Bloomberg, LA Times, The Atlantic, USA Today, The Daily Beast) reviennent sur le vote, le 4 mai, à une étroite majorité, à la Chambre des représentants, d’une proposition de loi revenant sur la loi d’assurance santé Obamacare. Le nouveau texte « priverait au moins 24 millions d’Américains d’assurance santé », s’alarme le New York Times dans un virulent éditorial évoquant un « désastre ». En revanche, le Wall Street Journal s’en félicite, estimant qu’il s’agit de la première étape pour tenir l’une des promesses clefs du Parti républicain : l’abrogation de l’Obamacare. « Cette bataille ne fait que commencer », titre CNN.

Administration Trump

L’équipe éditoriale du Washington Post s’inquiète de la nomination à un poste de responsabilité au sein du ministère américain de la Santé de Teresa Manning, laquelle serait opposée à la contraception.