Synthèse de la presse quotidienne
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
8 mai 2017
- L’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République fait la Une des médias audiovisuels et en ligne, ainsi que de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« Macron élu président en France »), de la Süddeutsche Zeitung (« l’Europe respire, Macron est le nouveau président »), du Handelsblatt (« la victoire de Macron pour l’Europe »), de la Berliner Zeitung (« le vainqueur est : l’Europe ») et de la tageszeitung (« Ouf ! »). Le mauvais score du SPD aux élections régionales dans le Schleswig-Holstein fait les gros titres de Die Welt (« la CDU loin devant le SPD dans le Schleswig-Holstein »), du Tagesspiegel (« amère défaite pour le SPD sur la côte ») et du tabloïd Bild (« une claque pour Schulz »).
- France
Election d’Emmanuel Macron
« Et le vainqueur est… l’Europe » (Berliner Zeitung)
Les premières réactions à chaud des médias allemands à l’élection d’Emmanuel Macron reflètent le soulagement unanime des dirigeants politiques et éditorialistes allemands de voir le candidat pro-européen l’emporter plus largement que prévu sur son adversaire. Les Unes sont éloquentes : « l’Europe respire, Macron est le nouveau président » (Süddeutsche Zeitung), « Macron vainqueur pour l’Europe » (Handelsblatt). « La France dit ‘oui’ à l’Europe », renchérit Bild. Nombreux sont les quotidiens qui soulignent que « l’UE a obtenu un nouveau délai de grâce pour se redéfinir, évitant la plongée dans le gouffre » (journaux régionaux du groupe Funke), que s’éloigne le spectre d’un cavalier seul nationaliste et d’un éclatement de l’UE (Neue Osnabrücker Zeitung) ; « on peut respirer, la France n’a pas basculé dans le camp des diviseurs et des fossoyeurs », écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, « la France a refusé de quitter la communauté des peuples d’Europe », se réjouit le Tagesspiegel. L’enjeu européen explique la couverture médiatique exceptionnelle de ces derniers jours (analyses, éditoriaux, portraits, reportages, interviews, pages littéraires et culturelles) : « le destin de l’Europe dépendait de l’issue du scrutin, la politique étrangère avait pris une dimension de politique intérieure, la claire victoire de Macron nous a, nous aussi, préservé de la chute libre », commente ainsi le rédacteur en chef de la 2e chaîne de télévision publique ZDF.
« Un président sans appareil de parti » (FAZ), « en sursis » (Handelsblatt)
Les médias reviennent longuement sur l’ascension éclair du « chef d’Etat français le plus jeune depuis Napoléon » (FAZ, Berliner Zeitung) dont ils jugent que la personnalité garde une part de mystère malgré l’avalanche de portraits et la bienveillance avec lesquels la presse a commenté ses positions pendant la campagne électorale. Tous les éditorialistes s’accordent à souligner qu’« une tâche herculéenne » attend Emmanuel Macron compte tenu d’une « France fragmentée en quatre camps de taille comparable : extrême-droite, extrême-gauche, conservateurs et sociaux-démocrates » (Berliner Morgenpost) et du fait que « pour la première fois, la France va être présidée par un homme sans appareil de parti » (Frankfurter Allgemeine Zeitung). « Le pays a voté dans une atmosphère quasi-prérévolutionnaire, due à deux échecs présidentiels, une phase trop longue de déclin économique et un épuisement alimenté aussi par le terrorisme omniprésent. Dans ce contexte, ce résultat est une preuve de forte maturité démocratique », estime la Süddeutsche Zeitung. « La France reste profondément divisée, le spectre d’une présidente Marine Le Pen a juste été dissipé pour les cinq prochaines années », écrit Die Welt. Nombreux sont les journaux à souligner, pour s’en inquiéter, que « plus d’un tiers des électeurs a voté Le Pen et un quart s’est totalement abstenu » (Badische Zeitung) et que « le principal défi qui attend le futur président est de se constituer une majorité parlementaire » (Süddeutsche Zeitung).
« Un partenaire fort pour l’Allemagne » (Berliner Zeitung)
Les messages de félicitation de la chancelière fédérale et du ministre des Affaires étrangères sont repris par tous les journaux. Après la « Macronmania » (Die Welt) qui avait saisi l’ensemble des médias, plusieurs articles et commentaires de ces derniers jours considéraient que l’Allemagne allait déchanter en réalisant que les positions économiques et financières d’Emmanuel Macron sur le plan européen étaient celles d’un social-démocrate en opposition à la ligne budgétaire rigoriste des conservateurs allemands et à l’ordo-libéralisme cher aux éditorialistes allemands, toutes tendances confondues. Ce qui inquiète la Frankfurter Allgemeine Zeitung est pour le Handelsblatt et la Berliner Zeitung l’occasion d’appeler les dirigeants allemands à faire des concessions sur le plan européen pour pérenniser le moteur franco-allemand en Europe. « Pendant la campagne, Macron a défendu contre toutes les attaques la coopération avec l’Allemagne et l’UE. Mais il va maintenant exiger de Berlin davantage en matière de lutte contre le dumping social, de budget et de représentation parlementaire de la zone euro », prédit le Handelsblatt qui appelle l’Allemagne à quitter le confort d’une « politique attentiste se reposant sur les excédents commerciaux et l’équilibre budgétaire ». « L’Allemagne est dans le même bateau et le mot d’ordre doit être : fini la pause, tout le monde sur le pont ! » s’exclame le correspondant à Paris du quotidien des affaires. « Il est de l’intérêt de l’Allemagne que la France retrouve un rôle de leader en Europe », fait également valoir la Berliner Zeitung. Pour le Tagesspiegel, le message de félicitations de Sigmar Gabriel à Emmanuel Macron a montré « à quel point la politique française avait des conséquences en Allemagne », car en écrivant que « celui qui s’attaque à des réformes ne doit pas être contraint dans le même temps de mener une politique de rigueur », le ministre allemand des affaires étrangères visait « clairement son homologue aux Finances, Wolfgang Schäuble », conclut le Tagesspiegel.
- Allemagne
Elections régionales au Schleswig-Holstein : « claire victoire de la CDU dans le nord – revers pour le SPD » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)
Les journaux soulignent que la CDU est le grand vainqueur des élections régionales qui se sont tenues hier dans le Schleswig-Holstein. Avec 32% des voix, les conservateurs améliorent de 1,2 point leur score et arrivent en tête devant le SPD (27,2%) qui recule de 3,2 points par rapport à 2012. En léger recul (-0,3 point), les Verts se classent en 3ème position avec 12,9%, devant les libéraux du FDP (11,5%) en progression de 3,3 points. Avec 5,9%, l’AfD entre au parlement régional, contrairement à Die Linke. Non concerné par la règle des 5% et actuellement au gouvernement, le parti de la minorité danoise SSW recueille 3,4%. « La coalition sortante constituée du SPD, des Verts et du SSW perd sa majorité et la formation de la future coalition va s’avérer compliquée », relève la FAZ avant d’énumérer les différentes options possibles (une grande coalition sous la houlette de la CDU, une alliance à trois incluant les Verts, ou une coalition entre la CDU et les Verts qui disposerait d’une majorité d’une voix). Cette variété de choix fait dire au tabloïd Bild qu’avec un parlement dans lequel 6 partis vont être représentés, les Verts et le FDP pourraient bien être les « faiseurs de rois ».
Même si la FAZ insiste sur le fait que le résultat du Schleswig-Holstein n’a pas forcément valeur de signal pour les élections fédérales car la CDU doit sa victoire à Kiel davantage à son candidat local qu’à la chancelière, la plupart des quotidiens s’accordent néanmoins à considérer que le succès de la CDU est aussi celui d’Angela Merkel, qui après la réélection d’Annegret Kramp-Karrenbauer (CDU) en Sarre en mars dernier, se voit à nouveau confortée (Die Welt). De même, le revers essuyé par le SPD « fait souffler un vent âpre en direction de Berlin » (Tagesspiegel) et tous les regards se tournent à présent vers la Rhénanie du Nord-Westphalie où les électeurs sont appelés aux urnes dimanche prochain. De l’avis de plusieurs journaux, la dynamique Schulz s’est bel et bien essoufflée et pour le Handelsblatt, l’absence de programme de Martin Schulz pour l’Allemagne en est la raison.
- International
Visite du président fédéral en Israël : « calmer le jeu » (Handelsblatt)
Unanimes, les quotidiens relèvent qu’après les frictions engendrées par la récente visite en Israël du ministre des affaires étrangères Sigmar Gabriel (SPD), le président fédéral a su trouver « l’équilibre » (Berliner Zeitung) et « le ton juste » (Süddeutsche Zeitung). De l’avis de la FAZ, il a fourni la preuve que, comme son prédécesseur Joachim Gauck, il est capable d’adopter un langage clair en critiquant le refus de Benjamin Netanyahou de recevoir S. Gabriel. Lors de son discours à l’université hébraïque de Jérusalem, il s’est montré encore plus explicite en critiquant la politique israélienne de colonisation et en faisant remarquer que les non-dits ne sont pas de nature à améliorer la compréhension mutuelle, souligne pour sa part Bild. « Le président fédéral a montré qu’il est possible d’allier une position ferme et le doigté requis pour l’exprimer, juge de son côté le Handelsblatt./.