Aujourd’hui en Allemagne . 9 Mai 2017

Synthèse de la presse quotidienne

9 mai 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France à Berlin

  1. L’élection d’Emmanuel Macron est toujours à la Une de la Süddeutsche Zeitung (« Merkel hésite à s’engager à aider Macron » sur son programme) et de Die Welt (« l’homme qui bouleverse »). La Frankfurter Allgemeine Zeitung note la réaction de Martin Schulz à la défaite de son parti dans le Schleswig-Holstein (« le SPD est en situation difficile ») et le quotidien des affaires Handelsblatt consacre sa Une au programme économique du parti social-démocrate pour les élections fédérales (« onéreuses promesses »). Der Tagesspiegel indique pour sa part que « la police s’attend à des violences massives pour les manifestations anti-G20 »).
  2. France / Allemagne

Election d’Emmanuel Macron : « Merkel doit aider Macron » (Die Welt)

Les quotidiens consacrent aujourd’hui encore de nombreux cahiers et pages spéciales, abondamment illustrés, à l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République et au bouleversement du paysage politique français. A l’instar de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, les journaux rapportent que « Berlin se réjouit de l’élection de Macron » et que la chancelière fédérale, dans des félicitations appuyées adressées au vainqueur de la présidentielle, a déclaré n’avoir « pas le moindre doute quant à la bonne coopération » qui devrait s’établir avec le président élu.

Les analyses et commentaires du jour se focalisent essentiellement sur les répercussions que peut avoir cette élection sur la campagne électorale en Allemagne, alors que le camp conservateur d’Angela Merkel campe sur une orthodoxie budgétaire qu’E. Macron entend bousculer au niveau européen, et que le SPD du vice-chancelier et ministre des affaires étrangères Sigmar Gabriel, favorable à davantage de souplesse budgétaire, n’hésite plus à afficher ses désaccords avec le partenaire de coalition. Dès dimanche soir, S. Gabriel a, dans une interview télévisée, appelé l’Allemagne à soutenir l’action d’E. Macron pour faire barrage à la montée inexorable du Front national : « nous devons arrêter de jouer avec l’orthodoxie financière… Macron veut faire des réformes et a besoin de temps pour réduire les déficits (…). L’Allemagne doit arrêter de traiter la France comme un élève », a-t-il déclaré en appelant l’Allemagne à investir davantage et à travailler avec Paris à un fonds d’investissement. « Merkel hésite toutefois à aider Macron », fait valoir la Süddeutsche Zeitung en relevant les propos de la chancelière selon laquelle « ce n’est pas à l’Allemagne de changer en premier sa politique ». « Entre Paris et Berlin, la politique européenne menace de devenir une pomme de discorde, car la ligne européenne de Macron est difficilement conciliable avec les idées allemandes », s’inquiète la FAZ, seul quotidien véritablement rétif à toute réorientation de la politique allemande en la matière.

Une majorité d’éditorialistes considère que les conservateurs allemands vont devoir assouplir leurs positions rigoristes en matière de finances publiques pour ne pas grever les chances d’E. Macron de redresser l’économie française et par voie de conséquence, pour ne pas nuire aux perspectives d’avenir de l’Allemagne. « Le SPD va jouer de sa proximité avec la ligne de Macron dans la campagne électorale et acculer Merkel et Schäuble, dont la politique mise sur la compétitivité et la réduction des déficits publics », prédit la Berliner Morgenpost (journaux du groupe Funke) en soulignant que « même si Merkel a eu du succès avec cette politique en Allemagne, elle ne peut pas continuer à jouer les maîtresses d’école rigoristes avec Paris, elle doit faire des concessions à Macron, par exemple en autorisant un dépassement temporaire des seuils de déficit ». « Si la France échoue, l’Allemagne souffrira aussi », met en garde le journal. « Cette élection aura forcément une influence sur la campagne électorale allemande ! » s’exclame aussi le Tagesspiegel. « Il suffit de voir comment Sigmar Gabriel a déjà pris parti pour le Français social-libéral, et donc contre Merkel et Schäuble. Si ces deux-là refusent tout changement, cela pourrait leur coûter cher, non seulement dans l’UE, mais aussi ici, car ce que les électeurs allemands apprécient chez Merkel, c’est que sa politique ne fait pas de vagues, et ce qu’ils détestent, ce sont les querelles empoisonnées », observe le quotidien de Berlin. « Merkel doit aider Macron, l’Allemagne peut et doit tout faire pour que le porteur d’espoir libéral ait du succès », juge également, une fois n’est pas coutume, le conservateur Die Welt. Une inflexion éditoriale due non seulement à la gratitude du quotidien envers un candidat ayant fait barrage à l’extrême-droite, mais aussi à la constatation que c’est en misant sur une UE plus solidaire que des candidats modérés ont gagné des élections en Autriche, aux Pays-Bas et en France. « Il est temps de mettre fin au surpoids malsain de l’Allemagne en Europe, et cela n’ira pas sans sacrifices sur la politique de rigueur et les transferts financiers », conclut la Süddeutsche Zeitung.

  1. Allemagne

Suites des élections régionales au Schleswig-Holstein : « le SPD minimise le revers électoral subi dans le nord » (Süddeutsche Zeitung)

L’ensemble de la presse se fait l’écho de la réaction de Martin Schulz (SPD) qui a qualifié de « revers » l’échec subi par les sociaux-démocrates et jugé que « le parti fait face à une situation difficile ». De l’avis de la FAZ, les élections de dimanche en Rhénanie du Nord-Westphalie vont s’avérer décisives, le SPD ne pouvant se permettre une nouvelle défaite qui contrarierait très sévèrement ses chances pour les élections législatives fédérales du 24 septembre.

La presse indique aussi que Daniel Günther, candidat tête de liste de la CDU au Schleswig-Holstein et vainqueur du scrutin, refuse toute alliance avec le SPD et a reçu le soutien de la chancelière pour former un gouvernement avec les Verts et le FDP (coalition dite « Jamaïque » en raison des couleurs des partis). La FAZ note à cet égard que Jens Spahn (CDU), secrétaire d’Etat au ministère fédéral des finances, a estimé qu’une telle option pouvait être également envisagée pour la CDU au niveau fédéral. Sur la base d’un sondage INSA, le tabloïd Bild abonde en ce sens, en soulignant que le recul du SPD de 28,3% à 27% creuse l’écart avec la CDU/CSU créditée de 35 à 36% et « ouvre d’autres possibilités que celle de la grande coalition ».

Elections fédérales/programme économique de Martin Schulz 

Sous le titre « d’onéreuses promesses », le Handelsblatt rend compte de la présentation hier par le président du SPD de son programme économique devant un parterre de responsables économiques. « Schulz veut donner la priorité au passage au numérique, promet une baisse des charges pour les revenus moyens et modestes et entend relancer les investissements », résume le journal qui s’inquiète de promesses qui pourraient se chiffrer à 30 milliards d’euros par an. Sous le titre « Schulz n’est pas Schröder », le quotidien des affaires juge que Martin Schulz copie le slogan « justice et innovation », jadis utilisé par Gerhard Schröder, sans pour autant s’inspirer de sa manière de procéder. « L’ancien chancelier ne voulait dépenser que ce qui était déjà rentré dans les caisses », estime le journal pour qui « M. Schulz est à mille lieues des projets de modernisation de G. Schröder sous le gouvernement duquel ont été mises en œuvre la dernière grande réforme fiscale et la dernière réforme d’envergure du marché du travail »./.