Synthèse de la revue de presse américaine du 17 Mai 2017

Mercredi 17 mai 2017

Ambassade de France à Washington

Réalisation : Vincent Talbot

Validation : Benoît Cormier

  1. France/Europe

Fausses informations

            Un pirate informatique américain, créateur d’un site internet néonazi, serait à l’origine d’une campagne de désinformation sur des comptes off-shore d’Emmanuel Macron lors des élections présidentielles, rapporte le Wall Street Journal.

  1. International

Syrie

            Selon le New York Times des résidents de Damas rapportent depuis 2013 des « odeurs inhabituelles » aux alentours du site du four crématoire identifié par le Département d’État. Le quotidien estime que ces révélations « ajoutent de la pression » sur les membres du Conseil de sécurité de l’ONU dans la négociation d’une sortie de crise en Syrie.

Turquie- États-Unis

            L’ensemble des médias (WP, WSJ, NYT, CNN) revient sur l’entretien entre les présidents Trump et Erdogan. Le Wall Street Journal évoque une « visite constructive » malgré «la frustration » exprimée par le dirigeant turc au sujet du soutien de Washington aux forces kurdes en Syrie. « Une rencontre mitigée » estime pour sa part le Washington Post qui souligne néanmoins « les louanges du président Erdogan » au sujet de la victoire de Donald Trump en novembre 2016. Selon CNN « l’apparence d’amitié » entre les chefs d’État « masque » une relation « à son plus bas depuis des années ».

Cyberattaques

Selon les médias (WP, WSJ, NYT), la NSA, aurait réfléchi puis renoncé à informer Microsoft de l’importance de la faille de sécurité découverte et utilisée par l’agence dans l’élaboration de l’outil d’espionnage volé par le groupe Shadow Broker. Le Washington Post s’alarme de ces révélations et se fait l’écho de ceux qui demandent un meilleur encadrement de la NSA. Pour sa part, le New York Times estime que l’agence de renseignement se retrouve dans une situation « extrêmement gênante » qui aura des « répercussions sur son fonctionnement dans l’avenir».

III. Politique intérieure          

Maison Blanche

« Une série de scandales » (« une » – WSJ) entourant à la fois le limogeage du directeur du FBI, James Comey, le partage d’informations classifiées et des allégations d’interférences du président Trump dans l’enquête au sujet de l’ancien conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, et de ses liens avec la Russie, génère une tempête médiatique dans l’ensemble de la presse américaine (WP, WSJ, NYT, CNN, The Hill, Politico, Fox News, Foreign Policy, National Review).

Les principaux quotidiens (WSJ, WP, NYT) reviennent en « une » sur une note qu’aurait écrit James Comey à la suite d’une rencontre avec le président Trump lors de laquelle ce dernier lui aurait demandé « de laisser de côté » l’enquête entourant Michael Flynn. Ces révélations « représenteraient la preuve la plus tangible de l’ingérence du président dans les affaires du FBI et du ministère de la Justice », estime le New York Times. Le quotidien se fait également l’écho des propos d’agents de renseignement qui évoquent « une piste de papier » laissée par James Comey dans le but de documenter « les actions inappropriées » du président dans cette affaire. Le Wall Street Journal s’inquiète d’autre part du « lien indéniable entre cette note et le brusque limogeage » de James Comey. Le Washington Post abonde dans le même sens mais souligne également les propos de Barak Cohen, ancien procureur fédéral, qui mentionne la « difficulté de prouver l’intention réel du président Trump » dans cette affaire. Le journal évoque néanmoins la « contradiction » qui existe entre ces révélations et le témoignage du chef intérimaire du FBI, Andrew McCabe, qui a affirmé la semaine dernière qu’il n’y avait eu « aucune obstruction » dans l’enquête de l’agence.

Cette affaire s’ajoute aux allégations de partage d’informations classifiées par le président Trump avec les autorités russes. À ce sujet, l’ensemble de la presse américaine (WP, WSJ, NYT, CNN, Fox News) revient sur « l’évolution de la rhétorique » (WP) de la Maison Blanche. Lors d’une conférence de presse le 16 mai, le conseiller à la sécurité nationale H.R. McMaster a décrit les actions du président comme « tout à fait appropriées » (WP, NYT), sans pour autant « élaborer sur les raisons du partage d’information avec un adversaire des États-Unis » (NYT). À ce sujet, le Washington Post indique que H.R. McMaster « semble se contredire » alors que ce dernier avait évoqué la veille que les révélations de partage d’informations « étaient simplement fausses ». Le quotidien attribue cette contradiction à un tweet du président le 16 mai au matin affirmant « son droit » de partager toute information qu’il juge pertinente avec les autorités russes. Le Washington Post estime que le président « se cache » derrière H.R. McMaster, « son bouclier » dans cette affaire. Les principaux titres (WSJ, WP, NYT) s’alarment par ailleurs des conséquences du partage d’informations classifiées avec les russes «plutôt qu’avec les alliés des États-Unis ». Foreign Policy évoque pour sa part la possibilité que ces derniers « ne fassent plus confiance au président américain » à la suite de cette histoire.

« C’est l’heure des choix pour le parti républicain », estime d’autre part le Washington Post qui indique « qu’il est pratiquement impossible pour le parti majoritaire de faire avancer quelque agenda législatif que ce soit avec tous les scandales à la Maison Blanche ». Le journal évoque d’ailleurs « une atmosphère tendue » entre l’administration et le Grand Old Party.

La vaste majorité des éditoriaux revient également sur ces révélations. « Est-ce que M. Trump fait de l’ingérence dans le processus judiciaire ? » se demande le New York Times qui critique vertement les actions récentes du président. Le journal évoque « l’abus de pouvoir » de ce dernier, protégé entre autres par « son plus grand admirateur, le ministre de la Justice Jeff Sessions ». Le quotidien demande aux républicains du Congrès d’agir.

Le Washington Post fustige également le président américain dans un éditorial qu’il consacre au partage d’informations classifiées par ce dernier. Donald Trump doit « corriger le tir immédiatement » et « cesser les enfantillages qui mettent en danger la sécurité nationale des États-Unis ». « C’est le chaos complet à la Maison Blanche », estime le quotidien.

David Ignatius signe une tribune du Washington Post dans laquelle il demande « l’encadrement plus serré du président par ses conseillers » afin de lui permettre de sortir du chaos dans lequel il se retrouve actuellement. Sans quoi, indique le journaliste, « une destitution est possible ».

USA Today demande aux américains d’imaginer qu’Hillary Clinton soit derrière les scandales actuels de la Maison Blanche. « Elle n’aurait fait qu’un dixième de ce que l’on observe actuellement et les Républicains exigeraient sa démission » s’insurge le média qui demande à ces derniers de faire preuve de responsabilité.

Plus nuancé, le Wall Street Journal évoque la « nécessité pour la président de changer son équipe de conseillers ». Pour le quotidien, le manque de contrôle de la Maison Blanche sur sa propre rhétorique est « dommageable pour l’administration ». Le journal émet néanmoins des réserves sur la capacité de gouverner de Donald Trump, qui pourrait « décevoir les Américains ».

Le journal conservateur National Review estime pour sa part qu’Hillary Clinton et Barack Obama « ont commis bien pire que Donald Trump ».