Aujourd’hui en Allemagne. 18 Mai 2017

Synthèse de la presse quotidienne

18 mai 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France à Berlin

  1. Les scandales en série pour Donald Trump dominent les titres de la presse qui estime que la situation est grave pour le président américain : « Trump s’est-il rendu coupable d’obstruction à la justice ? (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « Trump en situation de détresse, Poutine veut aider » (Süddeutsche Zeitung), « à Washington, le mot destitution circule désormais » (Die Welt). Des révélations sur des fautes de la police berlinoise dans le dossier de l’auteur de l’attentat du marché de Noël en décembre dernier sont à la Une du tabloïd Bild (« le sénateur à l’Intérieur porte plainte contre la police ») et du Tagesspiegel (« la police criminelle de Berlin pointée du doigt – a-t-elle cherché à dissimuler des faits dans le dossier Amri ? »)
  2. Allemagne

Affaire Amri : le sénateur berlinois de l’intérieur porte plainte contre la police criminelle de Berlin » (Bild)

Outre le tabloïd Bild qui y consacre un dossier, plusieurs quotidiens font état des derniers éléments de l’enquête sur Anis Amri, l’auteur de l’attentat sur un marché de Noël de Berlin le 19 décembre dernier. Selon le gouvernement de la ville-Etat de Berlin, la police criminelle était en possession d’informations qui auraient dû conduire à l’arrestation dès l’automne d’Anis Amri. Ainsi, contrairement à ce qui a pu être affirmé, l’auteur de l’attentat n’était pas connu des services de police comme un petit dealer, mais comme trafiquant de drogues. En outre, des indices laissent penser qu’à la suite de l’attentat, les services de police auraient cherché à cacher certaines choses en antidatant le procès-verbal contenant le détail des échanges téléphoniques du terroriste. En conséquence, le sénat de Berlin a déposé plainte et une enquête interne pour falsification est en cours qui vise plusieurs fonctionnaires de police.

Qualifiant l’affaire de « désastre sur toute la ligne », Bild s’indigne de la série de pannes sans précédent qui, aux yeux du journal, a coûté la vie à 12 personnes et fait une soixantaine de blessés.

« Le gouvernement fédéral se prépare à un retrait d’Incirlik » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Sous ce titre, le quotidien de Francfort fait état des réflexions en cours pour retirer de la base turque d’Incirlik le contingent allemand qui est stationné afin de le déplacer en Jordanie. Si la ministre de la défense s’efforce d’obtenir des autorités turques l’accès à Incirlik pour des parlementaires allemands, elle est attendue demain en Jordanie pour s’entretenir avec le roi Abdallah II d’un possible déploiement du contingent allemand dans l’est du pays.

De l’avis de la FAZ, un départ du contingent allemand d’Incirlik qui présentait l’avantage de la proximité avec la frontière syrienne ne nuirait pas à la Turquie. En revanche, la situation se compliquerait pour le dispositif allemand qui, en Jordanie, se trouverait éloigné de son terrain d’action. « Pourtant », conclut le quotidien, « un départ d’Incirlik serait la bonne décision car il est temps que l’Allemagne cesse de se laisser mener par le bout du nez ». Approuvant également un tel scénario, le Tagesspiegel estime que dans le conflit avec l’allié turc, l’OTAN devrait prendre fait et cause pour l’Allemagne, sans quoi, poursuit le journal, « d’autres autocrates que l’occupant de la Maison Blanche pourraient bien en venir à déclarer l’Alliance obsolète ».

  1. Europe

« La Hongrie menacée de sanctions » (tageszeitung)

La presse accueille favorablement l’adoption hier par le parlement européen d’une résolution préconisant l’activation de la procédure de sanctions prévue à l’article 7 du traité de l’Union européenne contre la Hongrie. « Au-delà des multiples crises qui secouent l’UE, celle-ci a un problème de crédibilité en n’arrivant pas à faire barrage aux gouvernements autoritaires en son sein, son impuissance est une honte. Heureusement, le Parlement européen a pris son courage à deux mains, au moins c’est un début pour réaffirmer les valeurs et la dignité de l’Europe », commente la Berliner Zeitung. « il est bon qu’une majorité de députés européens, dont une soixantaine de conservateurs, adressent un carton jaune à Orban », abonde le Tagesspiegel. Pour le journal de Berlin, le Premier ministre hongrois est un « Janus aux deux visages », attisant chez lui les ressentiments anti-européens mais se montrant coopératif avec Bruxelles pour ne pas mettre en péril les milliards de subventions européennes. Compte tenu du fait que la Hongrie ne peut se permettre de sortir de l’UE, la menace de sanctions pourrait s’avérer un bon moyen pour stopper la dérive autocratique de Viktor Orban, surtout si les conservateurs européens prennent enfin leurs distances avec lui, espère le Tagesspiegel.

Sondage de Stern sur le programme européen du président de la République

Un sondage réalisé du 8 au 12 mai par l’hebdomadaire Stern fait apparaître qu’une très large majorité d’Allemands partage l’analyse d’Emmanuel Macron sur la nécessité de réformer profondément l’Union européenne. A la question de savoir si l’UE, et tout particulièrement la zone euro, « a besoin de réformes en profondeur telles que les préconise le nouveau président français », 79% des personnes interrogées répondent par l’affirmative, appelant de leurs vœux une autre Europe, écrit le magazine. Les avis sont toutefois partagés s’agissant des propositions en elles-mêmes : 52% des sondés sont pour un budget de la zone euro (40% contre) mais 51% rejettent l’idée d’un gouvernement économique et d’un ministre des finances de la zone euro (42% pour). 49% des Allemands pensent que le gouvernement fédéral devrait activement soutenir les propositions de réforme du président de la République, tandis que 42% souhaitent que Berlin reste en retrait, indique encore ce sondage, non commenté par Stern.

  1. France

Nouveau gouvernement français : « les visages de l’efficacité » (Süddeutsche Zeitung)

Les quotidiens accueillent favorablement, mais aussi avec une certaine incrédulité, la composition du gouvernement, les médias allemands ayant douté de la capacité de la France à dépasser les clivages partisans pour réunir au sein d’un gouvernement un « pot-pourri de couleurs politiques », expression souvent utilisée : « un socialiste aux affaires étrangères, une libérale à la défense et un conservateur à l’économie et aux finances », écrit la tageszeitung. Les journaux relèvent, à l’instar de Die Welt, que les principaux ministères ont été confiés à des personnalités expérimentées de la politique et de l’administration. « Emmanuel Macron entame sa révolution de manière douce pour ne pas brusquer les socialistes et les conservateurs modérés dans l’attente des législatives », analyse Die Welt. « C’est un mélange intéressant qui traduit un style non orthodoxe, mais attendons de voir si ce gouvernement va durer et s’il s’acquittera de ses missions avec compétence », commente prudemment la FAZ.

« Les ministres de Macron parlent allemand » (Bild), s’étonne et se réjouit à nouveau la presse en se penchant tout particulièrement sur les parcours des ministres Bruno Le Maire et Sylvie Goulard, lesquels, soulignent les médias, bénéficient d’une forte notoriété et de réseaux efficaces au sein de la classe politique allemande. La nomination de Sylvie Goulard, « une Européenne » (FAZ) à la tête du ministère des Armées est, pour les médias, le signe de l’importance accordée au rapprochement européen en matière de défense./.