Think Tank Hebdo du 11 au 17 mai 2017 par l’Ambassade de France aux USA

A NE PAS MANQUER

Alors que la décision de l’administration américaine vis-à-vis de l’Accord de Paris a été repoussée à fin mai, Nathan Hultman de la Brookings revient sur les évolutions globales de ces vingt dernières années qui rendent cet accord nécessaire : As Trump weighs Paris Climate agreement, 6 ways the world has changed.
TURQUIE – ETATS-UNIS

De nombreux think-tanks (CSIS, Brookings, AEI, Wilson Institute, MEI, CFR) ont profité de la rencontre entre le président turc Receyp Tayyip Erdogan et le président américain Donald Trump à la Maison Blanche pour analyser la relation turco-américaine.

– Turkey is not an easy ally, but it’s not time to write it off – Melissa Dalton – CSIS
La relation bilatérale est tendue depuis plusieurs années, car elle se focalise sur les « crises et n’apportant que très peu de bénéfices de long-terme aux deux pays ». Selon Melissa Dalton, cette rencontre est certainement la « plus difficile » de toutes entre les deux pays du fait de l’annonce par l’administration Trump de son soutien aux Kurdes de Syrie malgré les « objections véhémentes » de la part de la Turquie. Ce point d’accrochage principal génère un véritable « dilemme » pour Washington entre les craintes légitimes du régime d’Erdogan vis-à-vis du PKK et les combats menés par les membres des YPG (Unités kurdes de protection du peuple) contre Daech. Melissa Dalton conclut en estimant que les deux alliés doivent être « réalistes » quant à leurs possibilités respectives d’action du fait « de leur manque de confiance réciproque et des fortes disparités sur leurs valeurs ».

– Salvaging the US-Turkish alliance – Gönül Tol et W. Robert Pears – Middle East Institute
Gönül Tol et W. Robert Pearson font état de la situation ambivalente dans laquelle se trouve la Turquie qui ne dispose que d’options limitées face à Washington. Erdogan, « frustré et déçu » par les récentes décisions de l’administration Trump, pourrait jouer la carte russe bien que cela constituerait un réel « camouflet » infligé aux alliés occidentaux d’Ankara. L’importance stratégique de la Turquie est toutefois soulignée par les auteurs, les Etats-Unis « ne pouvant se permettre de perdre un tel partenaire ». Selon eux, D. Trump doit offrir quelque chose à Erdogan pour empêcher que leur alliance « ne sombre dans les abysses ». Une façon de rassurer Ankara serait de renforcer l’aide apportée au régime dans sa lutte contre le PKK notamment dans le domaine du renseignement. En effet, la décision d’armer les Kurdes en Syrie risque de « hanter » les relations entre la Turquie et les Etats-Unis pendant les années à venir tout en alimentant, dans la société civile turque, l’impression que l’Occident promeut un Etat kurde.

– To Erdogan and Trump : don’t forget the Syrian refugees – Kemal Kirişci – Brookings
Pour Kemal Kirişci, le problème majeur des relations entre les Etats-Unis et la Turquie réside dans le fait que les deux pays ont des « priorités opposées » en Syrie. Ainsi D. Trump a accru sa coopération militaire avec les Kurdes afin de vaincre l’Etat Islamique et reprendre Raqqa, ce qui a « frustré » R. Erdogan qui souhaite, pour sa part, empêcher l’accroissement de l’influence kurde à la frontière entre la Syrie et la Turquie. Il est cependant « vital » pour l’administration américaine de coopérer avec Ankara si elle veut parvenir à ses fins. Travailler sur la question des réfugiés syriens pourrait être un moyen pour les deux pays de faire preuve de « bonne volonté » dans leur relation ou tout du moins pourrait permettre de réduire les tensions. Le chercheur souligne également la nécessité pour Washington de réfléchir aux possibilités de long-terme en Syrie et notamment le rôle envisagé pour les Kurdes après la libération de Raqqa.

AUTRES SUJETS

– Macron wins: what’s next for France? – Steven Philip Kramer – Wilson Center
Bien qu’il soit encore trop tôt pour faire une analyse complète des effets de l’élection d’Emmanuel Macron, le politologue estime qu’une seule chose est actuellement claire : « Marine Le Pen a su obtenir un nombre troublant de soutiens ». Selon le chercheur, le Front national est « plus que jamais une opposition à prendre au sérieux » et les préoccupations de ses partisans « doivent être entendues ». Il rappelle également la nécessité d’analyser les raisons pour lesquelles un parti d’extrême-droite, « raciste et fasciste » est devenu une caisse de résonance pour de tant de Français. En ce sens, il souligne que si Macron ne réussit pas à entreprendre les réformes qu’il a promises, les électeurs se tourneront « inévitablement vers le Front national ». L’extrême-droite n’est pas défaite, elle est plutôt en bonne santé en France, selon l’expert. Les faiblesses de Marine Le Pen lors des débats expliquent, « en partie du moins », le résultat du Front national sous la barre des 40% lors du deuxième tour de l’élection. Selon S. Kramer, dans un contexte où les partis traditionnels étaient au pied du mur, l’extrême-droite aurait pu faire encore mieux. Au final, le chercheur souligne l’importance des élections législatives à venir pour le succès du quinquennat d’Emmanuel Macron ainsi que « pour l’avenir de l’Union européenne ».