Les quatre chiffres à connaître sur l’énergie nucléaire en France

LE SCAN ÉCO – Le nucléaire est une source de production d’électricité «indispensable» pour l’indépendance énergétique de la France, a affirmé jeudi le PDG d’EDF aux actionnaires du groupe, alors que la nomination de Nicolas Hulot au ministère de la Transition écologique suscite des inquiétudes.

L’énergie nucléaire est «indispensable» pour l’indépendance énergétique de la France a affirmé ce jeudi le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy. Une manière de rassurer les actionnaires de l’électricien public, alors que l’action du groupe avait brutalement dévissé mercredi après la nomination de Nicolas Hulot, fervent partisan des énergies renouvelables, au ministère de la Transition écologique et solidaire. L’atome est «un socle de production indispensable, pas seulement aujourd’hui, mais pour encore des décennies», a encore affirmé le PDG d’EDF. Et pour (vraiment) essayer de rassurer les investisseurs, qui craignent tout simplement que le successeur de Ségolène Royal ne prenne des décisions très défavorables à EDF, un porte-parole du gouvernement a déclaré jeudi que le nouveau ministre appliquerait sur le nucléaire la feuille de route du président. «Un ministre ne pose pas ses conditions.»

Qu’en est-il toutefois de cette énergie tant décriée ou tant louée? Combien d’emplois sont concernés, quelle est la part du nucléaire dans la production d’électricité en France, quel est le coût de l’entretien des centrales? Combien y a-t-il de réacteurs? Tour d’horizon.

• Environ 75 % de l’électricité provient du nucléaire

Aujourd’hui, la France dépend fortement de l’énergie nucléaire. En moyenne, la production en électricité provient pour plus de trois quarts de l’atome. En 2014, d’après les statistiques de RTE, le Réseau de transport d’électricité, la part du nucléaire dans la production d’électricité s’élevait à 77%. Une proportion qui a peu varié depuis. Ce jeudi 18 mai 2017 à 15h30, selon les données publiées en temps réel par RTE sur le mix énergétique, 71% de la production d’électricité émanait de l’énergie nucléaire, 14% de l’énergie hydraulique, 6% du gaz, 4% de l’énergie solaire, 3% de l’éolien, 1% des bioénergies et 1% du charbon.

La loi de transition énergétique adoptée en août 2015 prévoit de baisser de 75 à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici 2025. Un cap qu’Emmanuel Macron a promis de maintenir. «Il n’est pas bon d’avoir 75%» de l’électricité d’origine nucléaire avait jugé, lors de sa campagne, le candidat d’En Marche!, lors d’un entretien organisé par WWF et diffusé sur Facebook en février dernier. Il entend en parallèle passer à 32 % la part des énergies renouvelables d’ici à 2030. Pour cela, il souhaite mettre en place un calendrier d’appels d’offres à hauteur de «30 milliards d’euros en cinq ans» pour «la production de 26.000 mégawatts en capacité, l’équivalent de six réacteurs», a-t-il assuré.

• Un parc de 58 réacteurs

L’Hexagone compte aujourd’hui 58 réacteurs nucléaires de différentes puissances. Ils sont répartis sur 19 centrales. Parmi ces réacteurs, 34 produisent chacun une puissance électrique de 900 MégaWatt (MWe), d’après l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Un réacteur de 900 MW produit en moyenne chaque mois 500.000 MWh, ce qui correspond à la consommation de 400.000 ménages environ, souligne EDF. Vingt autres réacteurs produisent 1300 MWe. Les quatre derniers délivrent 1450 MWe. Enfin, un 59ème est en construction à Flamanville, dans la Manche. De type EPR, il est censé produire à lui seul 1600 MWe.

• L’entretien des centrales pourrait coûter 45 milliards d’euros

EDF a revu à la baisse le coût du «grand carénage», ce chantier gigantesque qui vise à allonger de 20 ans la durée d’exploitation des centrales et à augmenter leur niveau de sûreté. Jeudi, Jean-Bernard Lévy, PDG d’EDF, a affirmé aux actionnaires que le coût de l’opération était de «45 milliards d’euros». Initialement, ce chantier, le plus important jamais lancé par EDF depuis la construction du parc nucléaire au cours des années 1970-1980, avait été évalué par l’entreprise à plus de 50 milliards d’euros.

Là encore, les estimations divergent. Dans un rapport publié en février 2016, la Cour des comptes estime qu’«un programme global de près de 100 milliards d’euros d’ici à 2030, est nécessaire pour maintenir le parc actuel en état de répondre à la consommation électrique et aux normes de sûreté nucléaire». Démarré l’an dernier, le grand carénage doit se poursuivre au moins jusqu’en 2025.

• Près de 220.000 personnes travaillent pour la filière nucléaire

Sur ce point, les chiffres divergent. D’après le Conseil national de l’industrie, qui dépend du ministère de l’Economie, la filière industrielle nucléaire, qui rassemble 2500 entreprises, emploie près de 220.000 salariés (empois directs et indirects) particulièrement qualifiés, et représente un chiffre d’affaires total de 46 milliards d’euros.

De son côté, Areva, géant du nucléaire, estime que cette industrie serait à l’origine de 2% de l’emploi en France, soit 410.000 emplois dont 125.000 emplois directs. Des chiffres contestés par les partisans de la sortie du nucléaire qui mettent plutôt en avant les emplois et le potentiel de créations d’emplois liés au développement des énergies renouvelables. Une étude de 2011 de l’association négaWatt estimait que le développement des énergies renouvelables pouvait aboutir à la création de «240.000 emplois équivalents temps-plein en 2020 et 630.000 en 2030», fait valoir le réseau Sortir du nucléaire.

Le Figaro 18/05/2017