Comprendre le mégaprojet Europacity en chiffres

INFOGRAPHIE Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dimanche 21 à Gonesse, dans le Val-d’Oise, contre Europacity. Présentation en chiffres de ce projet controversé qui s’inscrit dans le Grand Paris et devrait voir le jour en 2024.

 

« Des champs, pas d’Auchan ! », « Au boulot Hulot » : des centaines de citoyens, élus et syndicalistes ont manifesté dimanche 21 mai à Gonesse (Val-d’Oise) pour « arrêter »le mégaprojet Europacity, qui mêlera à partir de 2024 commerces et loisirs sur 80 hectares de terres en partie agricoles.

Plus de 30 millions de visiteurs par an sont attendus, dont 6 millions de touristes étrangers. Estimé à 3,1 milliards d’euros, ce projet porté par Immochan, la branche immobilière du groupe Auchan, en partenariat avec le conglomérat chinois Wanda, représente le plus grand investissement privé en France depuis la construction de Disneyland Paris en 1992.

À l’appel du « Collectif pour le triangle de Gonesse », les militants, estimés à 500 par la police, se sont réunis pour semer un des champs qui accueillera ce complexe imaginé comme un « nouveau quartier du Grand-Paris », entre les aéroports du Bourget et de Roissy.

Présent parmi eux, le conseiller régional et coordinateur du parti de gauche Eric Coquerel a dénoncé un « projet emblématique d’un projet de société consumériste » qui « va tuer les commerces de proximité ». Pendant ce temps, le maire PS de Gonesse Jean-Pierre Blazy avait réuni devant l’hôtel de ville quelques dizaines d’habitants pour défendre ce projet qui sera, selon lui, « favorable à l’emploi ».

Réaction d’Europacity

Dans un communiqué, Europacity a dénoncé les critiques « infondées » de ses opposants et promis de « développer un ensemble urbain très attractif » qui « participera au désenclavement, au rayonnement et à la relance économique du Nord de l’Île-de-France ». « Le projet est conçu pour que les habitants en soient pleinement bénéficiaires, notamment en termes de création d’emplois », a assuré le promoteur.

11 800 emplois étaient annoncés « en phase d’exploitation ». Europacity retiendrait désormais le nombre de 10 100 (dont 7 400 à 8 100 créations nettes), qui était celui d’une expertise indépendante diligentée par la commission nationale du débat public.

Ces chiffres ont été remis en question par les maires de Paris Terres d’Envol (1). « Le chiffre de 11 800 emplois est totalement surestimé. Si l’on prend en compte le ratio emploi par m2 du complexe EuroDisney et qu’on l’applique a EuropaCity, on obtient 5 832 emplois maximum. Et ceci, sans compter les transferts et destructions d’emplois. » Cette association intercommunale a aussi dénoncé le soutien du gouvernement au projet EuropaCity et lui demande plutôt un soutien financier aux structures existantes visant à désenclaver les quartiers, comme les gares du Grand Paris.

Au-delà des débats publics qui ont déjà eu lieu entre mars et juillet 2016, Europacity s’est engagé à associer les habitants du territoire à la programmation du projet en lançant un processus baptisé « Concertation 2017 ».

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Frédérique Schneider

(1) Paris Terre d’Envol regroupe les villes d’Aulnay-sous-Bois, du Blanc-Mesnil, du Bourget, de Drancy, de Dugny, de Sevran, de Tremblay en France et de Villepinte, soit un territoire de près de 350 000 habitants.

La Croix 22/05/2017