Sondage : les mesures de Macron sur l’école bien accueillies par les Français

Selon un sondage Elabe pour « Les Echos » et Radio classique, 52 % des Français font confiance à l’exécutif sur l’éducation.

C’est un signal encourageant pour le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer , qui s’apprête, ce jeudi, à présenter deux textes visant à faire évoluer la réforme des rythmes scolaires et celle du collège. Selon un sondage Elabe pour « Les Echos » et Radio classique, 52 % des Français déclarent « faire confiance » à l’exécutif pour améliorer le système scolaire. « C’est une majorité courte, commente le directeur des études politiques d’Elabe, Yves-Marie Cann, mais ce crédit apporté au gouvernement est plus important sur l’éducation que sur les questions économiques et sociales. »

Du rétablissement des classes bilangues telles qu’elles existaient avant la réforme du précédent gouvernement au renforcement de la part du contrôle continu au bac, en passant par les devoirs faits à l’école, les 12 élèves par classe en éducation prioritaire, le retour possible à la semaine de quatre jours voire l’éventuelle facilitation du redoublement, les réformes envisagées par le gouvernement sont plébiscitées par les sondés.

Rythmes : une réforme « trop brutale et venue d’en haut »

A commencer par le « rétablissement » des anciennes classes bilangues, réclamé par 87 % des sondés – dont 39 % d’avis tout à fait favorables -, chez les catégories professionnelles les plus favorisées (89 %) comme chez les classes populaires (84 %). L’argument d’élitisme utilisé par l’ex-ministre Najat Vallaud-Belkacem pour les réformer « n’a pas porté », estime Yves-Marie Cann, « y compris dans les classes sociales les moins favorisées, où la réforme a été perçue comme touchant à l’ascenseur social et à la perspective que leurs enfants puissent en profiter ».

Sur la possibilité de revenir à la semaine de quatre jours, 77 % des sondés s’y déclarent favorables – dont 36 % d’avis tout à fait favorables. Les résultats varient peu selon la taille des communes. « Comme pour les classes bilangues, c’est une réforme qui a suscité beaucoup de critiques et qui a été perçue, à tort ou à raison, comme une perte », explique Jean-Marie Cann. La réforme des rythmes est apparue selon lui « comme trop brutale et venue d’en haut »… et comme bousculant la vie des parents. Dans le même ordre d’idée, les sondés approuvent l’idée de devoirs faits à l’école (84 %) et d’un « temps heureux » en famille, selon le ministre.

Une aversion aux réformes

Sur les classes bilangues, les rythmes scolaires ou le redoublement – où 78 % des sondés voudraient qu’il soit plus facile, alors que les conditions ont été durcies sous le quinquennat Hollande -, les résultats sont aussi à lire comme une aversion aux réformes, au motif que « c’était mieux avant ». Cela est surtout visible pour le bac, où seuls 53 % des cadres sont favorables à une part accrue de contrôle continu. Comme si les jeunes générations devaient passer le bac comme eux l’ont fait en leur temps.

Malgré un « terreau favorable », les résultats sont à considérer avec « prudence », souligne Yves-Marie Cann. Car 59 % des classes populaires ne font pas confiance à l’exécutif. Mais aussi parce que les opposants aux réformes envisagées vont faire valoir leurs arguments. « La bataille d’opinion va se mettre en place, les lignes peuvent bouger », avertit Yves-Marie Cann. Le « Faites moi confiance  ! » de Jean-Michel Blanquer ne suffira pas à convaincre. « Les sondés, échaudés par des réformes éducatives qui se succèdent depuis des années, attendent des preuves d’efficacité », conclut Yves-Marie Cann.

Sondage réalisé les 5 et 6 juin par Internet auprès d’un échantillon de 1.001 personnes selon la méthode des quotas.

Les Echos 08/06/2017