Synthèse hebdomadaire des publications des think tanks du 14 au 21 juin 2017

Ambassade de France à Washington

Think Tank Hebdo 

A LA UNE

France

L’Atlantic Council a tenu le 19 juin une conférence sur les débuts de la présidence Macron à laquelle a participé l’Ambassadeur français aux Etats-Unis, Gérard Araud. Selon lui, le résultat des élections législatives ont donné au président français un mandat fort pour mener des réformes économiques majeures. Selon Philippe Le Corre (Brookings), Les Républicains, dans leur nouveau rôle de parti d’opposition, risquent de tenir une ligne encore plus à droite face à un gouvernement qu’ils considèrent de centre-gauche. Pour l’auteur, le principal défi d’E. Macron est de « rassembler la société française » dans un pays qui a un besoin profond de réformes.

Judy Dempsey (Carnegie) estime que la victoire d’E. Macron va permettre à l’Union européenne de s’engager sur la voie de la réforme tout en mettant en lumière la résurgence de la « vieille Europe ». Selon elle, les politiques d’austérité ont permis à l’Espagne, l’Irlande, le Portugal et même la Grèce de reconstruire leur économie. Dans ce cadre, les membres historiques de l’UE souhaitent avoir leur mot à dire sur la direction à prendre pour l’Europe.

 Brexit

Alors que les négociations entre Londres et Bruxelles, différents think tanks (AEI, Carnegie, CATO) suivent le début du processus qui sera « lourd et long » selon Desmond Lachman (AEI), après un cycle électoral qui a affaibli la position britannique et renforcé l’Union européenne. Pour Pierre Vimont (Carnegie), les deux camps doivent sortir de « rhétorique de confrontation » pour adopter une approche plus constructive. L’auteur considère que la sévérité de l’UE à l’égard du Royaume-Uni n’est pas seulement due à une volonté de « punir », mais reflète une réelle inquiétude de la part de l’organisation dont le budget annuel se verra amputé de 10 milliard d’euros. Selon lui, il est nécessaire que les deux parties fassent des concessions mutuelles et réfléchissent à leur futur partenariat si elles veulent pouvoir mener correctement leur divorce.

Etats-Unis – Russie

                 Edward Fishman (Atlantic Council) détaille le projet de loi « monumental » déposé par le Sénat américain qui vise à renforcer les sanctions vis-à-vis de la Russie. Si celui-ci venait à être adopté, il permettrait de « renforcer substantiellement » le pouvoir de négociation des Occidentaux face à Moscou sur la question ukrainienne tout en envoyant un « message fort » après les interférences russes dans l’élection présidentielle américaine de 2016. E. Fishman souligne que le texte n’est pas parfait mais salue l’initiative du Sénat qui aura le mérite de clarifier la position des Etats-Unis. Stefen Pier (Brookings) considère que ce texte est une « remontrance » faite à D. Trump qui avait envisagé de lever les sanctions contre la Russie lors de sa campagne et qui ne semble toujours pas reconnaitre l’implication du Kremlin dans les dernières élections américaines. Eugene Rumer (Carnegie) revient sur la « rupture » qui s’est opérée entre Moscou et les Occidentaux depuis 2014. Il note que la nouvelle politique étrangère russe a été « fructueuse » notamment par le rôle que le pays a joué en Syrie, dans les élections occidentales ainsi que dans les divisions au sein de l’OTAN et de l’UE. Selon lui, cette nouvelle dynamique va dessiner le futur de la sécurité européenne et des relations entre la Maison Blanche, l’Europe et le Kremlin.

Syrie

De nombreux think tanks (Atlantic Council, Council on Foreign Relations, Middle East Institute, Heritage, Carnegie, Washington Institute for Near East Policy) se penchent sur la guerre civile syrienne de plus en plus marquée par la présence américaine. En effet, Charles Lister (Middle East Institute) remarque qu’un avion américain a, pour la première fois depuis 18 ans, abattu un appareil ennemi et constitue la 4ème frappe en un mois par les Etats-Unis contre le régime de Bachar al-Assad. Dans ce contexte, il note que l’est de la Syrie demeure au cœur d’une « compétition géopolitique à grande-échelle » entre d’un côté l’Iran, la Russie et le régime syrien et de l’autre, les Etats-Unis, la coalition internationale contre Daech et l’opposition syrienne. Selon lui, une présence américaine plus soutenue ne constituerait pas une erreur mais pourrait s’avérer « dangereuse » si la politique des Etats-Unis à l’égard de la Syrie demeurait ambiguë.

LE FOCUS DE LA SEMAINE : CUBA

Le président Donald Trump a annoncé, le 16 juin, un retour en arrière sur la politique d’ouverture entreprise par Barack Obama à l’égard de Cuba en 2014. Le think tank Council on Foreign Relations saisit l’occasion pour dresser un état des lieux des relations entre Washington et La Havane depuis la rupture des relations diplomatiques en 1959, marquées par « la méfiance et le conflit ».

Ashish Kumar de l’Atlantic Council s’alarme de la décision de Donald Trump qui aura des conséquences négatives non seulement pour les entreprises américaines ayant repris leurs activités sur l’île mais surtout pour les Cubains. Selon lui, revenir sur la politique menée ces dernières années constitue une « erreur » qui risque de relancer l’anti-américanisme lequel avait largement diminué. Si les Etats-Unis tournent le dos à Cuba, le pays se verrait forcer de se tourner vers de nouveau partenaires, notamment la Russie qui est prête à saisir cette opportunité. Pour Richard Feinberg et Ted Piccone de la Brookings et Mark Feierstein du CSIS, malgré le « ton ferme » adopté par D. Trump, la politique mise en place par B. Obama va rester en majeure partie intacte : les relations diplomatiques ne sont pas impactées et la possibilité de voyager n’est pas entièrement remise en cause. Il ne s’agit donc pas d’un complet retour en arrière même si les restrictions sur les transactions commerciales seront renforcées. Selon M. Feierstein, une politique trop sévère de la part de l’administration Trump pourrait servir les intérêts des partisans de la ligne dure du Parti Communiste cubain qui sont opposés à l’ouverture de leur pays. Ted Piccone (Brookings) déplore que ce soit la politique intérieure américaine et notamment les intérêts en Floride qui dictent la ligne de l’administration à l’égard de Cuba, le président Trump s’étant senti « obligé » de répondre aux demandes des partisans de l’embargo qui lui avaient apporté leur soutien lors de l’élection présidentielle.

A l’inverse, Elliott Abrams du Council on Foreign Relations félicite la prise de position de D. Trump face à la politique « désastreuse » et « ridicule » de son prédécesseur. Selon lui, les actions entreprises par B. Obama ont été un « échec », la situation des droits de l’Homme s’étant empiré sous son mandat. Roger Noriega (American Enterprise Institute) salue également une décision qui marque la fin d’une politique qui « favorisait » largement la dictature castriste et qui n’a produit aucun changement d’un point de vue économique ou politique. R. Noriega estime que les mesures prises sous l’administration Obama ont servis principalement les militaires qui contrôlent majoritairement l’industrie du tourisme, une affirmation infondée pour R. Feinberg.

PUBLICATIONS A SIGNALER

Center for a New American Security (15 juin 2017): The Future of Transatlantic Sanctions on Russia