Synthèse de la presse quotidienne
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France à Berlin
30 juin 2017
- Le rejet par Berlin de la demande du président turc Erdogan de tenir des meetings en marge du sommet du G20 en Allemagne la semaine prochaine fait les gros titres de la presse ce matin : « le gouvernement fédéral interdit les meetings publics d’Erdogan » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « interdiction de meeting pour Erdogan » (Süddeutsche Zeitung), « interdiction de meeting en Allemagne pour Erdogan » (Die Welt). Der Tagesspiegel indique qu’ « un attentat à la bombe a été évité à Kreuzberg », un quartier de la capitale allemande. Le tabloïd Bild comme la plupart des médias décrit le « chaos météorologique qui s’est abattu hier sur Berlin » et une partie de l’Allemagne. Le quotidien des affaires Handelsblatt publie une interview du gouverneur de la banque d’Angleterre Mark Carney, qui juge que la stabilité des marchés financiers est menacée par les dérèglements climatiques : « le risque financier du changement climatique ».
- Allemagne
Vote au Bundestag sur le mariage pour tous : « la fin provisoire de la coalition » (FAZ)
Les médias en ligne annoncent que le projet de loi sur le mariage pour tous a été adopté ce matin (en seconde lecture, la première lecture ayant eu lieu il y plus d’un an, rappelle Bild) à 393 voix contre 226, quatre députés conservateurs s’étant abstenus tandis que 75 d’entre eux (soit presque un quart du groupe CDU/CSU) votaient un projet de loi soutenu par le SPD, les Verts et Die Linke. La presse écrite, dans l’attente de ce vote, continuait ce matin à commenter la manière dont les sociaux-démocrates montent désormais ouvertement à l’offensive contre leur partenaire de coalition à trois mois des élections législatives. Lors du débat d’hier au Bundestag – dont c’était la dernière semaine de session – le SPD a « vivement critiqué la chancelière » et le président du groupe social-démocrate, Thomas Oppermann, a déclaré que « sur le plan parlementaire, la grande coalition est à présent finie », rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Les journaux s’intéressent également à la manière dont Angela Merkel a voulu désamorcer le débat qui s’annonçait sur le mariage pour tous (les partenaires de coalition potentiels de la CDU/CSU ayant tous fait de ce sujet une condition sine qua non d’une future alliance), en évoquant pour les députés conservateurs de la prochaine législature la possibilité de voter « en conscience ». « En concertation avec Horst Seehofer de la CSU, elle avait prévu de temporiser, mais elle n’a pas vu venir le ‘contre’ du SPD, qui avait respecté quatre années durant les termes du contrat de coalition et a tout d’un coup fait le forcing en s’alliant à l’opposition », analyse la Süddeutsche Zeitung. « Tout indique que la chancelière voulait juste court-circuiter un thème de campagne du SPD et qu’elle n’a pas pensé qu’un projet de loi prêt à être adopté dormait dans les tiroirs du Bundestag », ajoute la Berliner Zeitung. Le fait qu’Angela Merkel ait décrété que les députés conservateurs pourraient voter « en conscience » sur ce sujet éthique est mal accueilli par la presse de centre-gauche, surtout après de longues années de blocage parlementaire sur ce thème : « on a l’impression qu’elle délivre une autorisation – l’autorisation de s’affranchir de la discipline de parti ? du clientélisme ? La Loi fondamentale stipule que les députés votent en conscience et librement, c’est triste de voir à quel point cela ne semble plus évident », critique le Tagesspiegel.
- Europe
Italie / crise migratoire
La presse se montre compréhensive face à la menace de l’Italie de fermer ses ports aux navires recueillant des migrants en Méditerranée, pour cause de saturation des capacités d’accueil et de manque de solidarité de l’Union européenne. « Même en tenant compte de la situation difficile en Libye, on ne peut se défaire de l’impression que l’UE est loin d’en avoir fait assez », commente la FAZ. « Cette menace exprime le désarroi et l’impuissance d’un pays qui se sent abandonné à son sort. On ne peut pas parler de solidarité ni de répartition équitable des charges », considère le Handelsblatt, qui rappelle que l’engagement à améliorer les conditions de vie en Afrique n’a d’effet qu’à moyen terme et que « cela ne change rien au drame actuel. Cette fois on ne peut pas critiquer l’Italie. Le manque de solidarité donne une piètre image de l’UE ». « Même si cet ultimatum ne va rien régler, il est compréhensible, il est légitime que l’Italie veuille enfin faire appliquer la communautarisation de l’accueil des migrants », juge également le quotidien alternatif tageszeitung. Plusieurs quotidiens jugent à ce propos que lors de la conférence de presse de la réunion préparatoire au G20 hier à Berlin, le Premier ministre italien et le président de la République « se sont livrés à une petite passe d’armes sur la politique migratoire » (FAZ).
- International
Réunion préparatoire du G20 à Berlin : « les Européens font bloc derrière Merkel » (FAZ)
La presse publie des comptes rendus détaillés de la conférence de presse à l’issue de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement français, italien, britannique, espagnol, néerlandais et norvégien ainsi que des dirigeants de l’UE à l’invitation de la chancelière allemande visant à consolider les positions européennes avant le G20 à Hambourg en fin de semaine prochaine. Les articles, illustrés de photos d’Angela Merkel accueillant Emmanuel Macron, mettent en exergue la volonté commune de Berlin et Paris de « ne pas isoler le président américain » (Handelsblatt) lors de ce sommet. « La chancelière se livre à un exercice d’équilibre », notent les grands journaux compte tenu de la volonté d’Angela Merkel de ne rien céder sur la lutte contre le réchauffement climatique sans ostraciser pour autant Donald Trump. La presse relève toutefois le ton particulièrement « peu diplomatique » employé par Angela Merkel pour « défendre le libre-échange, la protection climatique et le multilatéralisme » (Die Welt).
« Interdiction de meeting pour Erdogan en Allemagne » (Die Welt)
A l’exception de la Berliner Zeitung et du Kölner Stadt-Anzeiger, qui mettent en garde contre une décision « contre-productive » risquant d’exacerber les tensions, les quotidiens approuvent la fin de non-recevoir ferme et rapide opposée par le gouvernement allemand à la demande du président turc de s’adresser publiquement à la communauté turque en marge du G20 de Hambourg. « Trop c’est trop, le gouvernement fédéral a eu une patience d’ange avec Erdogan et a supporté les insultes, les meetings de propagande, l’obstruction d’Ankara à la visite de députés allemands aux soldats de la Bundeswehr stationnés à la frontière turque et à l’accompagnement consulaire pour les journalistes allemands emprisonnés en Turquie, tout cela dans l’espoir qu’il finirait par revenir à la raison », s’échauffe la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Die Welt – dont le correspondant en Turquie est emprisonné arbitrairement depuis des mois – s’indigne de cette « provocation » du président turc « voulant visiblement ouvrir les commémorations de sa victoire sur la tentative de putsch par un grand meeting en Allemagne : cela fera aussi un an que de nombreuses libertés individuelles ont été supprimées en Turquie », martèle le journal. La Süddeutsche Zeitung est aussi sévère : « il convenait absolument d’interdire ce meeting tant pour des raisons politiques que juridiques, une autorisation du gouvernement aurait signifié un abandon de souveraineté au profit d’un ravisseur de liberté et kidnappeur », juge le quotidien de Munich./.