«En Europe, les managers se disent plus engagés pour leur entreprise que les autres salariés»

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INTERVIEW – Hervé Amar, président du cabinet de conseil Ayming, explique pourquoi les managers européens sont moins sujets à l’absentéisme que les salariés de l’Union européenne.

LE FIGARO. – Les managers sont-ils des salariés comme les autres?

Hervé AMAR. – D’après notre enquête, les managers européens sont plus heureux au travail (86 % d’entre eux le sont) que les autres salariés (74 %). Ils s’absentent un peu moins. Et surtout, lorsqu’ils prennent des arrêts, c’est à 74 % pour des raisons de santé personnelles plutôt que pour des causes liées au travail (démotivation, stress, usure). Chez les salariés européens, les raisons médicales strictement personnelles ne motivent que 45 % des cas d’absence. Au final, les managers (71 %) se disent plus engagés pour leur entreprise que les autres salariés (48 %). Ces résultats s’expliquent. L’engagement repose sur trois piliers: le contenu et l’intérêt du travail, la qualité des relations en entreprise et la reconnaissance. Dans un poste de management, ces facteurs sont mieux respectés.

«D’après notre enquête, lorsque l’implication des salariés augmente, dans 56 % des cas, des plans d’action ad hoc ont été mis en place par la société.»

En quoi leur rôle est-il crucial?

Ils sont dans une position intermédiaire entre les employés et la direction. S’ils s’approprient les démarches mises en place par l’entreprise pour favoriser l’implication des salariés, celles-ci seront plus efficaces. Ainsi, d’après notre enquête, lorsque l’implication des salariés augmente, dans 56 % des cas, des plans d’action ad hoc avaient été mis en place par la société et dans 38 % des cas les managers avaient pris eux-mêmes des initiatives en ce sens. Mais cela ne fonctionne que si la direction a un projet affiché d’innovation managériale et si les managers sont soutenus, formés et outillés pour le mettre en œuvre. Trop peu d’entreprises ont pris conscience que cet enjeu est stratégique pour leurs performances.

Les managers français se distinguent-ils des européens?

Peu. 72 % d’entre eux ont été présents toute l’année, contre 66 % des managers européens. Et les taux de satisfaction sont équivalents. C’est le Royaume-Uni qui se distingue du reste de l’Europe, avec des managers qui se déclarent moins mobilisés et des salariés dont la motivation est beaucoup plus dépendante du salaire. Les pratiques managériales sont harmonisées en Europe: entretiens réguliers avec les collaborateurs, communication sur les règles d’absence, animation de moments partagés, implication des collaborateurs dans l’organisation quotidienne de l’activité. C’est normal, les règles de management se sont mondialisées. On note seulement que les managers français recadrent un peu plus les écarts de comportement: 78 % d’entre eux le font, contre 60 % de leurs homologues européens et 31 % des Allemands.

Le Figaro 07/09/2017